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Assemblée nationale : Trois ministres face aux questions des députés
Publié le jeudi 18 avril 2019  |  L’Essor
Interpellation
© aBamako.com par A S
Interpellation du gouvernement à l’Assemblée nationale
Bamako, le 03 Avril 2019 l’Assemblée nationale a Interpellé le gouvernement sur la situation sécuritaire
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Les débats ont porté essentiellement sur les questions de défense et de sécurité, ainsi que sur le projet de reconstruction de la route Kati-Kolokani-Didiéni

Le nom du village d’Ogossagou résonne encore dans la mémoire collective tant la barbarie s’y est illustrée de manière inqualifiable. En effet, plus d’une centaine de civils de ce village de la région de Mopti (dont des enfants) ont été massacrés par des hommes armés. Cette tragédie et, au-delà, la situation sécuritaire d’ensemble du pays ont suscité, au sein de l’Assemblée nationale, des questionnements par rapport à l’efficacité de nos outils de défense et de sécurité. Interpellés, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Pr Tiémoko Sangaré et son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, étaient hier, face aux députés. La ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Mme Traoré Seynabou Diop, était également présente pour répondre à des questions sur la reconstruction du tronçon Kati-Kolokani-Didiéni. La plénière s’est déroulée sous l’égide du président de l’institution, Issaka Sidibé.

C’est le député Oumar Mariko qui a ouvert la série des interpellations. L’élu de Kolondièba, dont les questions étaient adressées au ministre en charge de la Défense, a jugé la situation d’ensemble du pays «tumultueuse sur tous les plans». Et, a-t-il estimé, «la mort est devenue banale sur toute l’étendue du pays, mettant à nu notre système de défense». Oumar Mariko se demande si l’armée dispose réellement de moyens adéquats pour faire face à la situation. Il a souhaité connaître le rôle que jouent actuellement la Gendarmerie et la Garde nationale dans le dispositif de défense, ainsi que le nombre des groupes armés d’autodéfense qui existent au Mali. Aussi, le député voulait savoir pourquoi Barkhane et la MINUSMA ne nous aident pas efficacement à juguler le terrorisme.

En réponse, le Pr Tièmoko Sangaré a rendu un vibrant hommage à nos soldats qui, au-delà des clichés, font un travail remarquable sur le terrain. Il a rassuré que notre outil de défense est opérationnel et joue pleinement son rôle sur le terrain. «Les populations des régions concernées pourront en témoigner», a-t-il souligné. Et concernant le nombre des groupes armés d’autodéfense, Pr Tiémoko Sangaré n’est pas allé par quatre chemins pour signifier qu’il ne détenait pas d’informations à ce sujet, ajoutant qu’ils ne sont ni créés ni gérés par l’Etat. Et s’agissant de leur prolifération, le ministre Sangaré a fait le lien avec l’occupation du pays en 2012. Ce qui a affaibli la présence de l’Etat et favorisé ce phénomène. Cependant, l’Etat s’emploie à faire en sorte que le phénomène de détention des armes de guerre soit enrayé.

Pour ce qui concerne les 700 militaires radiés, le ministre de la Défense et des Anciens combattants a évoqué le statut général des militaires qui prévoit des sanctions pour les fautes commises. Lesquelles sanctions deviennent plus lourdes quand elles sont commises en temps de guerre. «La discipline doit être de rigueur», a insisté le ministre Sangaré qui, par ailleurs, ne doute point de la nécessité de la présence des forces étrangères. Leur présence est, dira-t-il, nécessaire parce que « nous avons besoin de temps pour reconstituer nos forces afin de faire face à une menace qui, du reste, est transnationale ».

Après cet échange quelque peu tendu, c’était au tour du député Cheick Tahara Nimaga d’adresser ses questions au ministre de la Sécurité et de la Protection civile. L’élu a affirmé avec amertume avoir constaté «que de façon délibérée, les forces de l’ordre ont attaqué une Zawia à Niaréla». Un comportement qui, selon lui, jure avec l’étique et le professionnalisme et sur lequel il a souhaité avoir des éclaircissements.

DES INDIVIDUS MALINTENTIONNÉS – En réponse, le ministre Salif Traoré a, d’abord, rappelé que le maintien d’ordre enseigné au Mali est articulé autour de la tolérance. Et de préciser qu’en marge de la marche du 5 avril, il y avait des individus malintentionnés qui ont d’abord voulu attaquer le domicile du Premier ministre. D’autres avaient essayé de se rendre à Koulouba. Empêchés par les forces de l’ordre, ils ont tenté de troubler la circulation à Niaréla, non loin de la Zawiya où ils ont été finalement dispersés à coup de gaz lacrymogène. «En réalité, la Zawia n’a jamais été attaquée. Il n’a jamais été question d’attaquer la Zawiya et il n’en sera jamais question», a assuré le général Salif Traoré.

Le troisième ministre interpellé était celui des Infrastructures et de l’Equipement qui devait s’expliquer sur le projet de reconstruction du tronçon Kati-Kolokani-Didiéni. Le député interpellateur, Ousmane Kouyaté, voulait avoir la confirmation que les fonds destinés à ces travaux étaient disponibles. Il n’y a aucun blocage ; il y a un financement proposé par le ministre de l’Economie et des Finances. Deux mandats ont été émis pour un montant de 15,6 milliards de Fcfa», a répondu Mme Traoré Seynabou Diop. Et de préciser que ce projet est inscrit dans la Loi de finances 2019.

Aussi, selon la ministre Seynabou Diop, la reconstruction de cette route figure en priorité dans l’agenda de son département, pour la simple raison qu’il s’agit d’un corridor important dans l’approvisionnement de notre pays. Elle a aussi révélé que les travaux coûteront au total plus de 74 milliards de Fcfa pour un délai d’exécution de 30 mois. La ministre des Infrastructures et de l’Equipement a dit comprendre le calvaire vécu actuellement par les usagers. Elle le vit d’ailleurs, «puisque je vais régulièrement à Kayes-Médine, d’où je suis, par la route».

Le député Mahamadou Hawa Gassama a bouclé la boucle. Ses questions, adressées au ministre Salif Traoré, étaient notamment relatives à l’attaque d’Ogossagou. Cependant, le ministre Traoré s’est refusé à commenter cette «affaire qui est désormais entre les mains de la justice».
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