Jusqu’où s’arrêtera Mohamed Ould Cheicknè dit M’Bouillé dans sa croisade contre Ibrahim Boubacar Keïta et son régime ? Difficile, sinon impossible, pour l’instant de répondre à cette question.
Mais une certitude: le leader religieux n’est pas un homme à abandonner une bataille. Et dès le départ, à certains membres de son entourage et à d’autres fidèles, il avait dit ceci: « Si l’on engage cette bataille (contre Ibrahim), il ne sera nullement question d’abandonner avant l’issue finale ».
Le vendredi dernier, M’Bouillé a animé une prêche dans sa Zawia à Nioro du Sahel. Un seul sujet abordé : son désaccord avec IBK. Plus déterminé que jamais, le leader religieux a affirmé qu’il ira jusqu’au bout !
Au cours de cette sortie musclée contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, M’Bouillé a d’abord rendu un vibrant hommage à son père Cheick Hamaoula plus connu sous le nom de Cheikh Hamallah Haïdara, un saint homme de la tribu des Ahel Moh’ammad Sidi Chérif de Tichitt (Mauritanie).
Abordant le sujet du jour, Mohamed Ould Cheicknè a rappelé à l’assistance le soutien matériel et moral qu’il avait apporté au candidat IBK pendant la campagne présidentielle de l’année 2013. « En 2013, nous avions décidé de nous impliquer dans la gestion des affaires publiques, en conjuguant nos efforts à soutenir IBK au scrutin présidentiel. Mais hélas nous nous sommes trompés sur la personne», a déclaré M’Bouillé.
Et pour être plus on peu plus précis sur son engagement dans cette bataille, qui ne date pas d’aujourd’hui, le leader religieux a souligné à son auditoire : « C’est pourquoi pendant la 3è année de son mandat, j’ai décidé de retirer toute ma confiance en lui pour n’est pas pour être complice de sa mauvaise gouvernance ». Le chérif M’Bouillé ajoute : « En 2018, j’ai décidé de soutenir la candidature d’une autre personne pour qu’il sache que je suis contre lui. Vous vous rappelez pendant la campagne présidentielle une partie de ma famille a été victime d’une attaque terroriste dans la zone de Nara, et je parle sans complexe.
Cette attaque a été orchestrée et perpétrée par le fils du président Karim en collaboration avec le fils de Tiékoro Bagayoko, Mohamed. Leur intention était de faire croire que l’attaque était l’œuvre de la Katiba de Macina Amadou Kouffa… ». M’Bouillé sur sa lancée a tenu à préciser sa cible. Pour lui, c’est Ibrahim Boubacar Keïta. A ce sujet le chérif de Nioro déclare : « Mon combat n’est plus Soumeylou B Maïga, mais plutôt IBK. Nous avons donné une lourde tâche à IBK par erreur. Je vous donne un exemple. Quand tu as une Mercedes de 10 tonnes, elle peut supporter le poids de 5 à 10 tonnes, et si tu mets 10 tonnes dans une R 12 le résultat donne quoi ? IBK est une R 12 et non une 10 tonnes ». Des propos accueillis des ovations de nombreux fidèles présent à la Zawia.
Le message fort livré, le vendredi dernier à Nioro, et qui a galvanisé les fidèles du guide religieux de la communauté hamalliste fut ceci : « Mais j’ai juré au nom de tous ceux qui me sont chers que si je dois vivre aujourd’hui, une semaine, un mois, une année, je ferai tomber IBK avant la fin de son mandat ».
Pour rappel : le vendredi 5 avril dernier, aux environs de 13 heures à Nioro du Sahel. Le chérif Mohamed Ould Cheicknè était à la tête d’une grande mobilisation, en synchronisation à celle de Bamako. Du jamais vu ! Cette scène illustrait, sans doute, la détermination et l’engagement du chérif M’Bouillé à poursuivre son combat contre IBK et son régime. Ainsi, le chérif s’était adressé à ses fidèles quelques minutes après, à la Zawiya de Nioro. Pour lui, « le combat contre IBK et son régime ne fait que commencer… ».
Bien avant ces deux manifestations, le vendredi dernier et celle du 10 février, le chérif de Nioro du Sahel, avait tenu le mardi 2 avril dernier, une Assemblée générale d’informations dans sa Zawia. De nombreux fidèles de Nioro et mêmes des localités environnantes y ont assisté. Menu ? La marche projetée à Bamako, le vendredi 05 avril. Ainsi, M’Bouillé avait (encore) réaffirmé son engagement à soutenir la marche et au-delà toutes les actions visant à ” combattre le régime en place”. ” Je ne céderait à aucune pression, ni financière ni morale.”, avait déclaré le chérif. Pour lui ” le combat en cours ne s’arrêtera jamais sans aboutir..”. Aussi, il avait exhorté ses fidèles à se tenir prêt…
Mêmes propos de M’Bouillé lors du grand rassemblement du 10 février 2019 au Stade du 26 mars. En effet, le cherif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheicknè et l’imam Dicko avaient, déjà, donné un premier ultimatum au président IBK. Les deux leaders religieux avaient exigé le limogeage du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Cette exigence formulé par le chérif de Nioro, M’Boullé avait été fortement appuyé par Dicko.
L’envoyé de M’Boullé, avait transmis à l’assistance le message sans équivoque : le Cherif Haïdara réclame le départ immédiat du Premier ministre ! Le Cherif de Nioro a précisé : «Je n’étais pas avec IBK pendant la campagne, je ne suis pas avec lui aujourd’hui et je ne serai pas avec lui demain». Cependant, ajoute le guide religieux, IBK n’a d’autre choix que de faire partir son Premier ministre. «IBK doit sauver son pouvoir et son pays. Mais, le chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga doit partir», a rapporté le porte-parole du leader religieux. Avant de poursuivre : « Si le président entend ce qu’il dit, tant mieux et s’il n’entend pas aussi, le jour où les musulmans vont se lever, il n’aura plus de choix»…
Par ailleurs, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique (HCI) était à Nioro, le week-end dernier. Au cours de ce déplacement, l’imam a échangé avec le chérif M’Bouillé sur la suite à donner à la contestation. A ce sujet, les deux leaders religieux avaient accepté, suite à des médiations de notabilités de Bamako, d’annuler la marche projetée le vendredi dernier.