Après avoir salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, Antonio Guterres a déploré la dégradation des conditions de sécurité comme en témoigne l’augmentation du
nombre d’attaques terroristes visant les forces nationales et internationales ainsi que la population civile depuis 2016
En application du paragraphe six de la résolution 2423 (2018) du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, vient de rendre public son rapport trimestriel sur l’état de la mise en œuvre des mesures visées au paragraphe quatre de ladite résolution et des critères établis dans le cadre du Pacte pour la paix. Sur l’évaluation globale des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le rapport a noté des progrès depuis l’élection présidentielle tenue en juillet et août 2018. Globalement, il a été établi que le processus de paix a bénéficié d’un regain d’attention de la part des parties et la confiance s’est renforcée entre les signataires.
Pour le secrétaire général de l’ONU, le référendum national sur la modification de la Constitution est considéré comme un jalon incontournable sur la voie des grandes réformes institutionnelles et administratives.
Il a rappelé que le gouvernement a créé un Comité d’experts sur la réforme constitutionnelle et nommé ses 11 membres, dont 2 femmes. Ce Comité est chargé d’élaborer le projet de loi portant révision de la Constitution, en s’appuyant sur les propositions pertinentes formulées par le passé.
De même, M. Guterres a estimé que le lancement du processus accéléré de Désarmement, de Démobilisation, de Réintégration (DDR) et d’intégration à Gao, Kidal et Tombouctou, effectué le 6 novembre 2018, a constitué une première phase importante du processus général de réforme du secteur de la sécurité.
Il devrait, selon lui, permettre aux membres éligibles du personnel du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) qui se sont inscrits et qui ont déposé les armes d’intégrer l’armée nationale.
Toutefois, a tempéré le patron des Nations unies, le processus de DDR et d’intégration ne peut réussir en l’absence de progrès substantiels dans la mise en œuvre des autres mesures clefs de l’Accord et de la réforme du secteur de la sécurité. Il a aussi déploré que malgré l’importance des initiatives prises au niveau international, les conditions de sécurité ont continué de se dégrader, ainsi qu’en témoigne l’augmentation du nombre d’attaques terroristes visant les forces nationales et internationales, la MINUSMA et la population civile depuis 2016 (183 attaques en 2016, 226 en 2017 et 237 en 2018).
«La menace, qui continue de se propager du Nord vers le Centre du Mali, détourne l’attention de l’Accord et en complique la mise en œuvre. Avec l’expansion des groupes extrémistes, qui exacerbe les violences intercommunautaires, la multiplication des explosions touchant les forces de sécurité et les civils et l’accroissement du nombre de personnes déplacées, la situation en matière de sécurité devient plus complexe dans le Centre du Mali», a-t-il souligné. Selon M. Guterres, la tenue de l’élection présidentielle dans les délais prévus par la Constitution a été considérée par les observateurs électoraux comme une étape importante vers la stabilisation du pays. De même, il a noté un progrès dans le processus de décentralisation.
Néanmoins, il a fait savoir que si des mesures importantes ont été prises pour fixer le cadre législatif de la décentralisation, la mise place de ce cadre reste subordonnée à une révision de la Constitution, à l’élection des membres des collectivités locales et au transfert de l’autorité et des ressources nécessaires aux administrations concernées comme prévu dans l’Accord.
Il a aussi indiqué que toutes les administrations régionales intérimaires sont désormais opérationnelles et s’attachent à fournir aux populations certains services de base, par exemple en entreprenant la réalisation d’un centre de santé à Ménaka, ainsi que 9 écoles primaires et 24 forages dans la région de Taoudéni.
Par ailleurs, le patron de l’ONU a signalé des avancées importantes dans les opérations de cantonnement et de DDR, ainsi qu’une réforme consensuelle et sans exclusive du secteur de la sécurité.
Ainsi, entre le 6 et le 30 novembre, 1423 ex-combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme, ainsi que des ex-combattants des groupes armés non signataires mais respectant l’Accord, ont été désarmés, démobilisés, enregistrés et notamment soumis à des contrôles de sécurité et d’antécédents en matière de violations des droits de l’Homme. Ces opérations se sont déroulées à Gao, Tombouctou et Kidal.