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Demande sociale : Si IBK pouvait comprendre l’appel de son peuple
Publié le jeudi 11 avril 2019  |  Soleil Hebdo
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Malgré la marche populaire du vendredi dernier et les nombreux appels des hauts dignitaires religieux, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta ne semble pas prêt à réagir dans le sens de l’apaisement. Les conclusions de sa rencontre avec le bureau national de la Limama (Ligue des Imams du Mali), dirigé par El Hadj Fodé Cissé, dans l’après-midi du samedi 6 avril, et les confessions religieuses lundi dernier, n’en disent pas en tout cas le contraire. « Le chef du gouvernement et moi-même, sommes en gestion d’un pays qui se débat aujourd’hui comme beaucoup de pays d’ailleurs du monde et dans des difficultés d’existence liées à l’environnement international », lâche-t-il.

Les échanges entre président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, la Ligue des Imams du Mali et les autres confessions religieuses ont porté sur la situation sécuritaire actuelle du pays et la dégradation des mœurs dans un moment difficile que traverse le Mali.

Comme on pouvait s’y attendre, la Limama a réaffirmé son soutien total au président de la République et l’a assuré de ses bénédictions et prières pour ramener la paix et la quiétude dans le pays.

A l’issue de la rencontre, le chef de l’Etat s’est exprimé devant ses invités pour les remercier: « Je me réjouis d’abord que les imams du Mali aient souhaité me rencontrer, et surtout au lendemain d’une journée d’effervescence autour de laquelle beaucoup de choses ont été entendues, parmi lesquelles certaines déclarations fortes, certains slogans et surtout des déclarations désobligeantes pour nos amis en soucis du Mali aujourd’hui, tous ceux-là qui sont aujourd’hui à nos côtés pour combattre le terrorisme au Mali . Et j’ai tenu donc à attirer l’attention des Maliens, à travers les imams sur ce fait très simple, qui est un principe de criminologie très simple, à qui profite le crime ? Qui est gêné par la présence de la Minusma et des troupes françaises », s’interroge-t-il.



« En tout cas en ce qui nous concerne nous, le chef du gouvernement et moi-même, sommes en gestion d’un pays indépendant, d’un pays souverain, d’un pays qui se débat aujourd’hui comme beaucoup de pays d’ailleurs du monde et dans des difficultés d’existence liées à l’environnement international, liées à l’évolution écologique qui est un défi climatique et également aussi qui fait face à l’agression terroriste d’un genre nouveau dont nous n’avons pas lieu d’ailleurs d’être rassurés jusqu’à présent parce que l’évolution dans un pays ami frère, la Libye, n’est pas rassurante . Alors quand on voit cela et qu’au dedans on veuille maintenant monter les forces nationales contre elles-mêmes, on se pose des questions. J’appelle les Maliens à la vigilance et à l’intelligence, je suis tranquille, très tranquille, c’est de ça qu’il s’agit. Il s’agit de détourner l’attention nationale mais à l’essentiel aujourd’hui l’union nationale en vue de bouter hors de notre pays le terrorisme. Et ce terrorisme-là qui a des alliés qu’on ne soupçonne pas, et cet allié-là est aujourd’hui quelque part en train de subvertir et de faire en sorte que de l’intérieur nous nous combattions nous-mêmes. Le cheval de Troie a existé, qu’on se souvienne de l’histoire, quand Troie a offert une résistance héroïque, quand Troie a été inexpugnable, on y a introduit un cheval à l’intérieur duquel il y avait des guerriers qui, la nuit venue, se sont mis à prendre la ville de l’intérieur. Qu’on fasse attention, je ne voudrais pas dire autre chose mais que l’on ne se trompe pas d’ennemi, en tout cas nous, en charge du pays aujourd’hui, ne nous trompons pas d’ennemi pour le bonheur du Malien, pour le plus grand honneur du Malien, nous ne nous tromperons pas d’ennemi. Et nous demandons à nos concitoyens de nous faire confiance, nous sommes en mission de protection du pays, en mission de défense du pays et nous y sommes attelés par toutes les voies, par tous les moyens, c’est de ça qu’il s’agit et c’est ça la vérité. Tout autre discours est mensonger et poursuit d’autre but. Qu’il appartient aux Maliens d’ouvrir les yeux pour comprendre de quoi il s’agit. Nul n’arrivera à subvertir le Mali, à le prendre de l’intérieur, nul. Prétendre qu’Ogossagou nous aurait laissés indifférents est une infamie, une ignominie de la pire espèce. Je crois que l’échange avec les imams était requis et pour notre part en tout cas, c’est encore une des chances de ce pays-là, que quand les moments de difficultés arrivent, quand les incompréhensions veulent s’installer, qu’il y ait des autorités morales aussi importantes pour se lever et se mettre en branle pour aller chercher la vérité et savoir comment se guider, c’est une chance pour le Mali ».



