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MAH KOUYATÉ N°1 : « La jeunesse ne s’intéresse plus à la culture malienne »
Publié le vendredi 29 mars 2019  |  Le Pays
Inauguration
© aBamako.com par Momo
Inauguration du « Energy Care Center
Bamako, le 25 la première Dame Mme Keita Aminat Maiga a Inauguré le centre « Energy Care Center » a Ouenzinbougou dans la commune rurale du Mande
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Dans l’optique de faire découvrir la culture malienne et de faire un rapprochement entre le citoyen et ses valeurs culturelles, nous sommes allés cette semaine à la rencontre d’une doyenne, d’une pionnière de cette culture malienne, Mah Kouyaté N°1 ou SamayaDjeli (la griotte de samaya).

Mah Kouyaté N°1 institutrice à Bougouni en 1972, puis à Sikasso en 1976, devenue par la suite technicienne des arts et une griotte souche de renommé international est le pur produit des semaines culturelles de la jeunesse organisées sous le régime du président Modibo Keïta. Cette grande cantatrice a fait plusieurs formations nationales notamment l’ensemble instrumental du Mali, le Badema National et le Ballet National du Mali où elle a pris sa retraite étant directrice de cette formation. Son expérience et sa maîtrise lui ont permis d’exporter la culture malienne à travers le monde, avec une riche carrière. SamayaDjeli compte plusieurs albums sur le marché discographique malien. Lisez l’interview !

LE PAYS : Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique ?

Dans le temps, on commençait par le mouvement des pionniers, à partir des mouvements de pionniers on faisait les semaines inter-quartiers, après les inter-quartiers on sélectionnait les meilleures pour faire la semaine régionale et après c’était la semaine de la jeunesse du Mali. C’était au temps du président SEM Modibo Keita. Juste après Modibo Keita, au lieu de semaine de la jeunesse, ça s’est traduit en biennale artistique, mais c’était les mêmes sélections. Quand Moussa Traoré est venu au pouvoir quelques années après 1972, j’ai arrêté les activités culturelles, car j’avais décroché mon diplôme d’étude fondamentale (D.E.F). J’ai été maîtresse de premier cycle d’abord à Bougouni de 1972 à 1975. De 1975 à 1976, j’ai été maîtresse de second cycle après le CAP. Après Bougouni, j’ai été à Sikasso, c’est de là que j’ai obtenu mon détachement auprès du Ministère de la Culture. On m’a muté à l’ensemble instrumental du Mali où j’ai fait 10 ans. Durant ce temps, j’ai effectué plein de tournées au Mali, au Niger, en Guinée Conakry et tant d’autres. À partir de l’ensemble instrumental du Mali, j’ai créé mon groupe « Samaya Band » en hommage à mon village natal qui est Samaya. Avec ce groupe, nous avons sillonné le monde : Brazzaville, Gabon, États-Unis, la France, etc. En 1986 on m’a affecté au Badema National qui est un groupe moderne sous la houlette de mon mari feu Arouna Barry. Ensuite on m’a muté au Ballet National du Mali et après le décès de Zani, on m’a nommée Directrice des Ballets maliens jusqu’à ma retraite et actuellement je suis en contrat avec le Palais de la Culture où je travaille avec le Directeur du Ballet National, Dramane Sidibé.



Vous avez vécu la culture malienne sous les différentes républiques, quel est votre constat ?

Je crois que les formations sous le régime du président Modibo Keïta et même au temps du président Moussa Traoré tournaient bien. À chaque fois qu’un président venait au Mali, c’était l’ensemble instrumental et les ballets maliens qui animaient les soirées au palais présidentiel. Les formations étaient toujours en tournées. Si l’ensemble instrumental était en tournée au Mali, le ballet l’était en dehors du pays et vice-versa. Sous ces régimes, les ballets maliens ont fait plein de voyages globalement l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Cette formation a eu des discernements honorifiques à l’international et plusieurs personnes se sont succédé à la tête du Ballet National du Mali. Le premier Directeur était Mamadou Badian Kouyaté après KardjiguéLaïco Traoré, N’tji Diakité, Moussa Maïga, Racine, Habib Dembélé, Zani Diabaté. Le parcours des Ballets maliens est tellement long qu’on ne peut pas parler de tout, mais à l’avènement de la démocratie les formations n’ont plus vu le jour. Quant à l’ensemble instrumental, ça va parce qu’il n’y a pas d’ensemble instrumental privé au Mali. En ce qui concerne les ballets, nous comptons pleins de privés et c’est la raison pour laquelle les ballets maliens sortent rarement. Ils sont là, mais sont enfermés. Si l’on demande à d’autres, les ballets maliens n’existent plus alors que ce n’est pas le cas.

La jeunesse malienne ne connaît pas le ballet National. Pourriez-vous nous en donner des explications ?

L’enfant malien ne sait pas danser, c’est-à-dire nos danses traditionnelles. La jeunesse ne s’intéresse plus à la culture malienne. Les jeunes ne connaissent pas le Ballet. C’est pourquoi, des fois lorsque l’on le Ballet fait des productions s’ils ne confondent pas le Ballet à une troupe Guinéenne, ils diront que c’est une autre formation. Donc c’est la direction culturelle qui doit des contrats pour les formations enfin de parer la situation que ces dernières vivent actuellement.

Étant une doyenne de la culture malienne, quels sont vos conseils à l’endroit de la nouvelle génération ?

Nous conseillons à la nouvelle génération de s’intéresser à leur culture, car la culture malienne est très riche et variée. Si nous partons de Kayes à Kidal, dans la sous-région, le Mali est au-dessus sur le plan culturel avec des diversités inégalables, mais le jeune malien rejette sa culture. Il y’a une défaillance totale de la jeunesse. L’enfant est attiré par d’autres cultures venant d’ailleurs, tu lui demandes de citer le nom d’un chanteur zaïrois, nigérian, ivoirien, Américain, c’est automatique, mais demande-lui qu’est-ce que c’est que le Sunu, le Gomba, mais il ne pourra pas te répondre et ça c’est très grave.

Votre mot de fin

Je demande au département et à la direction de prendre soin des formations nationales, de ne pas les laisser fermer. Qu’il fasse tout pour les chercher des contrats. Actuellement il y’a plusieurs festivals, mais malheureusement les formations n’y participent pas. Dans les festivals, on ne voit que les formations privées. Il ne faut pas qu’on prive les formations nationales au profit des privées.

Réalisée par

Ibrahim Sidibé, stagiaire
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