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Accusé de corruption : Le Sam et le Sylima réclament la tête de Nouhoum Tapyli
Publié le mercredi 10 avril 2019  |  Mali Tribune
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse du syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA
Bamako, le 10 octobre 2018 le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement
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Suite à sa plainte contre le président du patronat, pour des dénonciations de fraude, Nouhoum Tapily n’aura aucune solidarité de corps de la part du Syndicat libre de la magistrature (Sylima) et du Syndicat autonome de la magistrature (Sam). Au contraire, après un communiqué de presse diffusé il y a une dizaine de jours dans ce sens, le président du Sylima parlant au nom de ses camarades, invite dans une vidéo M. Tapily à la démission pour la crédibilité du procès qu’il a intenté contre Mamadou Sinsy Coulibaly.

Dans une vidéo non datée, Hady Macky Sall, président du Sylima se prononce sur la désormais affaire de dénonciation de fraude faite à l’encontre de Nouhoum Tapily, président de la Cour suprême, par le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Pour rappel, lors d’une conférence de presse au siège du patronat, le 15 mars 2019, sur le thème de la lutte contre la corruption au Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly avait qualifié M. Tapily de “fonctionnaire le plus corrompu du Mali”. Il avait par la même occasion promis de livrer une chasse aux corrompus en affirmant qu’il y a 1600 fonctionnaires corrompus tout en se proposant de publier prochainement la liste des 200 plus corrompus parmi eux et de les pousser à la démission.

“[…]. Nous en tant que syndicat de la magistrature, nous avons l’obligation, tel qu’il est exigé par notre profession, de rester neutre. D’observer la situation. Notre fonction nous impose cette posture. Ce n’est pas parce qu’une des parties mises en cause est magistrate que nous devrons prendre position en sa faveur. Il est de notre ligne directrice la lutte contre la corruption. Nous estimons que tout Malien qui peut concourir à cette lutte doit la faire.

Parce c’est comme cela que le pays peut avancer. Aucun pays ne peut se construire si la corruption atteint certaines proportions, malheureusement. C’est la corruption qui peut empêcher la création d’emplois pour les jeunes, la revalorisation du salaire des travailleurs. Nous sommes des syndicats et nous avons intérêt à faire de cette lutte contre la corruption, notre cheval de bataille. Nous sommes dans cette logique, nous avons marqué notre neutralité surtout, notre impartialité par rapport aux deux protagonistes en présence (le président du patronat et celui de la Cour suprême).

Là je me permets de parler du Syndicat autonome de la magistrature (Sam), parce que nous avons fait une réunion conjointe à propos et nous avons la même position sur cette affaire. Nous estimons qu’en tant que bons juges, nous devons rester neutres et nous avons demandé à chacun de nos militants de garder ses distances, de ne pas prendre partie et de rester des juges loyaux. […]. A mon avis personnel, en tant magistrat, en tant que syndicaliste, moi je vais demander à M. le président de la Cour suprême, de démissionner. Ce serait bon pour le crédit même de l’institution judiciaire. Nous sommes des syndicalistes, nous avons intérêt à ce que ce crédit soit renforcé. Imaginez un instant que M. Nouhoum Tapyli gagne ce procès en tant que président de la Cour suprême, beaucoup vont penser que s’il l’a gagné c’est parce qu’il est le président de la Cour suprême et cette procédure peut aller jusqu’à la Cour suprême. Lui en tant que président de cette Cour, forcément il aura une influence sur la procédure. C’est pourquoi nous voulons, moi je veux personnellement que M. Tapyli, pour le crédit de la magistrature s’il aime le pays, s’il aime la magistrature, je lui demande de démissionner. Ce serait bon pour l’appareil judiciaire tout entier et courageux de sa part. Dans les pays européens c’est comme ça que ça se passe. Si vous êtes l’objet d’une telle accusation, vous démissionnez d’abord ensuite vous portez plainte. Surtout lui sa posture au sein de l’appareil judiciaire, en tant que premier responsable, fait que le procès risque d’être déséquilibré en sa faveur malheureusement. C’est pourquoi, je souhaite que pour le bien de la magistrature, M. Tapily doit démissionner”. Telle est l’ossature des propos tenus par M. Sall dans la vidéo en question.

En plus de la neutralité réaffirmée de la part des deux syndicats, qui vont jusqu’à demander à M. Tapily de rendre le tablier, il y a dans les propos de M. Sall un engagement fort en faveur de la lutte contre la corruption dans notre pays même si cela concerne un d’entre eux. Il en appelle à ses camardes militants dans cette voie puisque selon lui, “seule cette lutte contre la corruption peut aider à créer des emplois, revaloriser les salaires des fonctionnaires”. Ce dernier point constituait d’ailleurs leur principale revendication portant augmentation de salaires et primes lors de leur grève de deux mois observée en fin 2018. A l’opposée du bureau de la Cour suprême et du président de la Référence syndicale des magistrats (Refsyma), dirigé par Cheick Mohamed Chérif Koné, (qui soutenaient mordicus M. Tapyli), le Sam et le Sylima restent fermes sur leur position.

L’appel à la démission accompagné de toute la leçon de déontologie lancée au président de la Cour suprême sera-t-elle entendue par celui-ci ? M. Tapily va-t-il sacrifier à la voie suivie par son homologue du Nigeria qui vient de se démettre suite aux mêmes dénonciations de fraude ? Nous avons hâte de connaître la suite.

Abdrahamane Dicko

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