Le Chef d’état-major de Danna Amassagou ne fléchit pas. Il vient de faire sa 2e sortie médiatique depuis l’annonce de la dissolution de son mouvement par le conseil des ministres extraordinaire. Comme dans le 1er, dans ce 2e message vocal de 17 minutes publié le vendredi dernier, Youssouf Toloba affirme qu’ils ne déposeront pas les armes. Il révèle avoir libéré beaucoup de préfets dans la région.
Les réactions sur la dissolution de Danna Amassagou continuent leur petit bonhomme de chemin. Son leader, silencieux auparavant, a fait sa deuxième sortie médiatique en l’espace d’une semaine. Sa position est catégorique : « Pas question de désarmer les chasseurs par force ». À la différence du 1er vocal dans lequel il n’a répondu qu’au gouvernement suite à la décision de dissolution de son seul mouvement, dans cette sortie, il appelle ses camarades chasseurs à la résistance. À l’État, il suggère d’engager le dialogue entre tous les groupes. « Je parle au nom des chasseurs d’ici Tenenkou , Youwarou, Djénné, Douentza, Koro, Bankass, Bandiagara …Nous allons sauver la dignité de notre pays sauf si nous mourons » ,dit-il dans son message vocal en Bamanankan avant de réitérer son opposition à la décision du gouvernement concernant la dissolution de son mouvement.
Cette fois-ci, il dit clairement que l’État a perdu le contrôle de la région de Mopti. Ce qui a, selon lui, causé l’absence de l’administration. « Demandez-les si ce sont les chasseurs qui ont chassé l’administration dans les zones où elle n’existe pas. Que les autorités disent ce que les chasseurs leur ont empêché de faire », dit-il dans son message vocal avant d’affirmer qu’à cause de l’insécurité, rares sont les préfets, sous-préfets, maires, qui dorment- chez eux.
À en croire au 1er responsable de la milice dissoute le 24 mars par le gouvernement, lui et ses hommes ont sauvé plusieurs administrateurs dans cette zone devenue rouge depuis près de deux ans. « Que d’ici (vendredi 29 mars 2019) lundi 1er avril 2019, les préfets de la région de Mopti disent si ce sont les chasseurs qui attaquent », déclare Youssouf Toloba avant de révéler : « Nous avons sauvé plusieurs préfets ».
Très frustré contre le gouvernement, Toloba pointe du doigt la faillite de ce dernier. Il affirme que l’absence de l’administration, la fermeture de l’école …ne sont pas la faute aux chasseurs, mais de l’État.
Le chef d’état-major de Danna Amassagou estime que seul le dialogue pourra résoudre ce conflit. Il invite toutes les communautés à se déclarer contre la guerre. « Que les Bozos, Bamanans, Bobos, Maraka , Peul, Dafing, Dogons …toutes les personnes de bonnes volontés qui ne sont pas pour la guerre se déclarent », martèle-t-il. Aussi, a-t-il invité l’État à ne pas radicaliser, car, dit-il, si l’État les combat sous leur identité en tenue de chasseurs, ils vont changer cet habillement pour un autre et ça serait très grave. Il affirme que lors du dialogue engagé l’année dernière, eux, les chasseurs, étaient présents, mais les « hommes armés (terroristes » n’y étaient pas.
Les chasseurs ne combattront pas les militaires
Youssouf Toloba dément l’information selon laquelle il menaçait de combattre les militaires. « Je n’ai pas dit que je vais combattre l’État, car je sais que c’est nous l’État… Nous n’allons pas combattre les militaires puisque ce sont nos enfants, nos pères, frères … », a-t-il précisé avant d’inviter ceux-ci à s’ajouter aux chasseurs pour combattre les forces du mal.
Youssouf Toloba instruit à ses hommes de combattre les « groupes armés »
D’un ton clair, le chef d’état-major de Danna Amassagou affirme qu’en dehors des FAMAs, ils vont combattre tous les détenteurs des armes dans cette zone. C’est d’ailleurs ce qu’il a instruit à ses hommes.
Boureima Guindo