Les massacres en masse perpétrés, le 23 mars dernier, à Ogossagou et qui ont provoqué la mort de 174 morts et de nombreux blessés, continuent de provoquer un tollé général à travers le monde. De Dakar à Moscou, en passant par Paris et Addis Abeba et New-York, des dirigeants, organisations et simples citoyens, expriment leur colère. Place aux réactions.
Au Sénégal, le Chef de l’Etat, Macky Sall, a réagi, via les réseaux sociaux, sur son compte officiel sur Twitter, Macky Sall dit condamner « avec la plus grande fermeté la tuerie au Mali qui a ôté la vie à plus de 130 civils » avant d’associer à ses prières le peuple malien.
Autre condamnation, celle de la France, qui à travers un communique de son ministère des affaires étrangères, condamne avec la dernière rigueur ces violences qui ont causé la mort de plus de 174 personnes (civils) à Ogossagou et recommande de tout mettre en œuvre pour faire sortir le pays du gouffre.
En outre, elle salue la décision du gouvernement malien de dissoudre « les milices » qui sont à la base de ces massacres dans la région de Mopti. En conséquence, elles doivent être démilitarisées pour favoriser le vivre en harmonie dans ces zones.
La France appelle les autorités compétentes à mettre le paquet dans le but d’enquêter sur les acteurs de ces violences et de les poursuivre devant les juridictions compétentes.
Aussi, la France, va continuer à soutenir les concertations pointant à assurer la protection des populations tout en créant des conditions d’une réconciliation nationale qui reste une nécessité au centre du pays, précise le communiqué.
A Moscou on condamne résolument le crime contre la population civile au Mali, « nous appelons les maliens à renoncer à la violence, à surmonter les problèmes intercommunautaires exclusivement par la voie pacifique. Nous exprimons l’espoir que les évènements tragiques, qui ont eu lieu, ne vont pas affecter l’avancement de la société malienne vers la paix et la réconciliation nationale », souligne un communiqué du ministère russe des affaires étrangères.
Quant à la Procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, elle a vivement réagi, aux tueries du village peul d’Ogossagou dans le cercle de Bankass. Elle déclare » condamner fermement ces crimes « et appeler » toutes les parties concernées à s’abstenir de recourir à la violence «.Elle annonce aussi l’envoi immédiat d’une mission d’enquête et menace de poursuivre tous ceux qui sont mêlés à ces «attaques barbares ».
Le chef de l’ONU, António Guterres s’est dit « choqué et outré » par cette attaque. « Le Secrétaire général condamne fermement cet acte odieux et appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice », a dit son porte-parole dans une déclaration de presse publiée samedi soir.
« Nous condamnons dans les termes les plus fermes cette attaque inqualifiable », a déclaré François Delattre, l’Ambassadeur de France à l’ONU qui s’exprimait en tant que Président du Conseil de sécurité des Nations Unies lors d’une conférence de presse samedi 23 mars dernier à Bamako. Le Conseil a conclu une visite de deux jours au Mali dans le cadre d’une mission au Sahel qui inclut également le Burkina Faso.
Il s’agit d’un acte « d’une barbarie inqualifiable », a pour sa part déclaré Kakou Houadja Léon Adom, l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire à l’ONU et coorganisateur avec la France et l’Allemagne de la visite du Conseil de sécurité au Mali. Les trois pays ont présenté, au nom du Conseil, leurs condoléances aux victimes de l’attaque ainsi qu’au peuple et au gouvernement malien.
« Ce qui vient de se passer ce matin nous rappelle malheureusement que les défis sont nombreux », a dit le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, qui, au nom des Nations Unies, a également fermement cette attaque perpétrée contre des civils.
Face à ce nouveau « drame inqualifiable » Mahamat Saleh Annadif a appelé à ce que « la spirale de la violence » cesse dans le centre du Mali.
Dès qu’elle a appris l’attaque, la MINUSMA a déployé une force de réaction rapide sur les lieux du massacre dans le cadre de son mandat de protection des civils. En soutien au gouvernement malien, la mission onusienne a également fourni un appui aérien afin de prévenir toute nouvelle attaque et évacuer rapidement les blessés vers la ville de Sévaré à 20 kilomètres de Mopti.
