Après Le Journal d’une vie brisée, Aïchatoun Amadou Touré, revient avec un autre roman intitulé Au-delà des Tabous. Un livre qui lève le voile sur maintes pratiques dans nos sociétés considérées comme des tabous. Au-delà des Tabous est un tapuscrit tribunal de certaines valeurs sociétales appelées à être révolues. Sans phare, avec des personnages bien inspirés, l’autrice dénonce. Lisez l’interview !
Le Pays : Pourquoi le titre Au-delà des tabous ?
Aïchatoun Amadou Touré : Au-delà des tabous parce que le livre traite des thématiques dont souvent nous avons peur d’aborder dans une société comme la nôtre. Il s’agit des thématiques telles que la débauche sexuelle, la vulgarité dans les langages. En parcourant le livre, on croise facilement des personnages qui ne croient ni aux us ni aux traditions et qui ne s’interdisent rien.
Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ce livre ?
Ce présent livre est une histoire qui existe dans ma tête depuis bien longtemps. L’histoire a certes pris une tournure différente de celle que je prévoyais, c’est-à-dire des nouveaux personnages ont fait leur entrée, et ils sont venus avec leurs propres histoires et leurs propres lois. Différents les uns des autres, ces personnages ont chacun une histoire à partager, une vérité à faire découvrir, un message à passer, quelque chose à dénoncer, moi n’étant que celle qu’ils ont choisi pour être connu du monde réel, j’écris leur histoire.
Peut-on savoir pourquoi dans la deuxième partie du livre, Le Choc, vous utilisez la première personne laissant comprendre qu’il s’agirait d’un roman autobiographique et du coup vous changez de personne dans le reste du tapuscrit. Au lieu de moi, vous utilisez Anna ?
En fait, cette partie concerne directement le personnage principal. C’est vrai que c’est pareil pour les autres parties, mais dans le chapitre le Choc, Anna parle des malheurs qu’avait vécus sa mère. Qui de mieux qu’elle pour parler de sa mère ? Je lui ai donc prêtée ma plume pour raconter elle-même le choc.
Au-delà des tabous est un livre tribunal de certaines pratiques de la société malienne notamment la prostitution juvénile, les superstitions, les violences faites aux femmes, la problématique des enfants hors mariage, etc. Pouvez-vous nous laisser comprendre votre position par rapport à la superstition existant entre dogon et bozo au Mali ?
Au-delà des tabous est exactement tout ça. Beaucoup de sujets considérés comme tabous ou qui sont tabous même, que sais-je, s’y retrouvent.
En ce qui concerne ma position par rapport à cette histoire qui est racontée entre mes petits fils les Dogons (plaisanteries de cousinage) et les Bozo, moi je pense surtout que si les anciens interdisent quelque chose c’est qu’ils ont leurs raisons. C’est vrai, les temps changent et il faut évoluer avec, mais sans oublier nos racines.
Anna, héroïne de votre roman souffrant d’un cancer, nous fait penser à Anna O de Sigmund Freud et qui souffrait également d’une hystérie, une maladie psychologique due à la mort de son père. Pouvons-nous nous permettre de faire ce rapprochement entre votre Anna et celle de Freud vu que vous évoquez ce dernier dans ce livre ?
J’avoue que c’est une pure coïncidence. Je ne connaissais pas Anna 0, mais je crois que je vais essayer de retrouver ce livre pour le lire pour faire aussi le rapprochement.
La citation de Freud que j’ai utilisée est en fait, une que j’aime beaucoup et qui correspond exactement au chapitre dans lequel il est utilisé : la vie est si fragile…
Ce livre nous laisse sur notre faim. Combien de tomes prévoyez-vous ? Quel sera finalement le sort d’Anna ?
Au-delà des tabous est une trilogie. Le premier tome vient d’être lancé et les deux autres suivront bientôt (si Dieu le veut).
Le sort d’Anna…en fait Anna…Je préfère vous le laisser découvrir dans les deux prochains tomes (rires)
Votre dernier mot.
Merci aux lecteurs grâce à qui mes personnages existent, car ils ne prennent vie que lorsque leur histoire est lue. C’est grâce à vous qu’ils sont en vie mes personnages, alors maintenez les en vie, retenez la petite Anna entre le monde des vivants…
Je remercie beaucoup le journal Le Pays pour l’intérêt qu’il accorde à ma modeste personne et à mon modeste livre.