La mission des élites intellectuelles, politiques et administratives et la moralisation de la vie publique, pour le RENOUVEAU DU MALI, telle est l’importante contribution que nous a fait parvenir, M. Oumar Aba TRAORE. Docteur en Science Politique, M. TRAORE fustige le comportement des dirigeants politiques et administratifs qui se servent du pays, condamne les activistes du Mouvement démocratique de Mars 1991, révélations à l’appui et approuve certains coups d’Etat qu’il qualifie de légitimes…
Sous tous les cieux, les élites intellectuelles, politiques et administratives…constituent les éléments moteurs, autrement dit, la locomotive de la société humaine. Ce sont ces élites, gens de talent, qui font avancer, progresser, et changer la société grâce à leur savoir-faire. C’est une évidence qui saute aux yeux !
Cet axiome sociologique étant reconnu, il faut dire que les élites intellectuelles, politiques et administratives assument donc de lourdes responsabilités à la face du monde et de l’histoire ; car elles constituent la boussole, pour orienter, guider, et le phare pour éclairer le peuple, afin de conduire celui-ci vers les rivages du bonheur auquel il aspire légitimement. Telle est la vocation sacrée, autrement dit, la mission sacerdotale de ces élites intellectuelles, politiques et administratives d’une société donnée !
Au Mali, conscientes de leurs rôles et de leurs missions sacrées, les élites intellectuelles, politiques et administratives, doivent, à mon avis, changer de mentalité et de comportement vis-à-vis de l’Etat et du peuple. Dans cette optique, elles doivent développer le goût de la recherche scientifique, et gérer les affaires publiques, avec beaucoup plus de rigueur, de minutieuse orthodoxie, d’honnêteté, et surtout, avec un système authentique respectant, scrupuleusement, les valeurs et principes de la république. Elles doivent aussi servir l’Etat, et le peuple, et non se servir. Nous disons cela, pour avoir remarqué qu’au Mali, très nombreux sont les dirigeants politiques et administratifs qui n’ont aucune connaissance et aucun respect des valeurs légales et institutionnelles.
Ils confondent souvent les institutions et les services publics qu’ils dirigent ou administrent, avec leurs propres personnes. Ainsi, et à titre d’illustration, sous la troisième république du Mali, nous observons, avec attention, et cela, depuis quelque temps, le phénomène nouveau suivant : profitant de leurs postes, des membres du gouvernement, sans scrupule et sans vergogne, font goudronner, avec extravagance, et aux frais de l’Etat, la rue qui passe devant leurs domiciles privées. Du même coup, ils font goudronner toutes les rues qu’ils empruntent, pour se rendre à leurs résidences privées et cela, pour l’amour de leur propre confort moral.
Le phénomène pouvait être compris, toléré et accepté, s’il s’agissait, peut-être, de goudronner la rue qui passe devant leurs résidences officielles, oui appartenant à l’Etat. Les plus hautes autorités de l’Etat, la majorité présidentielle, l’opposition parlementaire et l’opposition extraparlementaire… restent muettes et indifférentes, au phénomène, comme si c’est normal, et comme si aussi, elles sont complices. Que le Mali est facile et agréable à gouverner ! Quand on est dirigeant, on peut faire ce qu’on veut, même hors la loi et personne ne bronche. Pauvre Mali ! Les habitants des quartiers dans lesquels résident ces membres du gouvernement désapprouvent et déplorent le phénomène, mais ils restent impassibles et impuissants. Ils ne savent pas à quel saint se vouer ! Cela doit cesser au Mali ! Moi, je me pose la question suivante : sommes-nous au Mali dans une véritable république, digne de ce nom ?
Les valeurs et principes de la République étant souvent bafoués ! Il n’est pas trop tard d’agir et tous les membres du gouvernement, qui sous la troisième république, ont fait goudronner les rues qui passent devant leurs résidences privées aux frais de l’Etat, doivent un jour, à l’avenir, être interpellés et poursuivis devant la justice, pour détournement flagrant des fonds publics. Il faut combattre l’impunité au Mali. Et comme l’écrivait l’ancien Chef de l’Etat français Monsieur François Hollande, dans son livre intitulé ‘’Les leçons du pouvoir’’ : « la République exemplaire, c’est la sanction exemplaire » (Editions Stock, 2018, page 285).
