L’enquête menée par le CIJI (Consortium international des journalistes d’investigation) en collaboration avec la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest, à mis à jour des malversations et des détournements fiscaux dans divers pays d’Afrique de l’Ouest dont le cas du politicien malien, le Dr Hamadoun Touré. Lisez le dossier dévoilé et basé sur l’enquête du Consortium.
Selon l’enquête du CIJI, Hamadoun Touré, homme politique, candidat malheureux à laprésidentielle malienne de 2018 et ex-responsable onusien, est détenteur d’une société offshore immatriculée aux Seychelles à partir de Dubaï. La création de 7Star holdings Limited a été facilitée par le bureau seychellois du cabinet panaméen Mossack Fonseca.
Spécialisée dans la technologie de télévision payante numérique, le 7Star holdings est, selon les documents Panama papers, gérée par procuration et immatriculée avec l’adresse suisse du Dr Hamadoun Touré, du temps où ce dernier était Secrétaire général de l’Union internationale des Télécommunications (UIT) entre 2007 et 2014, avec résidence à Genève, le Dr Touré est, selon les documents examinés, le seul actionnaire. Mais l’administration de la société est déléguée à ses proches, dont Coumba Diawara Touré, son épouse et Fatima Touré, sa fille.
Le procès verbal d’une réunion tenue le 2 mars 2015 est évocateur : « Les administrateurs de 7Star conviennent que la société est autorisée à acquérir des actions et / ou être actionnaire d’une autre société dans une zone franche ou tout autre pays. Que la Société pourrait acheter ou céder des propriétés dans les pays arabes Émirats et que Coumba Diawara Toure et / ou Fatima Toure et / ou Bocar Ba (conjointement ou solidairement) ont autorité à négocier et de compléter toutes les questions nécessaires à la préparation et à l’exécution de tous les documents, accords, instruments et actes concernant d’éventuels transferts et achats… ».
Interrogé par le journaliste David Dembélé, le Dr Hamadoun Touré a déclaré que « sa société n’a pas fait de transaction financière car ne disposant pas de compte bancaire et qu’elle n’existait plus ». Les documents montrent pourtant des liens entre l’homme politique, le bureau de Mossack Fonseca à Dubaï, via un cabinet d’avocat canadien, Helene Mathieu legal consultants.
Toutefois, le Dr Hamadoun Touré dans le journal « Le Pays » en date du 29 mars 2018, lorsqu’il était candidat à la présidentielle du 29 juillet 2018, a prononcée une phrase à forte résonance politique : « La solution aux maux de ce pays est simple, choisir un dirigeant qui n’est pas mouillé ».
Il ignorait le risque d’être rattrapé par ses propres mots. L’ancien Secrétaire général de l’UIT, de 2007 à 2014, jusque-là au-dessus de tout soupçon, est en effet détenteur d’une société offshore immatriculée aux Seychelles à partir de Dubaï. L’opération a été facilitée grâce aux bons offices du tristement célèbre cabinet panaméen Mossack Fonseca, lequel a mis les clés sous le paillasson en juin 2017.
Un patrimoine camouflé
L’acte d’existence mentionne le 23 février 2015 comme date de création : « Nous, MOSSACK FONSECA & CO. (SEYCHELLES) LIMITED, en notre qualité de cabinet spécialisé, avons enregistré 7Star Holdings Limited, une Société de Commerce International constituée conformément aux lois de la République des Seychelles le 23 février 2015 ». Identifiée alors sous le numéro « 162231 » selon le protocole d’enregistrement de Mossack Fonseca, la Société commerciale internationale prend ainsi ses marques avec comme adresse comportant les mentions suivantes : Suite 13, First floor, Oliaji Trade Center, Francis Rachelle Street, Victoria, Mahe, Seychelles.
Le certificat d’enregistrement signé en mai 2015 laisse les traces d’un premier conseil tenu le 2 mars 2015, soit seulement quelques semaines après la création.
Il faut d’ores et déjà s’interroger sur les raisons qui ont motivé la création de l’unité en question dans cet archipel offshore d’Afrique orientale. Le titulaire d’une maîtrise d’ingénierie électrique de l’Institut technique de l’électronique et des télécommunications de Leningrad et d’un doctorat de l’Université d’électronique, de télécommunication et d’informatique de Moscou, semble bien vouloir camoufler sa nouvelle activité.
Mais le tilt qui titille dans cette affaire, c’est que 7Star ne dispose d’aucun site Internet à même de clarifier ou d’édifier sur ses activités. Venant d’un professionnel des nouvelles technologies de l’information, cela paraît tout de même surprenant. L’entreprise de l’homme qui a œuvré une trentaine d’années durant à promouvoir les TIC ne dispose pas de site. Une anomalie qui renforce sans doute l’hypothèse du soupçon et du camouflage.
En bloc, la société est gérée par procuration, et immatriculée avec l’adresse suisse de Dr Hamadoun Touré, du temps où ce dernier était secrétaire général de l’UIT, entre 2007 et 2014, avec résidence à Genève.
En attendant, le Chevalier de l’ordre national du Mali, à deux reprises par les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, prépare visiblement ses arrières après l’UIT.