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Mars 1991 comme mars 2019: Pourquoi l’Algérie doit aussi s’inspirer du cas malien
Publié le lundi 8 avril 2019  |  Infosept
Rassemblement
© AFP par DR
Rassemblement de l`Imam Mahamoud Dicko
Bamako, le L`imam Mahamoud Dicko a rassemble des dizaine milliers de personnes pour dire non aux massacres contre les civils
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Il est des coïncidences qui troublent les plus cartésiens d’entre nous. Et, au vu de la tournure des évènements socio-politiques chez notre grand voisin du nord, l’on a un sentiment de déjà-vu. En effet, 27 ans plutôt, le peuple malien obtenait le départ de son chef d’Etat qui s’était maintenu au pouvoir plus de 20 ans durant. Mais, au-delà de ces simultanéités, l’Algérie, en plus de s’être inspirée des cas passés du printemps arabes, devrait aussi songer à lancer un regard sur les révolutions d’Afrique subsaharienne, et plus particulièrement, celle du Mali.

L’histoire retiendra que c’est un 26 Mars que le Chef d’Etat-major des armées, Gaid Salah, a appelé à la destitution de Bouteflika en vertu de l’article 102 de la constitution. Mais, en réalité, c’est le 02 avril 2019 que l’ex chef d’Etat annonça sa démission du pouvoir. Alors que l’essentiel semble fait, le plus dur reste à venir. Déjà, des jeux de positionnement se préparent, et le système politique en place peut se muer en un autre système, toujours pour jouir des privilèges des postes de grandes responsabilités étatiques.
Tout de même, il faut reconnaitre au peuple algérien, le mérite d’avoir obtenu le départ de Bouteflika, avec une manière certaine. De façon générale, les manifestations effectuées chaque vendredi, se sont déroulées dans le calme, la bonne humeur, l’humour et même avec créativité. Ainsi, nous avons assisté à la naissance du verbe « vendredirer ». Les jeunes manifestants à l’approche de chaque marche, martelait : « nous vendredirons ».
Le constat global que l’on peut tirer, c’est que les précédentes marches pacifiques qui ont eu lieu dans les pays du printemps arabes, ont inspirées les algériens, manifestants comme gouvernants. Ainsi, les premiers ont milité le plus pacifiquement possible et de manière coordonnée avec les principales wilayas du pays. Tandis que les seconds ont, semble-t-il, eu peur de réprimer, au risque de martyriser la cause populaire, qui du reste était noble et légitime.
Cependant, alors que Bouteflika n’est plus là, et qu’une transition politique se prépare, le plus dur reste à venir. Le peuple devra être vigilant et intransigeant pour que ses revendications soient le principal chemin à prendre durant les prochaines semaines. Car, la position du Gaid, fidèle de longue date du président déchu, d’appliquer la destitution présidentielle, n’est pas que pour l’intérêt du peuple. En effet, il s’agit là, d’un calcul purement politique effectué par un militaire aguerri, pour que lui et son armée soient encore et toujours au cœur du nouveau système politique, le premier de l’après-Bouteflika. Une chose que la masse populaire voudrait éviter, c’est toujours cette opacité dans la gouvernance et ce jeu trouble, presqu’incestueux, entre la grande muette algérienne et la classe politique.
Et d’ailleurs, les Algériens devront répondre assez vite à une question épineuse. L’armée peut-elle définitivement quitter l’arène de la gouvernance ?
Sur le plan de l’orthodoxie institutionnelle, l’armée n’est que le bras exécutant des gouvernants. De ce fait, elle ne peut être associée à aucun cercle de prise de décision politique. Toutefois, l’Algérie a sa propre histoire. Changer de système, du jour au lendemain, sans penser le bon système adéquat pour le pays, pourrait tuer dans l’œuf les nobles revendications de la population. D’autant plus que les vieux corbeaux de l’ancien régime rodent toujours autour, et n’entendent pas lâcher si facilement le morceau. Justement, Gaid en fait partie, lui qui voudrait se refaire une virginité, après avoir fait semblant d’être celui-là qui força la main à Boutef pour laisser le pouvoir. Mais, pourquoi ne l’a-t-il pas fait plutôt, pour l’intérêt du peuple ? Lui aussi, il est d’un certain âge, et devrait céder le fauteuil à plus jeune que lui.
Au Mali, l’on connait tout un rayon sur une révolution qui semble avoir réussi par l’éviction du « bandit chef », et qui, des années plus tard, faute de vigilance et surtout d’avoir pensé le système politique et institutionnel adéquat pour le pays, déshonore le noble esprit de l’initiative populaire.
Le peuple algérien est averti. Il a eu cette chance que sa révolution survienne, pratiquement, après celle des autres. A lui maintenant, de poursuivre le chemin avec le seul intérêt de la nation en ligne de mire.
Ahmed M. Thiam
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