Il faut le dire avec insistance, ces dirigeants malhonnêtes et sans scrupule, considèrent le budget national ou municipal, comme leurs propriétés privées, et ils en disposent arbitrairement, selon leurs goûts et leurs caprices. Que c’est injuste et révoltant ! Un peu de scrupule, s’il vous plaît ! Et surtout, qu’un homme d’Etat digne de ce nom, doit avoir un sens élevé de l’Etat, et respecter les valeurs et principes de la République, à l’instar de l’ancien président français, Monsieur Charles De Gaulle, selon le témoignage fait par Claude Dulong en ces termes : « Népotisme exclu.
Si De Gaulle jugeait naturel que les membres de sa famille fissent carrière dans l’armé ou dans l’administration, s’il admettait qu’ils se présentassent, à l’exception de ses enfants, aux suffrages des électeurs, jamais il n’eût songé à favoriser leur avancement, encore moins à nommer, l’un d’eux au gouvernement ou à la Présidence et à le faire profiter des avantages attachés à ces postes {…} ». Cf. Album Souvenir, Charles De Gaulle 1890-1970 – Histoire pour tous, 58, Rue Perronet, 92 523 Neuilly sur Seine Cedex. Tél.6374560 – page 84. Par son comportement et son sens élevé de l’Etat et des valeurs de la République, on voit bien que l’ancien président français, Monsieur Charles De Gaulle, Fondateur du mouvement politique dénommé Rassemblement du Peuple Français (R.P.F.), devenu par la suite, un parti politique, ne considère pas le pouvoir comme un bien patrimonial. Il ne se sert pas de la France, il sert la France, avec patriotisme et loyauté. En voilà un bel exemple que les dirigeants politiques et administratifs maliens, doivent suivre ! En voilà aussi un dirigeant modèle !
Les dirigeants politiques et administratifs maliens ne doivent pas oublier, que s’ils existent, c’est parce que les citoyens maliens consentent à les obéir, afin que la vie en société soit possible, et qu’ils atteignent leurs objectifs. Ces autorités sont au service des citoyens qu’elles gouvernent, et c’est pourquoi elles sont là. Elles doivent donc servir les citoyens maliens et non se servir d’eux, en utilisant à leurs fins cachées les biens de la communauté nationale. Et comme l’écrivait aussi, l’ancien premier Ministre canadien Pierre Elliott Trudeau dans son livre titré « les cheminements de la politique » {…} « le véritable homme d’Etat n’est pas tant celui qui commande à ses concitoyens, mais plutôt celui qui se voue à leur service {…}.
Dans une société constitutionnelle, ce ne sont pas tant les hommes qui nous commandent, mais plutôt les lois. Les gouvernants sont eux-mêmes soumis aux lois, et ils ne peuvent exercer d’autorité que dans la mesure exacte où la loi le permet. N’obéissons donc pas à des individus, mais plutôt à la volonté générale de la nation, volonté incarnée dans les lois au service et à l’exécution desquelles les gouvernants sont préposés » (Editions du jour, 1651, rue Saint-Denis Montréal 129-1970, page 93 à page 94). Cette belle philosophie politique de l’ancien Premier Ministre canadien doit donner à réfléchir aux dirigeants politiques et administratifs maliens, en rendant leurs comportements très républicains vis-à-vis des citoyens de notre pays et des biens publics.
‘‘L’Etat étant un instrument par lequel s’exprime et s’organise la société humaine, l’homme d’Etat, son serviteur, doit être attentif aux besoins des citoyens, en ayant à l’esprit de bien servir l’intérêt général’’. Quand l’Etat est bien géré, au nom de l’intérêt général, chaque citoyen en tire bénéfice, car le but de la société, c’est faire en sorte que ses membres – individuellement ou collectivement – puissent vivre décemment leur vie, et connaître ainsi le bonheur. Et c’est pourquoi, la société s’organise et met en place un gouvernement dont la mission sacerdotale, est de satisfaire les besoins des citoyens. ‘’Et la qualité d’un gouvernement se mesure à la qualité de ce qu’il accomplit et non de ce qu’il prétend faire’’.
Par ailleurs, l’Etat en faisant voter les lois doit tenir compte des besoins et aspirations des citoyens. Il doit tenir compte aussi, du bien commun et de l’intérêt général. Dans le cas contraire, ‘‘si les citoyens ont conscience d’être mal gouvernés par l’Etat, ils ont le devoir d’exiger un changement de régime politique’’ que nous souhaitons pacifique et démocratique.
