Alors que le Canada a annoncé qu'il ne poursuivra pas sa mission au Mali, le premier ministre de ce pays en proie à des violences demande au Conseil de sécurité de l'ONU de conserver sa mission de maintien de la paix, qui mobilise plus de 14 000 Casques bleus.
Si la ministre canadienne Chrystia Freeland n’a pas donné de raisons pour expliquer cette décision, les États-Unis, de leur côté, ont fait part de leurs réserves quant au maintien de la mission MINUSMA de l’ONU, s’opposant ainsi à l’avis de la France et de la Russie.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi, le sous-secrétaire d'État américain aux Affaires politiques, David Hale, n’a pas caché sa déception « devant le manque de progrès significatifs » dans la mise en oeuvre de l'accord de paix de 2015. Il a appelé à une réévaluation de la mission de maintien de la paix.
M. Hale estime que la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l'accord de paix a affecté la capacité de la mission de maintien de la paix à mener à bien ses mandats.
Dans la perspective du renouvellement du mandat de la mission de l’ONU en juin, « nous demandons au secrétaire général des options pour adapter le mandat de la MINUSMA » si la situation ne s'améliore pas, a-t-il dit.
Selon l'ONU, des retards ont été pris dans la réforme constitutionnelle, prévue dans l'accord de paix pour créer un Sénat, une Cour des comptes et inscrire la décentralisation dans la Constitution. Le déploiement de services administratifs et de forces de sécurité dans le nord accuse aussi du retard.
La France a sa propre force au Mali pour lutter contre les extrémistes, mais le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré au Conseil que la MINUSMA était « la seule présence internationale » capable de soutenir le gouvernement malien.
Dangers en cas de retrait
Pour le premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga, le retrait des Casques bleus pourrait renforcer les militants islamistes et mettre en danger le processus de paix fragile qui a été entamé.
Le premier ministre a insisté sur le fait que pour la première fois depuis la signature de l’accord de paix de 2015, il y a eu « des progrès significatifs », ce qui atteste la nécessité de la poursuite de la mission MINUSMA.
Aujourd'hui, la MINUSMA fournit des services essentiels aux personnes fragiles et aide à la reconstruction de l'État malien. Elle joue un rôle clé dans la stabilisation du pays.
Soumeylou Boubeye Maïga, premier ministre du Mali
Réduire les effectifs de la mission « aura des conséquences extrêmement négatives sur la situation économique, ce qui conduira au renforcement des groupes terroristes et à une nouvelle aggravation de la situation », a averti M. Maïga.
« Les initiatives pour réduire le budget ou reconfigurer le mandat » de la MINUSMA « risquent de remettre en cause des acquis fragiles », a-t-il averti, en réclamant au contraire un « renforcement des capacités » de la force de l'ONU.