Les 31 mars et 06 avril 2019, la Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires de la MINUSMA (SAJP), en partenariat avec et l’ONG WILDAF (Women in Law and Developement in Afirica), a soutenu l’organisation de deux conférences débats entre les acteurs de la chaîne pénale et les représentants de la société civile de Tombouctou, sur le fonctionnement de la justice d’une part et l’humanisation des conditions de détention d’autre part. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur la justice dans la région de Tombouctou, officiellement lancée le 21 juillet 2018, au Tribunal de Grande Instance de Tombouctou.
Financée à travers le fond de consolidation de la paix « TRUST FUND » de la MINUSMA, une plateforme réunissant tous les maillons de la chaîne pénale à savoir la police, la gendarmerie, la justice et l’administration pénitentiaire, a été mise en œuvre par le Cadre de concertation des acteurs de la chaîne pénale de Tombouctou. Cette action vise la justice plus accessible aux populations de la région, en particulier les femmes. Elle a également pour but d’accroitre la confiance des populations envers la justice, afin de renforcer l’Etat de droit dans cette zone.
Les deux conférences se sont déroulées au Centre Ahmed Baba, réunissant au total près de 200 personnes dont 83 femmes. Les autorités judiciaires, administratives, religieuses et coutumières ainsi que des représentants de la MINUSMA y ont également pris part.
La première conférence, coanimée par le Président du Tribunal de Grande Instance (TGI), le Substitut du Procureur de la République et le Juge d’instruction, a porté sur les modes des saisines des tribunaux en matière civile et pénale. La seconde quant à elle, s’est focalisée sur les conditions légales et réglementaires de la détention, les règles Mandela ou les règles minima des Nations Unies, pour le traitement des détenus, le rôle de l’administration pénitentiaire dans la promotion des activités de préparation à la réinsertion sociale et économique des détenus, ainsi que les droits des mineurs en détention.
Au cours de ces deux journées d’échanges entre les acteurs de la chaine et les membres de la société civile ainsi que des responsables administratifs et les leaders religieux, ont aussi permis de discuter sur les maux qui minent le système judiciaire comme la corruption, l’impunité, l’ignorance des procédures, ou encore, l’assistance judiciaire.
Lors des débats, les autorités judiciaires ont invité les représentants des communautés à saisir la justice librement et à briser la méfiance qu’ils ont à l’égard de cette institution. « Venez vers la justice, essayez de voir ce qui s’y passe, vous serez agréablement surpris ! » a commenté Amadou Boubou Diallo, Président du TGI. Soulignant aussi dans son intervention, l’importance de la justice dans le rétablissement de la paix. « Pas de justice, pas de Paix », a-t-il déclaré !
Cette initiative a éclairé les communautés sur les questions de la justice et les droits des détenus. « Cette rencontre permettra de briser la peur que les populations ont envers la justice, cela les incitera à pouvoir déposer leur requête ou plainte en cas de besoin, afin d’être dans leurs droits, » a déclaré Mahamane SANGARE, l’un des jeunes leaders présents.