Faisons donc en sorte que, l’Etat du Mali soit juste, si nous voulons vivre en paix. Il faut donc mener une campagne de lutte farouche et implacable contre l’enrichissement illicite de tous les anciens serviteurs de l’Etat, et des fonctionnaires en activité, et organiser aussi une lutte farouche et implacable contre l’impunité dans toutes ses formes. La justice doit être rendue dans le respect des droits avec un esprit d’équité, par les juges. Une refonte de notre justice s’impose donc, sous cet angle. Les citoyens maliens ont le droit de désobéir et de protester contre un ordre social et politique injuste, et des lois jugées mauvaises, mais dans la paix, dans la légalité républicaine et démocratique. Les citoyens maliens, ne doivent pas laisser faire, pour encourager les gouvernants à persister dans l’erreur et dans les abus. Si les citoyens laissent faire les gouvernants, alors ils sont complices et coupables des dérives et du retard de notre pays qui a le droit d’avancer, de progresser et de se moderniser.
En effet, ce n’est pas parce qu’un dirigeant politique détient son pouvoir des urnes, démocratiquement parlant, qu’il a la voie libre, les pleins pouvoirs, c’est-à-dire carte blanche, pour faire ce qu’il veut, même hors de la loi. Le peuple qui lui a confié le pouvoir, doit le surveiller. S’il se comporte en despote ou en tyran, ou sert mal le peuple, celui-ci doit le chasser du pouvoir.
Il faut souligner cependant, que je suis contre la violence sous toutes ses formes. De la même manière, je suis contre la Révolution qui tue. Mais je suis pour qu’on en supprime les causes. Et c’est pourquoi, je suis pour ‘‘la Démocratie, système politique qui permet les changements, sans révolution et sans assassinats politiques’’. Aussi, si nous voulons éviter les révoltes, les soulèvements populaires et les révolutions qui tuent, alors, gouvernons notre pays selon les valeurs de la République et les principes de la démocratie et ce faisant, nous combattrons, en même temps, l’injustice, l’impunité, le népotisme, le favoritisme, le laxisme, le détournement des deniers publics, la corruption, la pauvreté et la misère des populations, entre autres fléaux socio-politiques. Dans le même système logique, la dépolitisation de l’administration, avec son corollaire de l’institution de la méritocratie, pour la nomination et la promotion des cadres et la refondation même de l’Etat malien, sont une exigence urgente et une nécessité absolue qui s’imposent à notre époque. Il faut changer le système de gouvernement, donc améliorer la gouvernance au Mali.
A cause justement, de notre ignorance de la politique, de son art, de son jeu et des sept principes fondamentaux de la Démocratie, et à cause également de nos ambitions et prétentions démesurées, on se souvient aujourd’hui, comme si c’était hier, qu’au Mali, à la faveur du nouveau vent de la démocratie qui avait soufflé sur le continent africain, et au prix fort de leur sang, des paisibles et innocents citoyens avaient payé pour les vrais coupables, parce que, poussés vers la mort, et qu’on appelle aujourd’hui à tort ‘‘les martyrs du 26 mars 1991’’, nous avons obtenu la Démocratie avec son corollaire de multipartisme et des élections libres…
Mais il faut dire, qu’on aurait pu obtenir la Démocratie autrement, autrement que par la violence, en évitant le bain de sang des citoyens innocents. Il faut dire également, que ces paisibles citoyens innocents qui sont morts, ne savent même pas ce que c’est que la Démocratie, pour oser se sacrifier et mourir pour elle en martyrs. Ils ne sont donc pas morts, pour l’idéal démocratique. Ils sont morts innocents, parce que poussés dans la rue, par des militants activistes qui voudraient assouvir leurs ambitions politiques et leurs convoitises… LE POUVOIR ! Mais le peuple malien et l’histoire rendront leur verdict final, le moment venu, un jour, In châ Allah, In châ Allah, In châ Allah.
