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Grand meeting de protestation contre le régime / IBK a semé le vent, n’est- il pas en train de récolter la tempête ?
Publié le vendredi 5 avril 2019  |  Infosept
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© aBamako.com par A S
Meeting du Haut Conseil Islamique du Mali
Bamako, le 10 février 2019 60.000 personnes se sont réunies dimanche dans le plus grand stade de Bamako
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Ils seront, à coup sûr, des milliers de partisans de l’Imam Dicko et du Chérif de Nioro, à sortir massivement pour un meeting de protestation contre le régime d’IBK. Ils protesteront contre le niet catégorique du Président de la République face aux différentes revendications socio politiques du moment. Parmi lesquelles, nous pouvons citer entre autres le départ du Premier ministre pour incompétence, celui du Directeur du service de renseignement, après ses frasques inadmissibles, la satisfaction des nombreuses revendications corporatistes et la résolution de la sempiternelle crise sécuritaire, voire identitaire au nord comme au centre. A toutes ces revendications, IBK a opposé une fin de non-recevoir. Pourra-t-il continuer à défier une frange importante du peuple ? Cédera-t-il au moins sur certaines revendications pour la paix et la stabilité ? Quelles pourraient être les conséquences ?

En prenant le pouls de l’opinion publique et au regard du grand tapage médiatique qui a accompagné la sensibilisation, à ceux-ci s’ajoute la pertinence des thèmes qui seront abordés, il n’y a l’ombre d’aucun doute que la mobilisation sera au rendez-vous ce vendredi 5 avril 2019 à la place de l’indépendance. Bamako et environs sortiront pour aller écouter « le dernier message » du Président du Haut Conseil Islamique au Président de la République. Ils seront tout simplement nombreux parce qu’ils sont tous mécontents de la gouvernance actuelle. Ils fermeront boutiques, arpenteront les collines, arrêteront les cours, déposeront les armes momentanément, s’habilleront en blouson avec thermomètre au cou, pour être présents au meeting que beaucoup jugent comme étant leur dernier espoir de voir aboutir leurs revendications.



Le meeting, à l’appel de l’Imam Dicko, mobiliserait certainement une foule immense, celle des mécontents ou des laissés-pour-compte du régime. Il mobiliserait l’opposition politique qui malgré sa bonne volonté d’aller à un dialogue pour une résolution diligente de la crise sociopolitique, n’a vu jusque-là aucune lueur d’espoir. Le meeting mobiliserait les enseignants, qui sont sevrés de leurs salaires depuis plus de deux mois pour avoir revendiqué leurs droits en observant la grève. Les agents de santé, le personnel administratif de l’Assemblée Nationale, les commerçants, les magistrats, les financiers, la liste est loin d’être exhaustive, tous en ont plein sur le cœur et iraient témoigner de leur solidarité à l’imam Dicko pour son noble combat. Idem pour les milices d’autodéfense, qu’elles soient Dogon ou Peul, elles viendraient au meeting parce que toutes pointeraient aujourd’hui un doigt accusateur sur l’Etat.



Cédera-t-il au moins sur un certain nombre de revendications pour la stabilité et la paix ? Tout dépendra de la mobilisation. Si les organisateurs du meeting arrivent à bien mobiliser, ils imposeront à IBK la conduite à tenir. Car en ce moment, c’est le peuple souverain qui aurait décidé de prendre en main son destin, comme en Algérie. La rue imposera sa légitime volonté et aucun régime ne résistera à l’assaut d’un peuple debout et déterminé. Le Président de la République aurait du pain sur la planche, lui qui aurait affirmé qu’il ne se débarrasserait jamais des caciques de son pouvoir. Il aura le choix entre céder à la pression de la rue en se débarrassant de tous ceux qui sont dans le viseur des manifestants, ou périr avec thuriféraires.

S’agissant des probables conséquences, elles sont de deux ordres : politique et sociale. Face à la pression de la rue, si IBK ne cède pas, il risque d’être lâché par sa propre majorité, à commencer par son parti dont les cadres multiplient des diatribes vexatoires à son encontre. Ensuite, par l’Opposition qui n’attendait qu’une telle occasion pour en découdre avec lui. Sans soutien politique, il devient très vulnérable.

Sur le plan socio-sécuritaire, on risque d’assister à l’exacerbation de la crise sociale avec une paupérisation et une misère ambiante, et de la crise sécuritaire avec la multiplication des milices d’auto-défense.

En somme, on pourrait affirmer, qu’après avoir divisé toutes les couches socio-professionnelles, pensant pouvoir les neutraliser, IBK est en train de récolter ce qu’il a lui-même semé.

Youssouf Sissoko
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