Le MNLA qui est loin de Bamako à travers ses troupes installées dans la région de Kidal et dans d’autres localités du nord, a bien profité du chaos résignant dans le pays depuis la fin de la présidentielle. Il vient de montrer que la récupération de Kidal n’est plus une priorité pour le Mali dont les responsables n’arrivent pas à s’entendre pour que l’accord d’Alger soit appliqué.
Au moment où l’on se bouffe le nez à Bamako, le MNLA a fêté l’anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Azawad le 6 avril. Les images de cette célébration ont choqué plusieurs personnes à Bamako. Désormais, la voie semble toute tracée pour le MNLA de s’affranchir du giron malien à cause de la guéguerre entre politiques dans la capitale où s’affrontent le pouvoir et l’opposition.
D’ailleurs, le blocage de l’application de cet accord est en partie lié à la mésentente entre le pouvoir et le reste de la classe politique sans oublier la société civile. Cette incompréhension entre Maliens à Bamako arrange le MNLA qui n’est pas du tout inquiété depuis la signature de l’accord d’Alger à travers lequel les groupes armés reconnaissent l’intégrité du territoire malien. Cette énième provocation du MNLA dévoile l’impuissance de Bamako à venir à bout des groupes armés protégés par la communauté internationale. Grâce à l’impuissance de la capitale, des milices armées contrôlent une bonne partie du territoire national avec la bénédiction des forces des Nations Unies, alors que l’on raconte à Bamako que l’Etat est la seule force habilitée à sécuriser la population.
Mieux, on est arrivé à faire oublier Kidal aux Maliens avec l’instrumentalisation des conflits locaux entre éleveurs et agriculteurs dans le centre. La célébration de l’anniversaire de la déclaration l’indépendance de l’Azawad est la preuve que le conflit dans la région de Mopti n’est qu’un cheval de Troie destiné à détourner l’attention de la population de Kidal et des régions du nord du pays comme Tombouctou et Gao. Autre preuve de la connexion mafieuse entre le MNLA et certains groupes armés du centre, c’est l’existence de relations de travail entre Bilal Ag Cherif et certains chefs de milice de la région de Mopti. Et ces relations ne datent pas d’aujourd’hui. Les milices du centre qui ne se réclament pas d’Amadou Koufa, fières d’être laïques, possèdent le numéro de téléphone des responsables du MNLA dont celui de Bilal Ag Cherif.
Si la région de Mopti est dans la tourmente aujourd’hui, c’est bien à cause du MNLA qui a d’abord essayé de gagner du terrain en faisant recours à ces milices. Cette instabilité a favorisé l’installation d’Amadou Koufa qui était caché comme tant d’autres membres des groupes djihadistes ayant occupé le nord du pays. Comme on dit : la nature a horreur du vide.
Dougoufana Kéita