Par la même occasion, j’invite fraternellement, celles et ceux qui se font appeler ‘‘démocrates convaincus et patriotes sincères’’ de mars 1991, à réfléchir sur le livret-entretien intitulé ‘‘Comment j’ai pris le pouvoir, pourquoi je l’ai quitté’’ de l’ancien Chef de l’Etat du Mali, Monsieur Amadou Toumani Touré qui avait accordé une interview, au journaliste de ’’ Jeune Afrique ‘’, qui s’est déroulée ainsi qu’il suit : « Qui lance les gens dans la rue ?» demande le journaliste. Le Président Amadou Toumani Touré répond : « les organisations démocratiques, peut-être. Peut-être ? L’Histoire le précisera ». Et le journaliste de poser la question suivante : « A-t-il été décidé de juger Moussa Traoré ? ». L’ancien Chef de l’Etat du Mali, Monsieur Amadou Toumani Touré de répondre en ces termes : « Je pensais que si on avait voulu être parfaitement juste, on devrait juger tous ceux qui les y avaient incités, le groupe des militaires qui étaient responsables du maintien de l’ordre, enfin le groupe de Moussa Traoré et de son gouvernement ». (Cf. Jeune Afrique numéros 1753-1754 du 11 au 24 août 1994 – Supplément gratuit à Jeune Afrique n°1753-1754 – page 27 et page 36). C’était sur le massacre du 22 Mars 1991, surtout !
A cela, j’ajoute un autre témoignage de même nature, l’ancien Chef de l’Etat, Monsieur Alpha Oumar Konaré et le leader politique de L’ADEMA et du MIRIA, le professeur Mamadou Lamine Traoré étaient, politiquement, en désaccord total. Et, à l’occasion d’une grande fête musulmane, le Président Alpha Oumar Konaré, en sortant de la maison d’une famille fondatrice de Bamako avait déclaré au microphone de l’ORTM, entre autres, ce qui suit : « Ceux qui avaient poussé les enfants dans la rue se connaissent et Dieu les connaît ». Cf. les archives de l’ORTM. C’était sur le massacre du 22 Mars 1991, surtout ! Je pensais qu’il faisait allusion au professeur Mamadou Lamine Traoré, avec lequel il était en désaccord. Je peux me tromper ! C’était juste une impression !
Je crois que les langues commencent à se délier. Mais pour nous rassurer, soyons patients, et faisons confiance en l’ancien et célèbre Président américain, Monsieur Abraham Lincoln qui disait : «Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ». Si les militants activistes du Mouvement Démocratique de mars 1991 échappent au jugement et au châtiment des hommes ou de l’histoire, en ce bas monde, ils n’échapperont jamais, In Châ Allah, au jugement et au châtiment d’Allah-Soub-Hana-Wa-Taâla, dans l’au-delà, pour avoir été à l’origine de la mort des paisibles et innocents citoyens maliens, appelés à tort ‘‘martyrs du 26 mars 1991’’. Si on se réfère en tout cas, à l’interview accordée par le Président Amadou Toumani Touré au journaliste de ‘’Jeune Afrique’’, dans son livret-entretien ‘‘Comment j’ai pris le pouvoir, pourquoi je l’ai quitté’’ et à la déclaration du Président Alpha Oumar Konaré, dans la maison d’une famille fondatrice de Bamako, on comprend clairement et aisément ce qui s’était passé.
NB : Je pense sincèrement, que tous les militants du Mouvement Démocratique n’étaient pas des activistes. En revanche, certains d’entre eux, sont indubitablement, des militants activistes. Cf. l’interview du Président Amadou Toumani Touré et la déclaration du Président Alpha Oumar Konaré.
De toutes les manières, nous nous expliquerons tous, un jour, devant le Seigneur, Créateur et Gouverneur de l’Univers, Allah-Soub-Hana-Wa-Taâla. In Châ Allah, In Châ Allah, In Châ Allah.
Un jour, je l’espère bien, au nom de la vérité historique, ‘‘le monument des martyrs’’ et ‘‘le carré des martyrs’’ céderont la place au MONUMENT DU PARDON et au MONUMENT DE LA CONCORDE NATIONALE. In Châ Allah.
