Des Etats membres des Nations unies lors de leur réunion ministérielle tenue le vendredi dernier sur le Mali ont regretté la dégradation sécuritaire au Centre du pays. Contrairement à des progrès annoncés par le gouvernement malien, certains pays dont les USA attendent voir progresser les mesures en suspens avant que le Conseil de sécurité ne négocie la prorogation du mandat de la MINUSMA en juin.
« Nous nous attendons à voir progresser les mesures en suspens avant que le Conseil de sécurité ne négocie la prorogation du mandat de la MINUSMA en juin », a-affirmé le Sous-Secrétaire d’État aux affaires politiques des États-Unis, M. David HALE à la tribune des nations unies. Selon lui, , il y a trois domaines prioritaires d’action qui devraient satisfaits.
Premièrement, le Mali devrait élargir l’inclusivité du processus de réforme constitutionnelle, pour garantir un référendum constitutionnel légitime, en associant les groupes armés, l’opposition et la société civile. Deuxièmement, a poursuivi le haut fonctionnaire, les parties à l’accord d’Alger devraient accélérer l’intégration, la formation et le déploiement des combattants participant au programme de DDR dans le nord du Mali.
Troisièmement, le Gouvernement malien devrait codifier juridiquement la zone de développement du nord et fournir davantage de ressources aux administrations intérimaires de cette région. Il devrait en outre veiller à ce que les administrations intérimaires ne soient pas simplement des présences symboliques, mais puissent effectivement fournir des services. Parce que, selon M. HALE, la MINUSMA ne peut pas combler le vide alors que le Gouvernement et les parties à l’accord d’Alger ne parviennent pas à faire avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Très ferme dans ses declarations, il explique que les Casques bleus de la MINUSMA se retrouvent dans un environnement allant bien au-delà des limites du maintien de la paix traditionnel et sont systématiquement et résolument attaqués par des extrémistes « mobiles, intelligents, bien organisés et qui ne veulent pas renoncer ». La MINUSMA, a-t-il rappelé, est l’opération onusienne « la plus dangereuse au monde » et a fait un nombre de victimes « sans précédent ». Cette violence, ainsi que la hausse de la violence intercommunautaire et interethnique, en particulier dans le centre du Mali, s’accompagnent d’un « manque inacceptable » de progrès dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Le Sous-Secrétaire d’État a donc demandé au Secrétaire général de présenter au Conseil de sécurité des options pour permettre une adaptation « significative » de la MINUSMA, et ce, dans la perspective de la négociation de son mandat prévu au mois de juin. Six des sept jalons n’ont pas été achevés et la plupart n’ont été l’objet d’aucun progrès significatif, a-t-il noté.
Dans ce pays, selon Antonio Guterres, les groupes terroristes et les milices gagnent du terrain et deviennent plus dynamiques et mobiles, et la montée des mouvements extrémistes amplifie d’anciennes tensions intercommunautaires entre groupes ethniques pour l’accès à la terre et à l’eau. « Si ces problèmes ne sont pas résolus, il y a des risques élevés que la situation dégénère au point de donner lieu à des atrocités », a-t-il mis en garde avant de noter que l’an dernier plus de 240 attaques ont été commises contre des civils, des responsables gouvernementaux maliens et des membres de forces nationales et internationales. Ce chiffre est en hausse comparative à celui de 2016 avoisinant 183. Cette situation déplorable a poussé par conséquent des milliers à se déplacer. De 2018, les déplaces ont passé de 40 000 à 123 000 à la date de février 2019. Les cas d’utilisation d’engins explosifs improvisés dans le centre du Mali ont plus que triplé, passant de 29 en 2017 à près de 100 en 2018, a précisé le Secrétaire général.
Faut-il rappeler qu’àA la tête d’une restreinte délégation, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye MAIGA a participé à la réunion ministérielle sur le Mali en prélude à la prochaine session de Conseil de sécurité des Nations unies. Présidée par le Secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres.