Dégâts incommensurables sur l’environnement, accidents, insécurité et pertes en vies humaines. L’orpaillage, à Misséni (Kadiolo) a un visage plus que sombre.
La forêt classée que partagent les villages de Lougani, Massiogo et Kébéni dans la commune rurale de Misseni (cercle de Kadiolo) est fortement menacée aujourd’hui par l’orpaillage. Cette réserve forestière est envahie par des milliers d’aventuriers à la recherche de métal jaune. Située au bord du fleuve Bagoé qui matérialise la frontière entre notre pays et la Côte d’Ivoire, cette forêt a été classée en 1986.
Symbole de richesse, l’or suscite la convoitise des entreprises étrangères et des orpailleurs dans la localité. Cependant, cette convoitise ne se fait pas sans dégâts majeurs. Des chercheurs d’or «ambulants», qui venaient des pays frontaliers, munis de leurs détecteurs de métaux et en collaboration avec les orpailleurs autochtones, creusent et fouillent dans le rougeâtre sol de Misseni, déracinant au passage des centaines d’arbres, dans leur effrénée quête du métal précieux. Résultats : un écosystème malmené, des trous béants dans la forêt, une déforestation avancée, un sol fortement endommagé, entre autres.
Sols détruits, flore malmené
« Les gros arbres de 100 ans en font les frais de ces « fous de l’or ». De plus, les orpailleurs cherchent de l’or dans des sols ferrugineux et tropicaux. Leur formation prend au moins 400 ans. Mais l’on constate que leur destruction se fait en juste deux semaines. C’est un problème.», explique un agent des eaux et forêts, meurtri par le spectacle désolant qu’ont laissé derrière eux, les orpailleurs.
Des vies ensevelies dans les puits
Dans ces sites d’orpaillage, ce ne sont pas les accidents qui manquent. En effet, des éboulements de terrain entrainant très souvent mort d’homme y sont fréquents. «Pendant l’hivernage, il y a des problèmes d’éboulement. Il y a même des morts. Des gens perdent leur vie quand ils descendent dans les puits aurifères», a ajouté l’inspecteur des eaux et forêts.
Délinquance et insécurité, les gros problèmes
Les sites d’orpaillages c’est aussi une délinquance inquiétante. En effet, l’affluence de toutes sortes de nationalités vers les sites d’orpaillage, a eu un impact négatif sur la sécurité. «On est à côté de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Partout où il y a orpaillage, il y a délinquance et s’il y a délinquance il faut y avoir de la sécurité.
Le Ministre de l’environnement : «C’est extrêmement préoccupant»
Les dégâts causés par les orpailleurs sur l’environnement à Misseni et dans les autres forêts classées du Mali, pousse la ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du Développement durable, Kéita Aida M’BO, a être très actif sur le terrain, pour parer à l’urgence par la sensibilisation. De son avis, la situation est très préoccupante. «Nous avons visité les sites traditionnels d’orpaillage, nous avons vu et constaté effectivement comment l’environnement a été dégradé. Des trous, des arbres complètement déracinés. C’est extrêmement préoccupant», a déclaré la ministre, lors de son voyage dans la région de Sikasso en octobre 2018. De son avis, les conditions dans lesquelles l’exploitation traditionnelle de l’or se fait sont extrêmement difficiles pour l’environnement. Et après la décision prise par le gouverneur d’arrêter l’exploitation sur les sites d’orpaillage, les autorités évaluent pour le moment afin de voir dans quelle piste s’engager. Selon le ministre, tout sera réorganisé et l’Etat encouragera surtout des activités respectueuses de la ressource. «Notre objectif c’est de laisser les activités de développement continuer, mais en préservant l’environnement. C’est cet équilibre difficile que nous cherchons», a-t-elle expliqué.
Nous sommes également responsables de ces conséquences désastreuses. Alors, que pouvons-nous faire à notre échelle pour changer cela ?