Mahamat Saleh Annadif a indiqué que la MINUSMA se tient prête à soutenir le gouvernement malien pour toute action susceptible d’apaiser la situation. Il a également appelé les autorités maliennes à diligenter une enquête « afin que justice soit faite et que les auteurs de cette atrocité répondent de leurs actes ».
Toujours du côté des Nations-Unies, deux experts des Nations-Unies ont lancé, jeudi dernier, une mise en garde au gouvernement malien et à la communauté internationale leur demandant de s’attaquer immédiatement à la grave montée de violence à caractère ethnique qui sévit actuellement au centre du Mali. Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng, et l’Expert indépendant des Nations-Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, se sont dit profondément inquiets de l’attaque, le 23 mars 2019, du village d’Ogossagou, dans la région de Mopti, durant laquelle au moins 134 civils ont été tués et au moins 55 autres personnes blessées.
Il s’agit de la quatrième attaque majeure depuis le début de l’année contre des villages Fulani/Peulhs dans le cercle de Bankass.
Le Bureau du Conseiller spécial a dit avoir reçu des informations faisant état d’une grave recrudescence de la violence intercommunautaire ainsi que de l’impact négatif des opérations de lutte contre le terrorisme menées par des groupes armés à base communautaire sur la population civile de la région.
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, a exprimé son indignation.
« J’ai appris avec horreur et indignation le massacre survenu dans la région de Mopti, au centre du Mali, où au moins 135 civils, dont des femmes et des enfants ont été tués. Je condamne fermement cet acte ignoble », a-t-il écrit sur son compte twitter, dimanche matin.
Les organisations de défense des droits appellent à des sanctions
L’AMDH et la FIDH condamnent fermement le massacre d’au moins 174 civils le 23 mars 2019 dans le cercle de Bankass, attribué à des éléments de Dan Na Ambassagou, une milice communautaire Dozo. Dans un rapport d’enquête de novembre 2018 (1), « nos organisations évoquaient déjà plusieurs tueries commises dans la zone par cette milice, notamment dans le cercle de Koro. La récurrence des attaques contre des villages peuls dans cette zone sont constitutifs de crimes contre l’humanité. Aussi, nous réitérons nos demandes à ce que soient engagées des enquêtes indépendantes et des poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes contre l’humanité commises par toutes les parties depuis 2015 au centre du pays. A commencer par l’arrestation et le jugement des responsables du massacre d’Ogossagou. » affirme e les deux organisations de défense des droits de l’homme dans une déclaration.
Plus loin Elles déclarent : « L’AMDH et la FIDH rappellent une fois de plus qu’il est impératif de désarmer et démanteler sans délai tous les groupes armés et milices qui sévissent illégalement tant au centre qu’au nord du Mali. Ce démantèlement implique notamment un retour effectif de l’État malien et de ses troupes pour protéger et assurer l’ordre dans ces zones meurtries par les attaques des groupes djihadistes et les violences communautaires ».
Le comité international de la croix rouge (CICR), a lui aussi fermement condamné l’attaque armé, survenue le 29 mars dernier, dans le village de Ogossagou, provoquant la mort t d’une centaine de civils.
Jean-Nicolas Marti, le chef de la délégation du CICR au Mali a déclaré : « ce qui s’est passé à Ogossagou est extrêmement préoccupant. Le CICR dénonce des agissements totalement inacceptables et s’inquiète de l’exacerbation des tensions intercommunautaires au Centre du Mali ».
Marti a en outre averti : « de tels agissements aggravent une situation sécuritaire déjà fragile et entraînent de graves conséquences humanitaires ». Par conséquent, le CICR a demandé à tous les acteurs « de faire preuve de retenue, de respecter les civils et d’épargner les combattants qui ont cessé de se battre ».
Le village Ogossagou (région de Mopti) a été, le 23 mars 2019, la cible des individus armés. Au moins 174 personnes ont été tuées dans cette attaque. En outre, les dégâts matériels sont également importants. Presque toutes les cases du village ont été brûlées, le cheptel décimé et des greniers ravagés.