Bamako avait déjà connu son vendredi noir. C’était le 22 mars 1991. Sous les tirs des mitraillettes et les éclats d’obus, la ville s’était retrouvée à feu et à sang. Quatre jours plus tard, le régime du Général Moussa Traoré était balayé par un coup d’Etat militaire.
Deux ans après, le lundi 5 Avril, la ville a renoué avec la même atmosphère insurrectionnelle. Sauf que les élèves étaient seuls dans les rues. Et qu’il n’y a pas eu, non plus, d’hécatombes. Mais les dégâts matériels sont lourds. Et il faudra du temps-et-beaucoup d’argent pour les réparer. Le gouvernement doit en tirer les leçons pour que, plus jamais, cela ne se répète. Le Mali n’en a pas besoin. Sa jeune démocratie encore moins.
Amadou Béidy Haïdara –Le Républicain du 7 avril 1993
Aveu de… nuit blanche
Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta aurait déclaré lors de la rencontre avec les chefs religieux le 8 avril que son Premier ministre et lui-même n’ont pas fermé l’oeil la veille de cette marche qui a mobilisé des milliers et des milliers de personnes. « ….Rien ne sert de cacher que la semaine dernière a été une semaine d’angoisse pour les Maliens ! Surtout avec toutes les annonces qui avaient été faites, on avait craint un vendredi sombre, très sombre. Heureusement que ceux qui ont voulus marcher ont marché dans les règles de l’art et nos forces de l’ordre ont fait leur travail avec professionnalisme…. aussi les organisateurs ont su encadrer la marche…. ».
La marche de ce vendredi 12 avril annulée…
L’Imam Mahmoud Dicko avait annoncé une marche chaque vendredi jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. La menace n’est pas tombée dans des oreilles de sourds.
Parties à la rencontre de l’Imam Dicko, les familles fondatrices de Bamako l’ont apparemment su le persuader à sursoir à ces manifs. En contrepartie, elles devaient rencontrer le président avec les exigences de l’imam et des siens. Plus rien n’a filtré de ces pourparlers