Encore, votre petit-fils pour sa quatrième lettre. Désolé grand-père, je m’étais promis de ne pas vous parler de politique dans cette lettre. Depuis que je suis venu dans la grande ville, toutes les lettres que j’ai envoyées sont d’ordre politique. Je n’en voulais plus mais il urge car on veut votre sagesse.
Grand-père, je ne sais pas par où commencer. Juste je t’informe qu’on veut peindre une maison qui est sur le point de s’écrouler, pour l’embellir aux yeux de l’Occident malgré les maux qui sévissent encore. On veut réviser la Constitution de 1992 sans réel travail de fond.
Oui grand-père, réviser la Constitution malienne aujourd’hui sans réel dialogue, sans réelle concertation de toutes et de tous, sans discussion sur les grands secteurs du pays, sans qu’on n’aille au fond des maux qui font notre quotidien, sous l’égide d’un gouvernement d’union à travers une conférence nationale, c’est peindre une maison sur le point de s’écrouler.
Grand-père, tu te rappelles, après la révolution de 1991, c’est une conférence nationale qui a élaboré la Constitution de 1992. Elle nous a permis d’aller vers une nouvelle république, nous a offert des institutions démocratiques même si elles ont demeuré fictives. Oui ! Grand-père c’était l’œuvre d’une conférence nationale. Et Pourtant aujourd’hui l’enjeu est encore plus grand et urgent. L’ennemi est à l’intérieur. La situation actuelle du pays demande plus de réforme et de refondation plus profondes.
Grand-père, je vais te confier un secret. Cette révision constitutionnelle est instiguée sous le bâton de la Communauté internationale. On dirait qu’on n’a pas les mêmes loupes pour voir le Mali. Un pays qui a tout perdu, son territoire, ses fils et une très grande part économique. Un pays qui subit des carnages silencieux entre ses propres enfants radicalisés communautairement, politiquement et religieusement. Tout va mal. Sur le plan politique, on n’en parle pas, une tumeur de plus en plus grandissante contre le gouvernement. Des marches, des contestations et des grèves partout. Il ne nous reste plus que l’image d’un président réélu et majoritairement contesté. Le pays est sur le point de s’écrouler.
Grand-père, on se demande, s’il est possible comme ça de toucher à la loi fondamentale du pays ? Il n’est plus temps à l’amateurisme. Nous devrons refonder le Mali. Nous devrons aller au plus profond des maux et les causes au cours d’une conférence nationale afin de ressortir avec des solutions durables. On doit voir le pays avec des loupes non utopistes afin de le penser pour le bonheur de tous les Maliens.
Grand-père, il ne sert à rien de peindre une maison en ruine. Il faut la rebâtir, refonder ses sous-bassement sur le pardon, la justice et la tolérance, lui redonner des murs d’une armée bien restaurée et mieux outillée, et des piliers démocratiques et institutionnels valables. Il faut le faire avec tous les Maliens et non quelques experts.
Grand-père j’ignore à quel peintre de la République, ils ont fait recours. Si c’est celui de Sidiki en tant que “PINTRE”, ou celui de l’Ivoirienne, “PAINTRE” pour bien “peinturer” le Mali avec tous ses maux à l’intérieur (conflits intercommunautaires, terrorisme, banditisme, mauvaise gouvernance…). Et tu conviendras avec moi, qu’une jolie maison bien peinte et mal construite peut bien s’écrouler. Donc, il vaut mieux bien penser afin de savoir où on va avec le Mali. J’espère te retrouver le mardi prochain sans aucune peinture. Inch’Allah !