Au Mali, la problématique de la décentralisation a toujours été au cœur des sujets d’actualité. Pour cause : si l’État joue pleinement son rôle de tutelle, on constatera que les autorités communales dérapent. Et quand celles-ci accomplissent leurs missions, l’État accomplira sa mission régalienne. Des défaillances qui ne manquent pas d’impacts sur la vie des citoyens maliens et qui se trouvent à l’origine de plusieurs problèmes, dont les conflits fonciers. Problématique qui explique la réaction des jeunes du collectif pour le développement de Djicoroni para, qui ont décidé ce samedi 23 mars 2019, de prendre leur responsabilité en main avec l’entame des travaux de récupération des espaces sportifs du quartier.
Le samedi dernier, les jeunes du collectif pour le développement de Djicoroni Para ont décidé de prendre leur responsabilité en main en procédant à la première récupération de leur terrain de foot qui se trouve à côté de la station « Shell » faisant face au goudron qui mène à Sébénicoro, juste après avoir dépassé le marché dudit quartier. Pour ce faire, les jeunes sont sortis nombreux pour ébaucher ces premiers travaux tôt le matin. Certes les travaux ont duré plus de quatre heures de temps, mais l’objectif ciblé a pu être atteint par les jeunes en dépit de l’intervention de la police et des sapeurs-pompiers. Munis de tam-tams et accompagnés de certaines femmes, les jeunes ont entamé des travaux qui ont été ralentis à cause d’un certain Diah Keita, mécanicien et occupant du terrain. Celui-ci n’avait pas récupéré ses matériels et s’opposait également à tout recensement de matériels par l’huissier que les jeunes avaient coopté pour le constat des biens d’autrui. Sous la pression de la jeunesse, le hangar et les outils de M. Keita ont pu être déguerpis tout comme ceux appartenant à tous ceux qui n’avaient pas pris la sommation des jeunes au sérieux.
Interrogé sur le sujet, M. Tangara n’a pas manqué à faire savoir : « Nous sommes là aujourd’hui dans le cadre de l’exécution de la mission du collectif pour le développement de Djicoroni Para. Un combat qui consiste à récupérer tous les espaces appartenant à la jeunesse du quartier. Pour ce combat, nous avons formé avec les membres de la chefferie traditionnelle, de la Cafo, du CNJI et d’autres regroupements et associations ce collectif. Nous avons constaté que les jeunes n’ont plus d’espace pour jouer. Si nous restons comme ça sans rien faire, les générations qui viennent derrière nous n’aurons rien comme terrain de foot ou de basket ». Dans son intervention, ce dernier confiait aussi qu’après le terrain, les jeunes se dirigeraient automatiquement vers l’espace public prévu pour la construction de la mosquée qui se trouve illicitement occupé.
Sans détour, Tangara a fini par formuler des conseils à l’adresse des autorités du pays. Il les invite à ne pas prendre l’argent des gens au détriment du peuple et de faire éminemment attention aux problèmes fonciers qui peuvent être source de conflits que personne ne saurait maitriser.
Le jeune docteur Kamissoko n’a pas caché son intention : « ça fait longtemps que les autorités nous exproprient de nos espaces. On s’adressait au départ à la mairie qui nous montrait des espaces. Ces problèmes ont commencé en 2009. Les espaces qui nous ont été montrés par la mairie ont été malheureusement récupérés par des gens qui venaient avec des documents. Donc on a été chassé partout où on est allé. On a été dans des tribunaux à cause de ce même problème de terrain. Nous sommes des jeunes conscients qui organisons des coupes inter quartiers et des concours interclasses chaque année sans le frais de la mairie. Depuis 2009 à nos jours, les jeunes n’ont pas de terrain digne de ce nom pour les sports. Donc nous demandons à la mairie de la commune IV de cesser de faire ces pratiques ». Pour finir, il explique que la lutte ne s’arrêtera pas à cette récupération d’espaces des jeunes.