Après ce récit, il apparaît clairement, que ce sont des intellectuels et des cadres dirigeants de notre pays qui ont animé le Mouvement Démocratique de mars 1991, dont l’objectif était d’instaurer la démocratie, mais au prix fort d’un bain de sang. Malheureusement ! En attendant le verdict final du peuple malien, de l’histoire, et celui surtout d’Allah-Soub-Hana-Wa-Taâla, les citoyens maliens veulent aujourd’hui, passer de l’exercice périodique de la Démocratie par l’élection obtenue, au prix fort d’un bain de sang, à l’exercice de la Démocratie au quotidien, c’est-à-dire le droit pour le citoyen de dire son mot sur les décisions et les actes qui affectent sa vie quotidienne, en entraînant l’amélioration du cadre de vie et de la qualité de vie, de celui-ci.
De nos jours, il faut augmenter et diffuser le Savoir, c’est le rôle de l’élite intellectuelle, et il faut gouverner le mieux possible nos sociétés humaines, dans le seul respect des citoyens. C’est le rôle de l’élite politique et administrative. Le pouvoir a pour but, entre autres, d’améliorer la condition humaine, et c’est pourquoi, ‘’la gouvernance est en quête permanente de meilleurs systèmes de gestion des hommes et des ressources’’ ; et des décisions qui, au lieu d’être imposées, doivent résulter d’une négociation permanente entre les acteurs sociaux. Il faut aussi, plus de justice et de respect des valeurs républicaines et des principes démocratiques. Si ces paramètres ne sont pas pris en compte, à l’époque actuelle, les coups d’Etat sont souhaitables voire nécessaires, dans certaines parties du monde, en tout cas. Bien qu’étant contre la violence sur toutes ses formes, je ne nie pas sincèrement cette réalité politico-sociologique.
Aussi, il faut dire que les causes des coups d’Etat sont multiples et diverses, et varient d’un pays à l’autre. Si un coup d’Etat est le seul moyen, pour mettre fin au despotisme, à la tyrannie, au détournement des deniers publics, aux abus, à l’arbitraire, à l’injustice, à l’impunité, à la corruption, au népotisme, au favoritisme, et au laxisme…qui sont devenus des fléaux endémiques et généralisés et qui atteignent un seuil très critique, insupportable et intolérable dans un pays; et si ces fléaux ont également atteint une proportion exagérée et inquiétante, et si de ce fait, ce coup d’Etat a pour but sincère, de rétablir l’ordre, de combattre lesdits fléaux, de faire avancer un pays sur la voie du progrès, de la justice, de la démocratie, d’instaurer et de faire respecter les valeurs de la République, pour le bonheur du peuple, alors, il est le bienvenu, je crois, dans certains pays de notre planète. C’est ma conviction sincère et profonde !
Au Mali, nous devons combattre et supprimer, à tout jamais, les causes des coups d’Etat éventuels. Je ne suis pas de ceux-là qui condamnent, systématiquement tous les coups d’Etat, par principe. Moi je crois qu’il y a des coups d’Etat, qui même si, ils sont illégaux, sont très légitimes, voire salutaires, pour un peuple misérable et opprimé. Et je crois que le Professeur Gérard SOULIER de la faculté de droit d’Amiens, en France, est de mon avis, dans une certaine mesure, lorsqu’il écrit dans son livre titré ‘‘Nos droits face à l’Etat’’, ce qui suit : « Mais, lorsque les voies démocratiques ne fonctionnent plus, alors l’action hors la loi devient légitime : la résistance à l’oppression est aussi un droit de l’homme » (Editions du Seuil, 1981, page 106).
Au regard de la solidité du raisonnement et des arguments avancés, par le professeur français Gérard SOULIER, j’invite, fraternellement, mes concitoyens, avec le recul, c’est-à-dire avec l’éloignement dans l’espace et dans le temps, à réfléchir sur les différents coups d’Etat au Mali, sans parti pris, pour en juger objectivement, en ayant une vision et une appréciation meilleures.
Au demeurant, il faut dire que dans certains pays, qui n’ont pas atteint un haut degré de maturité et de stabilité, et qui n’ont pas encore le respect et l’application de la loi dans leur culture politique, c’est la psychose des coups d’Etat (épée de Damoclès) qui freine les Chefs d’Etat, dans leur élan de tomber dans l’excès de pouvoir, dans l’abus d’autorité et dans l’arbitraire absolu. Heureusement ! La peur d’un coup d’Etat éventuel, les fait reculer vite face à des situations de revendications et de troubles. Heureusement !
