Dans la nuit de lundi à mardi, un terrible incendie a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce joyau gothique, vieux de plus de huit siècles, a partiellement été détruit. Dès le début du sinistre, la vie s’est quasiment mise au ralenti à Paris comme dans le reste de l’Hexagone. Ainsi, Emmanuel Macron a-t-il reçu de nombreux appels, dont ceux du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, du président américain Donald Trump et de la chancelière allemande, Angela Merkel.
Il s’est entretenu hier avec le Pape François. Le président chinois Xi Jinping a indiqué ce mardi que son pays était «profondément attristé» par l’incendie de Notre-Dame, dans un message adressé à son homologue Emmanuel Macron. Il considère que « la cathédrale Notre-Dame de Paris est un symbole important de la civilisation française et un trésor exceptionnel de l’humanité».
La Reine Elizabeth II, en sa qualité de cheffe de l’Église d’Angleterre, a également déclaré sa peine dans une lettre adressée au président français : «Le prince Philip et moi-même avons été profondément attristés de voir les images de l’incendie qui a ravagé la cathédrale de Notre-Dame. Mes pensées et mes prières accompagnent les fidèles de la cathédrale et de toute la France en cette période difficile».
Le directeur de l’Ermitage, Mikhaïl Piotrovski a fait mettre en berne le drapeau russe traditionnellement rivé sur la façade du célèbre musée pétersbourgeois. «Les blessures graves infligées à Notre Dame sont comparables à des victimes humaines», a déclaré le conservateur.
Le Chef de l’Etat français a remis sine die ses rendez-vous. Sa conférence de presse prévue hier mercredi a été annulée et le Conseil des ministres y a été entièrement consacré.
Macron s’exprimera au moment opportun sur la fin du grand débat car «il faut respecter un temps de recueillement et avoir la responsabilité qui s’impose dans ce moment de grande émotion nationale» après l’incendie de Notre-Dame, a indiqué l’Élysée.
Notre-Dame de Paris sera reconstruite et ses cloches, comme depuis 850 ans, sonneront au rythme de la France”
Après avoir écourté son voyage à Mayotte, le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, martela le lendemain du sinistre sur le parvis de la cathédrale: «Notre-Dame de Paris est notre histoire. Paris à terre, ça n’existe pas. La France à terre, ça n’existe pas. Alors la cathédrale Notre-Dame de Paris sera reconstruite et ses cloches, comme depuis 850 ans, sonneront au rythme de la France”.
Il n’a point tort, Notre-Dame n’est pas qu’une simple œuvre architecturale pré-médiévale et un lieu de culte. Si elle n’est pas la plus grande des cathédrales françaises, elle est certainement l’une des plus remarquables en raison de son architecture gothique. L’église mesure 130 mètres de longueur et 48 de largeur, avec un grand vaisseau et cinq nefs. La façade est tournée vers l’ouest avec un triple portail surmonté d’une grande rosace, les deux grandes Tours s’élèvent à 69 mètres. La partie la plus ancienne est le chœur (1163-1182).
Monument religieux et historique, la cathédrale Notre-Dame de Paris est aujourd’hui le monument le plus visité d’Europe et du monde. C’est la cathédrale de l’archidiocèse de Paris, située sur l’île de la Cité.
Pendant de nombreux siècles, la cathédrale est l’une des plus grandes d’Occident. Ainsi, année après année, elle accueille plus de 12 millions de touristes qui se rendent dans ce qui est à la fois un lieu de tourisme privilégié, un monument parmi les plus beaux de Paris et un lieu de prières et de recueillement pour les chrétiens du monde entier. De la fin du XIXe siècle à la fin du XXe siècle, ces trois qualités de Notre-Dame coexistent, s’affrontent, s’effacent mutuellement.
Victor Hugo est l’un des artisans de la renommée de Notre-Dame de Paris. Dans son roman du même nom publié en 1831, il faisait de la cathédrale son personnage principal, au même titre que Quasimodo, Esméralda et Frollo. Une manière pour lui de tenter de sauver le monument, l’un des lieux principaux de l’intrigue du roman, alors fort dégradé. «Si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant des dégradations, des mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière», déplorait-il dans son œuvre, maintes fois adaptée au cinéma ou en comédie musicale. Et comme par prémonition, Hugo évoquait déjà, la «grande flamme furieuse» de Notre-Dame de Paris dans son œuvre littéraire. L’écrivain y joua un rôle essentiel dans la rénovation de la cathédrale au 19e siècle.
