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La France en Afrique: «Une armée étrangère devient vite une armée d’occupation»
Publié le lundi 15 avril 2019  |  sputniknews.com
Laurent
© Autre presse par DR
Laurent Bigot
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Un diplomate garanti sans langue de bois. Viré en 2013 du Quai d’Orsay par Laurent Fabius, Laurent Bigot était le sous-directeur du département Afrique de l’Ouest au ministère des Affaires étrangères. Il évoque longuement pour Sputnik l’intervention française au Mali, mais aussi les incohérences de la politique étrangère française. Entretien.

l a quitté les ors du 37, quai d'Orsay en 2013, sèchement limogé par Laurent Fabius pour avoir exprimé ses réserves quant à la suite de l'opération Serval. Laurent Bigot, alors sous-directeur du département Afrique de l'Ouest au ministère des Affaires étrangères, soutenait pleinement l'intervention française au Mali décidée par François Hollande et lancée dès le 11 janvier pour soutenir les forces armées maliennes face à l'offensive djihadiste au nord du pays. Sauf que «l'après», la solution politique n'avait pas été prévue. Depuis, il estime que le pays est «en voie d'afghanisation».

Serval réussie, Barkhane à revoir
Revenons aux origines de l'intervention française. En difficultés sur le plan intérieur dès le début de son mandat, le Président de la République, François Hollande se lançait en janvier 2013 dans l'aventure malienne à l'appel des autorités du pays, menacées par des groupes armés djihadistes. Une opération saluée de toutes parts, notamment par le ministère des Affaires étrangères. Laurent Bigot témoigne de son expérience au cœur de l'évènement:

«La décision du Président Hollande était très courageuse. Parce qu'à l'époque, on avait peu d'informations, on est probablement la seule armée étrangère à pouvoir intervenir militairement aux côtés de l'armée malienne, aucune autre puissance étrangère ne peut le faire. Est-ce que les djihadistes avaient pour ambition de descendre à Bamako? Sûrement pas. Mais sur le moment, on n'avait pas d'informations. C'était une opération d'envergure, ils visaient probablement le verrou militaire de Mopti-Sevaré et s'arrêter là. Descendre jusqu'à Bamako, c'était compliqué. Il n'y avait pas d'autres options que de répondre positivement à la demande des autorités maliennes, c'est-à-dire d'y aller militairement.»

Pourtant, dès le lancement de Serval, le diplomate se montre critique en interne quant aux solutions politiques après l'intervention. Comment régler politiquement la crise malienne après être intervenu militairement? C'est là que le bât blesse. Dans sa persévérance à vouloir convaincre sa hiérarchie, il déplaît à Laurent Fabius, qui le licencie sèchement. Le Premier ministre des Affaires étrangères du quinquennat Hollande n'en est pas à son coup d'essai sur les «incompatibilités d'humeur»: Christian Rouyer, ambassadeur français au Mali, est brutalement remplacé en mars 2013; Jean Félix-Paganon, représentant spécial pour le Sahel, est aussi mis à l'écart, ainsi qu'Élisabeth Barbier, du Département Afrique.

«J'ai toujours alerté sur le fait qu'on n'ait toujours pas réfléchi politiquement à ce qu'il y aurait après l'opération militaire […] On m'avait répondu sèchement qu'on n'avait pas les moyens de financer un processus d'accompagnement. Moi j'avais d'ailleurs répondu: "on envoie 5.000 soldats pour faire la guerre, mais on n'est pas capable d'envoyer dix personnes pour accompagner un processus de paix". Ces positions ont beaucoup irrité à la fois ma hiérarchie et le ministre… et puis quand il y a une tête qui dépasse au Quai d'Orsay, on la coupe.»

En août 2014, l'opération Serval est transformée en dispositif Barkhane, toujours en place en 2019 sur le territoire malien. À l'origine un succès, la présence des forces françaises aux côtés de l'armée malienne a réussi initialement à repousser les groupes armés. Est-il permis de dresser le bilan de l'intervention française? La crise politique au Mali a-t-elle été réglée? Que nenni, estime Laurent Bigot:
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