Dirigeants politiques et administratifs maliens, soyons orthodoxes, et républicains dans la gestion des affaires publiques, pour le bonheur de notre peuple. Dans cette gestion et dans cette direction, appliquons la loi dans toute sa rigueur et cela, sans état d’âme, et sans parti pris, parce que, nous voulons être des républicains. On dit souvent qu’on ne gouverne pas avec les sentiments. En effet, lorsque ses relations sentimentales l’emportent sur ses devoirs envers l’Etat, le dirigeant politique ou administratif, ne peut pas être juste et efficace ; car il gouverne selon ses humeurs. Dans ces conditions, sa gouvernance ne peut qu’être mauvaise, parce qu’elle n’est pas républicaine.
Encore une fois, dans notre société, la loi doit être appliquée et sans discrimination, pour dissuader le citoyen indiscipliné qui se comporte mal. Exemple : si en Occident, le citoyen dans sa voiture respecte scrupuleusement le règlement et s’arrête au feu rouge (feu tricolore ou feu de signalisation), ce n’est pas forcément parce qu’il est bien éduqué et naturellement courtois, c’est parce qu’il sait très bien, que s’il viole le code de la route, la loi sera appliquée et il sera sanctionné, impitoyablement, donc, sans état d’âme.
Là-bas, en Occident, la loi est dissuasive, elle est comme l’épée de Damoclès. Si certaines sociétés occidentales ont atteint un haut degré de maturité et de stabilité, et ne connaissent pas aujourd’hui des coups d’Etat, c’est dans une certaine mesure en tout cas, parce qu’elles sont gouvernées par la loi, qui est respectée par les gouvernants et les gouvernés. Et cette culture de la loi est fortement enracinée dans les mœurs, et même dans la culture politique de leurs peuples. Aussi, le respect des principes de la démocratie et des valeurs de la République peut contribuer, à mon avis, à stabiliser une société, en la rendant plus juste et en la mettant aussi à l’abri des coups d’Etat.
Comme chacun le sait, la force de la société malienne, repose essentiellement sur ses valeurs morales et spirituelles. Nous devons donc exiger de nos dirigeants, une conduite exemplaire, respectueuse des valeurs qui caractérisent notre communauté nationale. Et dans la même veine, nos dirigeants doivent bannir, à tout jamais, de leur méthode, la gestion patrimoniale, ethnique, tribale, clanique et régionaliste, des affaires publiques pour garantir à notre société la justice, la paix, la maturité et la stabilité.
Cela nous amène à rappeler, que dans sa politique de moralisation de la vie publique, l’ancien Chef de l’Etat du Mali, le général Moussa Traoré, faisait faire des enquêtes de moralité avant de choisir et de nommer les dirigeants politiques et administratifs de notre pays. A l’instar du général Moussa Traoré, l’ancien Chef de l’Etat français, Monsieur François Hollande, avait « créé une agence anti-corruption, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique vérifie désormais les déclarations de patrimoine et d’intérêt des élus et principaux responsables publiques. Elle procède à un contrôle de la situation fiscale des ministres avant leur nomination ». Cf. ‘‘les leçons du pouvoir’’ de François Hollande (Editions Stock 2018, page 284).
Ces deux anciens Chefs d’Etat avaient parfaitement raison, car, on ne peut pas prétendre être propre, aimer sincèrement son pays et se faire entourer, dans l’exercice du pouvoir, des gens sales, corrompus, de vrais sangsues qui se sont enrichies d’une façon éhontée, au vu et au su de tout le monde, en suçant le sang du peuple. Un homme d’Etat qui aime sincèrement son pays, qui est intègre et honnête, qui n’est pas démagogue, qui ne trompe pas son peuple, ne peut que choisir des personnes de bonnes mœurs, pour gouverner ses concitoyens. A ce propos, lisons encore une fois, l’ancien Chef de l’Etat français, Monsieur François Hollande qui écrivait ceci : « Choisir les bonnes personnes, au bon moment, au bon endroit, c’est la condition du succès de toute politique. Un Président ne peut réussir seul. Mais s’il est mal entouré, il est sûr d’échouer » (Cf. le livre ‘‘les leçons du pouvoir’’ Editions Stock, 2018, page 302).
