Soupçonné de vouloir tripatouiller la constitution pour s’offrir un troisième mandat, le président de la République de Guinée, Alpha Condé, fait face à un mouvement populaire. En effet, un vaste regroupement dit le front commun pour la sauvegarde des acquis démocratiques, s’érige en barrière anti troisième mandat et en appelle à des actions pour faire entendre raison à Alpha Condé. En effet, ce front, ainsi constitué, a lancé officiellement ses activités de lutte contre le coup d’Etat constitutionnel prêté au régime Alpha Condé, le 03 avril 2019.
Ne pouvant directement modifier la constitution pour se donner la possibilité de briguer un troisième mandat, comme on lui en prêtait l’intention, c’est au détour d’une révision constitutionnelle que le président Alpha Condé pourrait finalement atteindre son objectif.
En effet, en Afrique depuis quelques années, c’est devenu un effet de mode pour beaucoup de chefs d’Etat de procéder à une révision constitutionnelle afin de contourner le verrou de limitation des mandats. La Constitution disposant pour l’avenir, ce principe sacro-saint du droit constitutionnel est ainsi utilisé pour remettre les compteurs à zéro par une nouvelle constitution.
La semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, nous évoquions le cas du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, qui a usé de ce stratagème pour avoir la possibilité légale de se présenter une troisième fois à l’élection présidentielle ivoirienne.
Dans le camp politique du président Alpha Condé, la seule idée qui vaille actuellement est de le voir présider aux destinées de la Guinée bien au-delà de 2020, année où doit se tenir la prochaine élection présidentielle. C’est tellement vrai que tous les propos dissonants sont traqués et leurs auteurs priés de se rectifier dare-dare, au risque d’être châtiés.
Le premier vice-président de l’Assemblée nationale, un des cadres du parti présidentiel, le Rpg Arc-en-ciel, est un exemple. En effet, pour avoir osé parler à haute et intelligible voix d’une victoire du Rpg à la présidentielle de 2020, il a subi moult pressions. Raison pour laquelle il a vite trouvé l’occasion de se dédire publiquement. Sous le poids des critiques de son camp politique, le député a ployé, pour enfin se rétracter.
“C’était une bêtise politique” commentait un autre haut responsable du Rpg, Amadou Damaro Camara, aujourd’hui reconnu comme l’un des plus ardents défenseurs de la prolongation éventuelle de la présence d’Alpha Condé à la tête de la Guinée.
Ces quelques incidents et déclarations, parmi tant d’autres, ont fini par convaincre les plus sceptiques sur les intentions de l’actuel président de la Guinée de briguer in troisième mandat, celui de tous les dangers pour ce pays, compte tenu de l’atmosphère politique délétère.
Cette vaste coalition qui vient de naître, regroupant des forces politiques et sociales venant de toutes les couches sociales et socioprofessionnelles de la Guinée, a comme objectif principal de barrer la route à ce projet visant à ouvrir à une présidence à vie pour le Professeur Alpha Condé. Ce front, qui a lancé ses activités le 4 avril dernier, entend dérouler un plan d’actions sur l’ensemble territoire pour faire entendre raison à Alpha Condé dont les partisans, de leur côté, bandent aussi des muscles t donnent de la voix pour défendre leur projet. Il y a de l’électricité dans l’air et les prochains jours seront déterminants.