Parmi la flopée de généraux, nommés lors du Conseil des ministres extraordinaire du dimanche 24 mars, le premier ministre a obtenu de son chef de poser deux étoiles sur les épaulettes du colonel Débérékoua SOARA, son protégé de gouverneur, promu au grade de général de brigade. Ce dernier a inauguré son galon par un communiqué daté du 02 avril 2019 et adressé au président du Conseil national de la Société civile au sujet de leur marche le même jour. Le texte du général Débérékoua SOARA est un morceau de bravoure par les arguments de fond que par le style. Après son arrêté liberticide interdisant les manifestations dans presque tout Bamako, l’ex colonel se veut plus conciliant en signifiant au Conseil national de la Société civile son “désaccord quant à l’organisation de la marche ” et fait patte de velours en souhaitant que les marcheurs adhèrent à sa décision au nom de la préservation de la paix.
Dans le fond, général de brigade SOARA écrit : « face à la recrudescence des actes de sabotage çà et là observés et le manque d’esprit de patriotisme qui est entrain de gagner du terrain à travers le Mali tout en entier et particulièrement le District de Bamako. ». On ne comprend pas déjà, comment en bon français, cette phrase se termine par un point parce qu’elle n’est pas complète. Mais le propos est ailleurs, notamment dans le constat fait par le gouverneur de la « recrudescence des actes de sabotage » un peu partout dans le pays. Nous avons dû de notre côté rater un épisode de ce grand désordre, mais on peut surtout affirmer que le général et son mentor de premier ministre n’habitent pas le même pays quand le second à l’ONU voit « un Mali debout » qui a « relevé la tête » et où « les djihadistes ont reflué ». Dans un pays si tranquille, de quoi le gouverneur de Bamako a-t-il peur? Nous sommes dans du « Don Quichotte » de Cervantes version 2019 : là ou l’un voit poindre le chaos, l’autre ne retient que la belle harmonie des choses. Forcément un des acteurs prend quelque liberté avec la vérité !
Pour en revenir à la missive du gouverneur, il faut que Débérékoua SOARA sache qu’un général, même sans être membre d’une brigade littéraire, a l’obligation de soigner le style de sa correspondance administrative et surtout de veiller à l’emploi judicieux des mots. En écrivant : “… le manque de patriotisme est ENTRAIN…”, vous commettez une grave entorse à la langue. Ici “EN TRAIN” s’écrit en deux mots indiquant une action en cours.
Mais il y a longtemps que nous avons compris que vous mettez beaucoup d’ENTRAIN (ardeur, fougue) à empêcher les manifestations en violation d’un droit reconnu aux citoyens maliens par la Constitution de février 1992. Le train-train quoi !