La soirée du mardi 2 avril 2019 a été assez tumultueuse à Badalabougou. Cela à cause d’un sit-in de la population devant le QG du G5 Sahel. Objectif : dénoncer l’installation du quartier général de cette force au milieu des populations.
La délocalisation du QG du G5 Sahel n’a pas encore dit son dernier mot. En plus des interrogations incessantes dès l’entente de ce transfert de la région de Mopti à Bamako, ce sont les actions sur le terrain de la part de la population qui se poursuivent.
En effet, après avoir envoyé plusieurs correspondances à la direction de cette force, au ministère de la Défense et des anciens Combattants, voire à la MINUSMA, nous explique un jeune leader de Badalabougou, Oumar dit Barou Diallo, la population a décidé d’entrer en action à travers un sit-in ce mardi soir. À l’en croire, toutes les correspondances envoyées sont restées lettres mortes.
En ce qui concerne les raisons de cette opposition à l’installation de la base de cette force dans leur quartier, M. Diallo nous fait comprendre que c’est pour un souci de sécurité civile. À ses dires, ce QG va s’installer dans un endroit stratégique de leur quarter : « C’est entre la colline du savoir (l’Université). À côté aussi il y a une station d’essence, une station d’électricité de l’EDM, une station de pompage d’eau de la SOMAGEP qui alimente tout le quartier. Outre tous ceux-ci, il y a une église à quelques mètres de l’endroit désigné; à quelque 50 mètres, nous avons une mosquée ; à quelque 30 mètres, il y a les habitations. » Or, poursuit-il, connaissant bien ces hommes, une fois qu’ils s’installeront, ils vont mettre en place des dispositifs de sécurité qui vont entraver le mouvement des populations à travers le blocage de centaines voies.
Outre cela, l’autre crainte de cette population, c’est leurs mœurs. « Installé des jeunes militaires célibataires au milieu de la population n’est pas sans danger pour les jeunes filles », explique Barou. Sur ce point, il faut se rappeler le cas de la MINUSMA ; beaucoup de journaux de la place ont indexé cette mission onusienne dans l’augmentation de la prostitution juvénile dans ce quartier. C’est sûrement pour cela que les habitants ne veulent pas être victimes de la même situation.
Quant à savoir si Badalabougou s’oppose même à l’installation du G5 Sahel à Bamako, Barou nous rassure que non même s’il précise par la même voie que « Bamako n’est pas une zone de combat ». « Badalabougou n’est pas une zone militaire ; que les autorités aménagent le QG de cette force dans une ou auprès d’une base militaire », recommande-t-il au nom de toute la population de Badalabougou. Il finit par s’interroger : « Pourquoi délocaliser d’ailleurs le QG de cette force des zones à grande insécurité pour Bamako ? »
Les autorités sont sûrement les seuls aptes à apporter une réponse satisfaisante à cette question. Ce qui est sûr, la population n’est pas prête à baisser la garde tant qu’ils n’arrêteront pas les travaux sur le chantier pour déménager dans un autre lieu. D’autres actions seront entreprises, nous précise la même source avant d’indiquer que ce sit-in n’était que la première étape.