Beaucoup de nos dirigeants sont seulement intéressés par les avantages, les privilèges et les honneurs qu’ils tirent de l’exercice du pouvoir. Malheureusement ! Le dirigeant patriote et sincère, cherche à conquérir et à exercer le pouvoir, non pas pour les privilèges, mais pour le bonheur qu’il éprouve à servir son pays. Il est vrai que trouver un dirigeant de cet acabit, de cette trempe, n’est pas aisé, comme le reconnaît, l’ancien Chef de l’Etat français, Monsieur Jacques Chirac qui écrivait ceci : « Rares, parmi les hommes politiques, sont ceux qui savent se dégager de leur ambition personnelle et se contraindre jusqu’à incarner l’âme de la destinée de la nation. ». Cf. Nil Editions, Paris 2009, page 75.
« Je n’ai donc pas d’état d’âme. Exercer le pouvoir, c’est conjuguer ses convictions avec le service de l’intérêt général. {…} Il y a de la grandeur à s’occuper des plus fragiles. De la hauteur à prendre sa part du sort commun. Du bonheur à améliorer la vie des autres.{…}Avec une seule ligne de conduite : être utile aux autres et servir honnêtement mon pays. ». En voilà esquissés quelques traits de la philosophie politique de l’ancien Président français, Monsieur François Hollande, dans son livre titré ‘‘les leçons du pouvoir’’ (Editions Stock, 2018, page 191, page 397 et page 399). Cette belle philosophie politique, donne à réfléchir à tout dirigeant digne de ce nom. Allahou Akbar, Allahou Akbar, Allahou Akbar.
Je le dis encore une fois, ‘’les dirigeants sont au service de ceux qu’ils gouvernent, et l’autorité n’a de signification réelle, que pour favoriser l’instauration d’un ordre social juste et assurer le développement harmonieux de la société’’, d’où, entre autres, la réalisation des routes, des ponts, des écoles, des centres de santé… par le gouvernement de la République. A ce propos, Monsieur Pierre Elliott Trudeau, l’ancien Premier Ministre du Canada, dans son livre ‘‘ les cheminements de la politique’’, écrivait : « Ces choses (routes, ponts…) sont des travaux dont la société a besoin, qu’elle se donne à elle-même et pour lesquelles, elle paye ses impôts. » (Editions du jour 1651, rue Saint-Denis, Montréal 129. Page 95).
Dans l’esprit de l’ancien Premier Ministre canadien, les autorités politiques n’ont pas donc à se vanter de ces réalisations, elles sont bien dans leurs rôles. Elles travaillent au service de l’Etat et sont payées par les impôts et taxes des contribuables. Elles doivent donc s’acquitter correctement de leurs devoirs régaliens et ne doivent pas se glorifier d’avoir rendu service à la communauté nationale. C’est la vision de Monsieur Pierre Elliott Trudeau, une vision juste, à mon humble avis !
Dans l’esprit de votre serviteur que je suis, la transformation qualitative de notre société, la société malienne, et le changement citoyen des mentalités et des comportements, au bénéfice de notre peuple, sont une exigence de notre époque, pour le RENOUVEAU DU MALI. La mission sacerdotale donc, des élites intellectuelles, politiques et administratives de notre pays, et la moralisation de la vie publique, s’inscrivent en droite ligne de cette philosophie politique.
Encore une foi, les élites intellectuelles, politiques et administratives assument de lourdes responsabilités, dans la marche en avant des sociétés humaines, dans la moralisation de la vie publique et dans la transformation qualitative des communautés nationales. Cela est illustré dans le livre titré ‘‘ L’homme cet inconnu’’ du Docteur Alexis CARREL qui s’exprimait ainsi : « Les êtres humains n’ont pas grandi en même temps que les institutions issues de leur cerveau. Ce sont surtout la faiblesse intellectuelle et morale des Chefs et leur ignorance qui mettent en danger notre civilisation. » (Librairie Plon-1935- page 52).
Dans la direction opposée de l’opinion du Docteur Alexis CARREL, les élites intellectuelles, politiques et administratives de tous les pays, se doivent de relever le défi avec dignité, et de se mettre à la hauteur de leur responsabilité et de leur mission sacerdotale au service du genre humain, et cela, avec une compétence avérée, pour assurer ainsi, son GRAND BONHEUR.
Bamako, le 17 avril 2019
Dr Oumar Aba TRAORE, Ph.D. Docteur en Science Politique, Diplômé de l’Université LAVAL Québec City – Canada ;
Domicilié à Banankabougou-SEMA ; Rue : 612 Porte : 122 Bamako (Korientzé)