PolitiqueCri du cœur de Oumar Ibrahim Touré, président de l’Alliance Pour la République (APR), sur Ogossagou : Sommes-nous encore le peuple de l’unité et des « sang mêles » ? s’interroge
Le samedi 23 mars dernier, le Mali a été réveillé par une sombre nouvelle « Des hommes armés habillés en chasseurs traditionnels ont fait irruption dans le village d’Ogossagou, un village Peul du centre du pays tuant 134 personnes et incendiant des dizaines de cases et greniers. Des chiffres qui n’ont cessé d’augmenter depuis. Un véritable carnage qui n’a laissé personne indifférente. C’est ainsi que le président de l’Alliance Pour la République, OUMAR IBRAHIM TOURE, dans un cri du cœur, a qualifié Ogossagou de «summum de l’horreur, d’abyssal trou du déshonneur, de stupeur de l’histoire. Le président e l’APR propose en même temps son expertise au service du Mali pour une sortie de crise.
«Qui sommes-nous devenus ? Comment une telle hécatombe a-t-elle été possible sur notre sainte terre d’Islam et de valeurs singulières ? Sommes-nous encore le peuple de l’unité et des « sang mêlés » ? Notre mur est donc si immensément fendu pour laisser entrer dans la maison-Mali les rapaces et monstres de tout acabit ? Des monstres qui ne nous ressemblent guère et qui saccagent notre vivre ensemble !
Ce jour à jamais planté dans notre mémoire
Ce samedi 23 Mars 2019 à Ogossagou, cercle de Bankass, restera un triste fanion mémoriel, le jour de l’hécatombe, le jour du déshonneur, le jour de l’inédite tragédie, le jour de l’équipée sanglante, damnable œuvre des entrepreneurs du mal. En un mot, le jour qui se refuse à l’oubli !
Notre conscience tourmentée
Notre conscience saisie de tourments, agitée, ce jour-là, l’évènement ahurissant a imposé l’insomnie. L’odieux évènement tourmente notre conscience, interpelle surtout nos responsabilités non sans nous inviter à nous assumer face à l’Histoire. Qu’arrive-t-il donc au Mali de notre tout, le Mali de notre vie et de notre mort, le Mali de notre conscience ? Mais, surtout le Mali de notre devoir ! s’interroge-t-il.
Pourquoi s’écroule ce que nous avons de si précieux et si particulier ? Les valeurs qui soudent la multitude autour de l’essentiel : LE VIVRE ENSEMBLE !
Nos valeurs souillées et notre dignité humiliée
Que de sang versé sur notre terre ! Que d’innocents tués ! La sacralité de la vie humaine, l’avons-nous oubliée pour rendre les massacres si banals ?
Tuer un être humain est antinomique à nos valeurs, tuer un innocent surtout un enfant qui n’a pas encore fini de sourire au soleil de l’innocence, au réveil du jour, à la beauté de la vie l’est encore plus. Et pourtant, c’est cet impensable crime qui a été commis à Ogossagou en terre malienne, terre nôtre, terre pourtant réputée pour la qualité de son vivre ensemble, la force de son humanisme, la profondeur de son sens de l’autre, l’altérité interactive, nourrie d’estime et de respect. Le Mali de l’hospitalité où l’autre est soi-même, l’autre qui, la nuit venue, tape à la porte et est admis à l’intérieur, profitant du gîte et du couvert.
Le Mali de la solidarité où la main tendue se prend, s’aide parce que la main tendue a hier donné et celle qui donne aujourd’hui a hier reçu. C’est cela le Mali des échanges fortifiants. Ne dit-on pas qu’un seul doigt ne saurait tenir un caillou ? Ce proverbe si riche invite tout simplement à la conscience de la limite, de l’humilité et surtout à celle de la nécessité de la complémentarité et de l’unité.
Ogossagou est une insulte à ces valeurs précieuses qui nous ont faits et nous ont fondés. Des valeurs d’humanisme, de fraternité, de solidarité, d’hospitalité et surtout d’entraide qui ont fait de notre société celle de l’Unité protégeant tous. Quand les différences deviennent superficielles, ne servant qu’à enrichir le creuset commun : le MALI EN PARTAGE.
Contre notre nation séculaire, les semeurs de haine et de crimes !
Ces hordes qui veulent détruire notre nation séculaire
Que nous veulent les hordes de l’horreur pour éprouver ainsi notre si belle et enviée nation jadis assise sur des racines solides et portée par des valeurs dont la floraison a fait de nous une terre singulière ? Mali, vieille nation au sens d’un pays riche d’une histoire qui a tant à dire et tant à raconter et dont le secret, on l’oublie souvent, est le génie du vivre ensemble…
Le défi majeur est de ressouder la nation fissurée, la nation ensanglantée. Un mot d’humanisme et de partage, si petit soit-il, peut contribuer à apaiser les cœurs. Un acte, si anodin soit-il, peut-être d’un apport inestimable, chacun en sa zone, en sa ville, en son village, en son quartier, en sa rue. Nous battre contre ces rumeurs, ces amalgames et tous ces raccourcis qui affolent, surtout alimentent les haines, voilà l’autre défi à relever ENSEMBLE !
Nous élever au-delà des amalgames et des raccourcis
Nous devons énormément faire attention en ces temps de rumeurs, d’infos souvent affolantes, d’hypothèses non souvent soumises à la rigueur de la vérification. Nous devons faire attention aux mots qui blessent, aux actes qui déchirent pour ne pas davantage envenimer, ne pas davantage creuser le trou, la fosse du scandale, de l’humiliation et du drame.
Face à la tragédie et l’inexcusable hécatombe, je comprends que les esprits puissent fléchir, sous le choc, soumis à l’émotion. La colère et l’indignation, l’incompréhension et l’interrogation, des tentatives d’explication aux esquisses de réponses mais nous devons tous éviter une chose : les propos qui aggravent, qui désunissent, qui fracturent, qui incendient davantage la maison, la met en ruines.
En un mot, nous devons prendre soin et ne pas céder si facilement aux amalgames et aux raccourcis.
Ce qui nous rendra forts, c’est de faire front commun contre l’ennemi.
Nous Unir face à l’ennemi commun : Pour un Dialogue constructif !
L’unité fut, est et sera notre force. Face à elle, point d’alternative, sauf si nous voulons assister impuissants sinon complices de l’émiettement, de l’ethnicisation, de la fragilisation et de la dislocation du Mali.
Face à l’ennemi, il est impératif de nous unir, de savoir endurer et souffrir mais nous élever à hauteur de défi, de mission historique pour sauver ce qui peut encore l’être. Or, qu’y a-t-il à sauver si ce n’est le Mali ? Et que vaut le Mali s’il n’est pas uni, riche de sa diversité, fort de ses brassages, invincible avec ses métissages, insoupçonnable avec ses transethnicités et échanges culturels vivants et fleurissants ?
Après les rebellions, voici le défi terroriste dont le spectre dépasse notre pays. Nous sommes entrés dans l’ère de l’asymétrie et l’ennemi porte plusieurs visages, brandit des armes échappant au classique. »