Le lundi 15 avril 2019, la salle de conférence du ministère de la culture a abrité la signature d’une convention de financement de 2.500.000€ entre le ministère de la culture du Mali et la coopération allemande dans le cadre du projet Donko Ni Maaya pour le financement des projets culturels.
«Cette cérémonie, certes modeste, a son pesant d’or, pour deux raisons essentielles, que résument parfaitement les deux concepts clés du Projet, j’allais dire du chantier, que nous inaugurions ce matin : «Donko» et «Maaya».
D’abord «Donko». La sagesse populaire bambara nous enseigne que, je cite : «Donko ka fissa sanu ni wariye. Sanu ni wari be ban. Donko te ban». Littéralement, l’art, le «Donko», vaut plus l’argent et plus que l’or. Pourquoi ? Parce que l’art est une ressource infinie, inépuisable, que l’on ne peut enlever à celui qui le possède. En outre, le «Donko» est une ressource que l’on peut partager sans jamais s’appauvrir».
Ces propos du ministre de la culture traduisent à souhait l’importance du projet. Mieux, dit-elle, le «Donko est cette ressource qui, contrairement à l’or et à l’argent, ne se multiplie et ne se bonifie que lorsqu’il est mis en commun, lorsqu’il est partagé. Quant au «Maaya», ou l’humanité, la sagesse malienne nous enseigne qu’elle est un lien. Je cite ‘Maaya ye juruye’. Littéralement encore, l’humanité est un lien. Disons un réseau de liens. Les liens du vivre ensemble. Des liens de sang. Des liens de cœur. Des liens de solidarité. Des liens de fraternité interethnique.»
D’après le ministre de la culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo, au Mali, depuis le 13ème siècle, ces liens ont été pensés et convertis en pactes et en alliances, érigés en normes et en valeurs sociétales pour notamment prévenir les conflits et faciliter le vire ensemble. «Les drames qui ont endeuillé le Mali, le drame d’Ogossagou, et tous les drames avant Ogassagou, ne sont que la manifestation de la rupture brutale de ces liens, et la remise en cause de notre ‘Maaya’».
Et de poser la véritable problématique : «Comment le Donko peut-il aider à récréer du lien, et à reconstruire le Maaya ? Tel est, à mon sens, l’enjeu des travaux de la session inaugurale du Comité de pilotage du projet Donko ni Maaya, qui est le fruit de la coopération germano-malienne. J’allais dire, Excellence Monsieur l’Ambassadeur, le fruit du ‘Maaya’».
Ce projet, selon N’Diaye Ramatoulaye Diallo, est le fruit des liens d’amitié sincères et de coopération entre le Mali et l’Allemagne. Elle dira que la culture est la dimension du développement où une société exprime son rapport et son originalité au monde. «C’est le socle sur lequel elle fonde son organisation et qui détermine le style du développement. Nous devons préserver, protéger et entretenir ces valeurs culturelles en vue d’une meilleure transmission aux générations futures pour qu’elles en fassent un bon usage dans la construction citoyenne. Cette construction citoyenne doit s’appuyer sur nos valeurs culturelles, telle est la vision du Président de la République, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Kéita», a-t-elle ajouté.
Alors, la cérémonie de lancement des travaux du Comité de pilotage du projet «Donko ni Maaya» est une heureuse initiative. Car c’est la première fois, dans le cadre de la très fructueuse coopération entre le Mali et l’Allemagne, qu’un projet d’une si grande ampleur concerne le secteur de la culture en vue de contribuer à la valorisation de ses potentialités afin d’optimiser sa part dans le développement économique et social du Mali, d’une part, et de prévenir les crises et renforcer la cohésion sociale, d’autre part. Certes, il est unanimement établi que la culture est un outil efficace de lutte contre la pauvreté, un facteur de développement durable en raison de sa grande capacité à créer des emplois et à générer des revenus.
«Dans cette perception, le gouvernement s’est engagé, à travers le document cadre de politique culturelle, à développer des industries culturelles plus performantes, à favoriser l’accès et la participation de toutes les communautés, tous les groupes sociaux et tous les individus aux moyens d’expression, de production et de diffusion des biens culturels de leurs choix et à développer le dialogue interculturel. Le temps fort de ces actions a été l’organisation réussie de l’édition spéciale de la Biennale artistique et culturelle, en décembre 2017, où tout le Mali s’est retrouvé pour communier ensemble», a expliqué N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
Ainsi, il appartient au comité de pilotage, estime-t-elle, de donner une orientation stratégique au projet, d’apporter des conseils pour sa mise en œuvre et de suivre ses progrès. Et Mme le ministre d’ajouter que le projet Donko ni Maaya est le symbole d’une vision commune, celle de relever le défi du vivre ensemble et de la cohésion sociale dans une société malienne paisible et prospère, enracinée dans ses valeurs culturelles et ouverte au monde.
«Excellence M. l’Ambassadeur, je ne saurais terminer, sans féliciter et remercier, à nouveau, l’Ambassade d’Allemagne au Mali, pour cette contribution précieuse, donnant encore une fois, la preuve d’un bel exemple de coopération. J’exprime mes vifs remerciements à la GIZ, à Madame Magali Moussa, Directrice du Programme Donko ni Maaya et à toute son équipe…», a conclu Mme le ministre de la culture.