Une belle histoire, la Construction de NDP
La construction de Notre-Dame de Paris, entamée en 1163 sous le règne de Louis VII s’est poursuivie jusqu‘en 1345. Elle a été bâtie sur l’espace occupé naguère par l’ancienne église de Childebert et un temple d’Apollon datant du IVe siècle. Usée par le temps, endommagée pendant la Révolution Française, elle a été restaurée à partir de 1841 par l’architecte Viollet le Duc qui décida d’ajouter une flèche à Notre Dame. Des fragments originaux peuvent être observés au Musée du Moyen Âge à l’Hôtel de Cluny à Paris.
Mais l’histoire retient surtout que c’est Maurice de Sully, évêque de Paris, qui a voulu construire une cathédrale pour la Vierge Marie et lui donner le nom de Notre-Dame. C’est lui qui a reconstruit la flèche qui remplace celle d’origine effondrée au XVIIIème siècle. Cette flèche s’élève à 96 mètres de hauteur. La superficie qui est de 5.500 m² peut recevoir 9.000 personnes, sa rosace du bras sud du transept mesure 12 mètres de diamètre.
Derrière la cathédrale, à l’extrémité est de l’île de la Cité, se trouve le Square Jean XXIII . Devant la cathédrale se Trouve le Parvis Notre Dame, la place Jean Paul II avec à son extrémité la Préfecture de police, ancienne caserne Lobau.
Sa reconstruction : un bel élan de solidarité internationale
Au-delà des émotions, l’évènement a suscité un formidable élan de solidarité à l’échelle planétaire pour la restauration de l’infrastructure dans les meilleurs délais. Cinq ans, a-t-on décidé. Le pape François a appelé ce mardi à la «mobilisation de tous» pour que la cathédrale Notre-Dame, ravagée par un incendie, puisse redevenir «le joyau architectural d’une mémoire collective».
Les promesses de dons pour la reconstruction dépassent déjà 600 millions d’euros. Plusieurs grands groupes comme Pinault, Total, LVMH ou l’Oréal ont fait des promesses de dons pour financer les réparations de Notre-Dame de Paris. L’Institut de France et les Académies au secours de Notre-Dame.
Dans un communiqué, ces deux institutions ont promis de prendre part à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame. “La majorité des prix des Fondations de l’Institut remis en 2020 sera consacrée à la restauration de Notre-Dame”.
“Nous lèverons ensemble nos talents, nous rebâtirons Notre-Dame”, poursuit l’Institut de France. La Monnaie de Paris a annoncé qu’elle allait rééditer une médaille frappée en 2013 pour les 850 ans de la cathédrale Notre-Dame de Paris, au profit de sa reconstruction.
La famille héritière de L’Oréal, les Bettencourt-Meyers, ainsi que le géant mondial des cosmétiques ont annoncé mardi un don total de 200 millions d’euros venant s’ajouter aux 200 millions de la famille Arnault et du groupe de luxe LVMH, et les 100 millions promis respectivement par le pétrolier Total et la famille Pinault (Kering). Un Grand concert ce samedi soir sur France 2 avec appel aux dons.
Le Patriarche orthodoxe russe «profondément attristé». Des collectivités de la région ont déjà fait savoir qu’elle participerait à la souscription nationale comme la commune de Romans-sur-Isère (Drôme), qui prévoit de verser un euro par habitant, soit 35.000 euros.
Les musulmans ne sont pas restés en marge et ont appelé à se mobiliser pour la reconstruction.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) et le recteur de la Mosquée de Lyon ont appelé les musulmans de France à «manifester leur solidarité» et à «participer à l’effort financier» pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Le CFCM «appelle les musulmans de France à participer à l’effort financier pour la reconstruction de ce chef-d’œuvre architectural qui fait la gloire de notre pays», écrit l’instance dans un communiqué, faisant part de «son immense tristesse» et de «sa solidarité et de sa fraternité aux chrétiens du monde entier».