Le Grand Guimba national le répète urbi et orbi : notre culture, c’est notre pétrole, notre richesse. Le non moins célèbre animateur de l’émission ‘’Couleurs Tropicales’’ de RFI n’a eu de cesse d’interpeller et les artistes africains désespérément, incurablement malades du complexe du mimétisme. . En vain.
Notre culture, à travers tous ses modes d’expression (notamment les chants et danses) est censée être notre apport à la civilisation de l’universel. Les thèmes évoqués dans nos chansons, les pas de danses, les gestuels, tout cela exprimait nos façons d’être, nos conceptions de notre environnement, notre histoire, notre vie.
Sollicitée à travers le monde pour tout cela, cette culture africaine perd de plus en plus tous ces repères essentiels. C’est ce constat qui s’impose aujourd’hui en regardant ces clips indécents qui servent actuellement de supports de diffusion à nos artistes.
Dans une interview qu’elle nous a accordée en …… à Gao au cours du lancement de la campagne touristique, la regrettée Haïra Harby, dépitée, nous a confié ses états d’âme: ‘’En tournée au Brésil, un artiste m’a dit qu’il est bon aujourd’hui d’écouter la musique africaine que de voir nos clips. Actuellement les Africaines dansent à moitié nue. Ce comportement ne nous ressemble s. L’Afrique doit plutôt conserver et valoriser sa culture enviée par tout dans le monde que de se référer aux Européens ou Américains’’.
En effet, les clips réalisés par nos artistes sont en totale rupture avec ces valeurs sociétales qui faisaient notre authenticité, notre identité. Ils nous servent le spectacle désolant de dévergondées qui se croient obligées de se dénuder et de se contorsionner. Exactement comme ces professionnelles de strip-tease européennes et américaines qui ‘’Necessity is the mother of invention’’ (La nécessité étant la mère de l’invention) ont été obligés de créer des choses à faire consommer à leur public. Justement parce qu’elles n’avaient pas autre chose sous la main comme notre riche patrimoine culturel !
Faut-il systématiquement mimer, singer, consommer toutes ces conneries qui nous viennent d’ailleurs ?
Drissa Togola
Source: Le Challenger
ENCADRE :
Mœurs, bonnes mœurs, nouvelles mœurs, mauvaises mœurs… mœurs légères, mœurs perverties, mœurs dépravées, mœurs dissolues… la tendance, il faut en convenir, est au pis-aller. Comme si dans ce merveilleux pays, on a décidé de divorcer d’avec la vertu et de conclure un long bail avec la médiocrité intellectuelle et morale masquée par le bluff, l’hypocrisie voire la sournoiserie. Conséquences : jamais l’incivisme n’a été autant le réflexe d’un si grand nombre de Maliens. Jamais l’autorité n’a été autant bafouée, l’interdit autant bravé.
Face à ce constat de dégradation poussée, de dégénérescence, d’effritement de nos valeurs sociétales qui ne semble plus émouvoir personne, à part peut-être les prêcheurs du désert, que faudrait-il faire à votre avis ?
Rester les bras croisés, jusqu’à ce que se produise le grand « bada… boum !!! », à l’instar des drames survenus sous d’autres cieux où l’insensibilité psychique s’est définitivement emparée de la bête humaine comme une fatalité ? Pas question ! Alors, vivement le sursaut national pendant qu’il est encore temps !
Source – mœurs No 001- du 12 septembre 2005