La semaine dernière, dans cette même chronique, nous avons levé un gros lièvre, l’Intelligence Artificielle (IA), ce secteur de pointe et surtout d’avenir dans le domaine des technologies de toute dernière génération. J’ai l’intention, cette semaine aussi, de poursuivre la chasse à courre déjà commencée et faire coup double : remplir ma besace de gibier et surtout mettre à jour le filon. Eh oui, il s’agit bien d’un filon, d’une niche juteuse ! L’IA constitue un vrai filon qu’auraient investi les chercheurs d’or d’hier, mais que ne manquera pas d’imiter la jeunesse d’aujourd’hui qui compte en son sein, heureusement, des « Geeks », ces petits génies nés avec le vaccin de la technologie déjà inoculé dans leurs veines. Les connaissant bien pour leur proactivité et la veille électronique qui est leur sport favori, je suis presque sûr qu’ils ont tous été exposés à l’offre alléchante et très généreuse de Microsoft et d’OpenClassroom et bondiront là-dessus avec tellement d’empressement qu’ils risquent de se casser les jambes.
Cependant avant de poursuivre mon propos, un petit rappel s’impose. Pour les Nuls que nous sommes, Microsoft est la célèbre multinationale informatique et micro-informatique américaine co-fondée le 4 avril 1975 à Albuquerque, au Nouveau-Mexique (États-Unis) par Bill Gates et Paul Allen. Jusqu’à peu, l’époux de Melinda était considéré comme l’humain le plus riche, avant d’être détrôné de ce piédestal par un autre de ses concitoyens d’origine cubaine, Jeff Bezos, le patron de la plateforme de vente en ligne Amazon. Curieusement, tous ces deux nababs sont du Nouveau-Mexique, une terre de pionniers. Quant à OpenClassrooms, il s’agit d’une plateforme française de formation en ligne co-fondée en 2007 par Mathieu Nebra et Pierre Dubuc. Cette startup de la FrenchTech est spécialisée dans les MOOC (Massive Open Online Course) qu’il faut traduire par « cours en ligne ouvert et massif », un domaine qui rencontre un succès foudroyant.
Après ce petit détour pour nous mettre à niveau, revenons à l’alliance de raison entre Microsoft et OpenClassroom, objet de la présente chronique. La semaine dernière, plusieurs médias en ligne ont annoncé que Microsoft et OpenClassrooms s’engageaient dans un partenariat pour former des étudiants à l’IA. Ce partenariat porte sur la formation d’au moins 1 000 ingénieurs à l’IA dans le monde entier. Il s’agit d’un Master en ligne qui « vise d’abord à donner accès à un grand nombre d’étudiants aux compétences requises dans les métiers de la technologie de pointe, tout en garantissant aux employeurs des personnes parfaitement formées pour occuper ces postes ».
Quel est le postulat qui sous-tend cette alliance ? OpenClassrooms et Microsoft indiquent que la demande de compétences en intelligence artificielle de la prochaine génération a dépassé de loin le nombre de candidats sur le marché du travail, et que selon une estimation une pénurie de talents laissera jusqu’à 30% des emplois en IA et en informatique vaquants, d’ici 2022. Les deux associés envisagent donc d’occuper ce créneau d’une part, et de contribuer à réduire le gap actuel par l’alliance de leurs compétences respectives d’autre part.
OpenClassrooms et Microsoft vont plus loin : les deux entreprises garantissent aux étudiants qui auront suivi ce programme d’obtenir un emploi dans les six mois. Si ce n’est pas le cas, ils seront intégralement remboursés par OpenClassrooms. Mieux, les étudiants qui auront suivi cette formation avec succès obtiendront un diplôme de niveau master accrédité en Europe par OpenClassrooms. Selon les articles sur cette alliance, l’entreprise française cherche cependant toujours à obtenir une accréditation au Royaume-Uni et aux États-Unis. Mais elle ne semble pas outre mesure inquiète de l’issue de ses démarches puisque ses références plaident pour elle. En effet, OpenClassrooms a levé 60 millions de dollars en mai 2018 ; en outre, elle revendique une équipe de 170 employés et plus de 1 000 mentors et coachs, avec des étudiants dans 140 pays. Parmi ses clients, elle compte de grosses entreprises dont plusieurs du CAC 40 : Uber, Deliveroo, Capegemini, BNP, Société Générale et Axa.
Pierre Dubuc, le CEO d’OpenClassrooms savoure goulûment cette nouvelle consécration : « OpenClassrooms crée des programmes de qualité, pensés pour être accessibles au plus grand nombre. Si l’on ajoute en prime le savoir-faire des meilleurs experts au monde – tels ceux qui font partie de l’équipe de Microsoft –, nos chances de réduire la fracture entre la demande de profils Tech et les professionnels formés sur le sujet sont décuplées. Nous sommes ravis d’avoir un impact positif sur cette problématique ».
On ne peut que se laisser contaminer par son enthousiasme et regretter que l’Afrique, toujours elle, ne prenne pas suffisamment la mesure de ces nouveaux enjeux dont la maîtrise dessine le contour du monde de demain. Par tous les moyens, il convient de placer les leaders du continent, tous secteurs confondus, face à leurs responsabilités historiques et espérer qu’ils arrimeront le continent au train du progrès. Mais en attendant ce réveil salutaire, nous n’avons d’autre choix que de dénoncer vigoureusement le spectacle désolant que donnent nos universités et grandes écoles, supposées être les fabriques de la crème de demain, mais qui s’avèrent être le reflet de nos échecs cumulés.