Depuis plus d’un mois, le peuple algérien a pris son destin en mains pour barrer la route au Président Abdoul Aziz Bouteflika pour un cinquième mandat, et tourner la page du Front de Libération National (FLN) qui règne dans le pays de Boumediene depuis l’indépendance, en 1962. Le peuple est tellement déterminé qu’on a l’impression qu’il veut réaliser le printemps arabe algérien. Ce changement n’aura-t-il pas des conséquences dans la crise malienne, surtout quand on sait le rôle que joue l’Algérie ?
L’Algérie est la deuxième grande voisine du Mali, après la Mauritanie, avec plus de 1000 KM de frontière communes. Elle est également au cœur de la crise qui sévit au nord du Mali, si elle n’est pas d’ailleurs la base arrière des irrédentistes Touaregs. Médiatrice entre l’Etat Malien et les Rebelles Touaregs depuis 1986, c’est sous l’égide de l’Algérie que tous les Accords, pour mettre fin aux différentes rebellions cycliques, ont été signés. Donc, quand la grande voisine s’enrhumera, le Mali toussera.
Et pourtant, ce qui se passe en Algérie ressemble à une crise profonde qui touche aux fondamentaux même du pays. Cette fois-ci, le peuple algérien semble trouver une occasion idoine de balayer le régime unique de fait, après l’échec du Front Islamique du Salut, FIS dans les années 90, pour mettre fin au règne des généraux. Le peuple algérien, pour enfin réaliser son printemps arabe, veut mettre le compteur à zéro, ce qui aurait des incidences négatives sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Car les hommes chargés d’accompagner ce processus étant du régime Bouteflika, le départ de ce dernier entrainerait celui de tous ses hommes.
Le Mali victime collatérale de la crise algérienne
Au-delà du voisinage et de l’aspect sécuritaire, la chute du régime actuel en Algérie aura des conséquences pour le Mali, à cause du lien historique que les tenants du pouvoir actuel ont eu avec le pays et surtout de sa forte implication dans la recherche de solution pour la paix.
Pour rappel, Bouteflika et tous les autres combattants de la guerre de libération qui a opposé la France à ce pays, ont des attaches avec le Mali. En effet, les vétérans de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie ont souvent utilisé le Mali comme base-arrière pour lutter contre l’envahisseur blanc. Ils ont également bénéficié du soutien multiforme des autorités maliennes dans leur lutte. Ainsi, par reconnaissance aux efforts fournis par le Mali, l’Algérie du FLN sera toujours aux côtés du peuple malien.
Donc, un changement de régime et surtout d’hommes pourrait avoir comme conséquences le retard dans l’application de l’Accord. Et, si les islamistes venaient à conquérir le pouvoir, il y aura une exacerbation de la crise liée au terrorisme.
En somme, sans ingérence dans les affaires internes de l’Algérie, le Mali suit avec grand intérêt l’évolution de la situation politique dans le pays de Bouteflika, parce que du dénouement heureux de cette crise, dépendra la paix et la sécurité au Mali.