Rien ne va plus entre le Président de la République et sa propre formation politique, qui se trouve être majoritaire à l’Assemblée Nationale. Les militants et cadres du RPM ne cachent plus leurs frustrations de voir celui qu’ils ont porté à deux reprises à la haute marche de la République, se comporter comme un roi en les reléguant au second plan. C’est pourquoi ils ont décidé de monter sur leurs grands chevaux en dénonçant la gestion clanico – familiale et en exigeant de leur camarade, Président de la République, de rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard. Mécontent des remontrances, IBK aurait menacé de dissoudre l’Assemblée Nationale. En le faisant, ne va-t-il pas ajouter une crise à d’autres ?Quelles pourraient être les conséquences de cet acte ?
Décidemment, le Président de la République est dans une mauvaise posture ces derniers temps. Critiqué de toutes parts pour sa mauvaise gestion par ses adversaires, il semble avoir un nouvel adversaire plus nuisible que les premiers, parce que provenant de son propre camp. Le Rassemblement pour le Mali ; RPM ; qui est le parti politique d’IBK, après plus de cinq ans d’attentisme, a décidé de donner de la voixen rappelant à IBK de changer de politique et de cesser de gérer le Mali selon sa bonne humeur et avec le cercle familial et clanique. C’est pourquoi, ses députés, qui ont longtemps soutenu le Gouvernement, ont décidé de ne plus avaler n’importe quelle couleuvre, au risque de signer leur propre arrêt de mort politique après IBK.En phase avec le parti, ils demandent aujourd’hui le départ du gouvernement et la nomination d’un militant bon teint du RPM, comme cela est de règle dans toutes les grandes démocraties à travers le monde. Les députés menacent même de déposer une motion de censure s’ils n’ont pas satisfaction dans un plus bref délai.
C’est face à cette fronde, et pris de colère comme à son habitude, qu’IBK aurait menacé de dissoudre l’Assemblée Nationale, pour régler son compte avec les députés rebelles de son camp. Hypothèse suicidaire ? Certainement qu’il aurait agi sous le coup de l’émotion et qu’il faudrait mettre cette réaction dans le cadre d’une simple menace, comme Alpha Oumar Konaré l’a fait en son temps, quand il a voulu changer de Premier ministre et qu’il a été butté à la farouche opposition des députés de l’ADEMA. C’est juste une menace pour faire plier les récalcitrants comme Mohamed Tounkara, sinon les conséquences seront énormes et le Mali risque de s’enliser dans une crise sans précèdent.
Une dissolution de l’Assemblée Nationale en ce moment critique de la vie de la nation, engendrerait une fracture sévère entre les partis de la majorité, fragiliserait le RPM et ferait changer la majorité de camp. IBK risquerait une cohabitation avec la Majorité que le Peuple lui donnerait. Va-t-il accepter de partager le pouvoir avec une nouvelle Majorité qui lui serait hostile ? Si d’aventure il s’opposait à un partage de pouvoir, le Mali connaitrait le même scénario qu’au Niger ce qui pourrait pousser l’armée à prendre ses responsabilités en mettant fin à la cacophonie.La conséquence la plus immédiate serait l’organisation d’une nouvelle élection dans les trois mois qui suivront la dissolution de l’Assemblée conformément à la Constitution. Par ce temps d’incertitude et de vaches maigres, d’où est ce que le gouvernement va tirer de l’argent ?
En définitive,le Président de la République doit jouer à l’apaisement comme il s’y était engagé depuis le début de son quinquennat, même si ça ne lui réussit pas pour le moment.