Les membres de la Limama sont en quelque sorte les gardiens de la société, de la communauté. Ils ont fait des bénédictions et des prières pour le Mali, pour le chef de l’Etat dans un Mali en paix et où les populations vont continuer à vivre ensemble dans la quiétude.

Les échanges se sont déroulés en présence du ministre des Affaires religieuses et du Culte, du ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, du ministre Directeur de Cabinet du chef de l’Etat, du chef de Cabinet du chef de l’Etat et du Chargé de mission en charge des questions de société.

C’est dans ce même cadre que le président a reçu les confessions religieuses lundi. Les lignes n’ont pas bougé d’un iota. Les vrais acteurs qui devraient intervenir sur la situation ont été superbement ignorés. Comme une comédie digne d’un cinéma grec, les mêmes acteurs ont été invités au pupitre pour chanter le roi du jour. La question sur le départ du PM n’a pas été l’objet de débat. Pourtant, l’homme de main du président est décrié.

Des milliers de manifestants ont dénoncé la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance au Mali ; la tension était montée d’un cran sur les réseaux sociaux autour de la marche.

Dans sa courte intervention, l’imam Mahmoud Dicko a dénoncé la gouvernance du régime d’IBK, la situation sécuritaire au centre du Mali avant d’appeler les Peulhs et les Dogons à la réconciliation. « Mes frères Peulhs, la vengeance n’est pas la solution, mes frères Dogons, il faut déposer les armes » a-t-il déclaré.

Soumeylou combattu par les siens

L’honorable Diarrassouba, membre du parti au pouvoir, le RPM, et 1er questeur de l’Assemblée nationale, a expressément demandé le remplacement du gouvernement par une nouvelle équipe dont la base politique et sociale serait élargie. « Le gouvernement doit être revu afin d’élargir sa base sociale. Il ne peut pas nous conduire aux réformes. Nous l’avons dit depuis des mois. Transmettez le message à qui de droit » C’est le seul message qu’il avait pour le général Salif Traoré, interpellé à l’Hémicycle le 3 avril 2019, pour s’expliquer sur le massacre des civils à Ogossagou. Et le baron du parti au pouvoir de demander au général Traoré de bien vouloir transmettre cette requête à qui de droit afin que le pays surmonte les difficultés actuelles. «On ne peut aller nulle part avec ce gouvernement », a déclaré le député qui estime que la profondeur des blessures de la nation nécessite l’implication de plusieurs sensibilités dans la gestion du pays, tiraillé entre insécurité et instabilité politique. Selon le député élu à Dioïla, le remplacement du gouvernement par une nouvelle équipe doit se faire dans les plus brefs délais. Et il ne plaisantait pas, à en juger par l’air grave qu’il affichait en demandant au ministre de la Sécurité intérieur de transmettre son message au patron qu’il n’a pas cité : le président de la République IBK. D’autres députés de la majorité présidentielle se sont exprimés dans la même veine en sollicitant l’ouverture d’un dialogue national désigné sous plusieurs vocabulaires. Il s’agit de rassembler les Maliens afin de parler des solutions, quitte à s’insulter ; arriver à une feuille de route consensuelle sur la façon de gouverner le pays est plus que jamais une urgence, selon des députés proches du pouvoir. Par ailleurs, l’actualité ne joue pas en faveur de l’équipe de Soumeylou Boubèye Maïga qui est pointé du doigt dans la crispation du climat politique et social du pays.

Le fait de vouloir interdire de la marche des religieux du vendredi dont les conséquences étaient imprévisibles et la paralysie des négociations avec les syndicats grévistes de l’enseignement et des DFM sont autant de sujets qui vont à l’encontre du gouvernement actuel. Déterminée à ne pas aller au suicide avec le Premier ministre et son équipe, les députés de la majorité ont décidé de lâcher leur gouvernement. Et dire que la scène politique est décrispée. C’est dormir débout.

Zan Diarra
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