Pour éclairer l’opinion nationale sur son refus de se présenter à l’invitation du président de la République pour la cérémonie de remise officielle de l’avant-projet de loi portant révision constitutionnelle le jeudi 11 avril 2019, la coalition des forces patriotiques, COFOP, a animé un point de presse au siège de RAMATA-Plus à Faladié IJA. Étaient présents pour l’occasion le secrétaire général du parti CODEM, l’honorable Alhassane Abba et les secrétaires politiques des partis SADI, et union ‘’an ka bolo di gnongon ma’’, respectivement messieurs Babarou Bocoum et Mamadou Tounkara.
Le regroupement des partis politiques et associations au sein de la COFOP a, en réponse à la correspondance No 0002/PR-CAB de la présidence du 10 avril 2019, déclaré son refus catégorique de prendre part à cette phase du processus qu’il avait déjà récusé dès le départ. D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une rencontre d’échanges, de pourparlers ou de partage d’idées, mais plutôt d’une présentation d’un produit déjà fini au cours d’une cérémonie bien garnie comme son nom l’indiquait dans la lettre d’invitation. Les partis membres de la COFOP ont estimé donc que cette rencontre était une façon d’ouvrir une nouvelle séquence politique en vue de détourner l’attention de la population sur les problèmes essentiels du moment. Ces problèmes, au-delà des crises sécuritaires du nord et du centre qui se sont dégénérés et étendues considérablement, d’autres crises socioéconomiques ont également asphyxié tous les domaines du service public de l’État dont les conséquences la plus récente, la crise de l’éducation. Des cumules de problèmes qui ont donné lieu au rassemblement historique du 5 avril dernier auquel a pris part massivement la COFOP suite à l’appel du président du haut conseil islamique Cheick Mahmoud Dicko et le Cherif de Nioro, Mohammed Ould Ckeichna dit M’bouillé. Selon la COFOP, le chef de l’État, au lieu de réagir avec un discours rassembleur adressé à la nation pour une solution de décrispation de la situation, s’adonne plutôt à un jeu de détournement de l’attention avec le projet de réforme constitutionnelle qui a pour but de créer une source de division. C’est pourquoi le regroupement des partis politiques et associations de la COFOP a qualifié la cérémonie de Koulouba, le jeudi, autour de l’avant-projet de loi portant sur la révision de la constitution du 25 février 1992 comme un non-évènement. Le secrétaire politique du parti SADI, membre de la COFOP, monsieur Babarou Bocoum reconnait dans son allocution que la réforme constitutionnelle est certes une nécessité pour conformer le texte au temps et aux besoins actuels du Mali, mais que ce n’est ni le moment ni la façon, encore moins les acteurs impliqués pour participer au processus de ladite reforme. Il dira que cette constitution dont il est question de réviser a d’ailleurs, tout le temps, été violée par les acteurs en charge de sa révision particulièrement dans la prolongation du mandat de l’assemblée sous sa forme, et aussi, au niveau du fonctionnement de la cour constitutionnelle. Une chose qui leur ôte, selon lui, toute crédibilité pour porter un projet de révision constitutionnelle qui aura des incidences majeures sur la vie de la population aujourd’hui et demain. Quant à l’honorable Alhassane Abba, secrétaire général du parti CODEM, membre de la COFOP, il affirme que prendre part à cette cérémonie était synonyme d’être demain moralement responsable d’une situation quelconque qui ne serait pas pardonnable. Selon lui, il est très urgent que l’État s’attaque aux vrais problèmes des Maliens d’autant plus qu’il a un compte à rendre au peuple du moment où il dit ne pas avoir d’argent pour satisfaire aux revendications des enseignants. Or, il en a suffisamment pour organiser un referendum. Quel paradoxe ! dira-t-il. À l’en croire, la révision ne sera nécessaire que lorsqu’une campagne digne sera possible dans tout le Mali pour expliquer de long en large à toute la population, le contenu de la future réforme. Alhassane Abba a aussi déclaré que leur refus de se présenter à Koulouba n’est pas un simple refus, mais un refus de se présenter en simple spectateur sans aucune possibilité de changer quoi que ce soit. Pour M. Tounkara Mamadou, secrétaire politique du parti Union ‘’an ka bolodi gnognoma’’, l’heure n’est pas à une révision constitutionnelle, à un refus de manifester, à une répression policière dans certaines mosquées de Bamako après la marche du peuple, à entretenir certains citoyens dans l’Assemblée nationale, l’heure est plutôt à l’écoute du peuple, à la sécurisation totale du centre du pays, à la dotation des militaires en moyens de combat et de renseignement conséquents, à la satisfaction totale des revendications des enseignants, des médecins, du syndicat de la police, des magistrats, etc.