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BAMAKO : Le gros business autour de la gestion des corbillards dans les mosquées
Publié le lundi 22 avril 2019  |  La Sirène
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Corbillard, ce véhicule dont l’usage devait normalement être gratuit pour les populations est loué à des coûts souvent très élevés. Et c’est exactement la gestion faite de ces frais de location qui fait bruit entre les fidèles dans certaines mosquées. Le cas récent d’un corbillard deTomikorobougou nous interpelle à en discuter du sujet.
L’histoire d’un présumé cas de vol de corbillard au quartier Tomikorobougou en Commune III a créé l’indignation au sein de l’opinion publique courant semaine dernière. Par ailleurs nombreux sont ceux qui n’ont pas cru à un cas de vol soutenant que peu de personnes oseraient commettre de telles forfaitures. Ces derniers avaient raison.
A la mosquée de Tomikorobougou, il y avait deux corbillards et celui dont il est question était en panne depuis deux ans et n’a pas été volé, mais mis en vente par le président du comité de gestion de ladite mosquée. Ce, en commun accord avec d’autres responsables de la mosquée dont l’imam lui-même avec qui l’argent de la vente a été partagé.
Le corbillard, a-t-on appris, a été vendu à un revendeur de pièces détachées qui l’a acquis à 250.000 Fcfa. Et s’il y a eu histoire de vol autour des faits, disons-nous, c’est parce que le ‘‘business’’ a eu lieu en catimini et tous les membres du comité de gestion de la mosquée n’ont pas été mis au parfum de la vente du véhicule qui n’avait plus aucune utilité. Aux dernières nouvelles à Tomikorobougou, l’imam ne voudrait plus discuter avec qui que ce soit à propos du corbillard disparu et celui qui s’entêterait à en savoir plus aura à faire à l’imam lui-même. Wa Salam !
Gestion des corbillards, un gros business à Bamako
Il faut d’abord être dans les secrets du comité de gestion d’une mosquée à Bamako pour le savoir. La gestion d’un corbillard fait l’objet d’un suivi très particulier de chacun des membres du comité de gestion. En voici la preuve.
Simple coïncidence ! De passage dans un garage dans un quartier à Bamako, un corbillard en panne y était en réparation. Le véhicule qui avait été conduit sur les lieux par le chauffeur seul a été par la suite encombré par la présence d’au moins 5 membres du comité de gestion de la mosquée dont il relevait. La dernière personne à rejoindre le garage fut l’imam lui-même. Et il ne fallait pas.
Les autres membres du comité présents n’ont pas manqué de faire part à l’imam leur désapprobation : ‘‘ Tu fais quoi ici ? Tu ne dois pas te mêler de tout ça, nous pouvons bien régler ça sans toi’’. Calme du côté de l’imam qui ne répond qu’avec un simple sourire sans mot dire. C’était louche !
C’est au mécano du garage de nous expliquer que la réparation du corbillard fait l’objet de petite surfacturation puisée dans la caisse de la mosquée : ‘‘Au début, j’avais décidé de réparer les corbillards gratuitement, mais c’est toujours ceux qui amènent le véhicule qui insistent pour que je dise un prix, je me demandais pourquoi, mais on m’a dit que ces derniers relevaient plus dans la caisse de la mosquée que ce qu’ils payaient au garage’’. Est-ce l’objet la présence de l’imam au garage pour témoigner de lui-même du prix de réparation ? Notre mécano ne doute point.
Tout sur les frais de location
Dans les mosquées à Bamako, le corbillard est la vache laitière par son coût de location, au moins 3.000 Fcfa à chaque sortie. Et en ces temps où l’on meurt comme des criquets, c’est de la bonne récolte dans les mosquées. Les 3000 Fcfa sont donnés comme frais de carburant, mais la distance entre le cimetière dans certains quartiers ne prend pas plus de 1000 Fcfa de carburant. C’est autour du cumul de ces frais de location qu’il y a bruit. Tout le monde n’a pas la chance d’être chauffeur de corbillard à Bamako.
Quand un imam voulait devenir lui-même chauffeur du corbillard.
A Bamako, le privilège de chauffeur de corbillard n’est pas donné à tout le monde. C’est lui qui s’occupe de l’entretien du véhicule et surtout les 3.000 Fcfa donnés à chaque sortie. Sur cette enveloppe, une partie est réservée pour la caisse de la mosquée, et l’autre donnée comme carburant. Et c’est le chauffeur seul qui a le contrôle sur la quantité du carburant disponible dans le véhicule. Et, nous confie-t-on, le véhicule n’est pas ravitaillé en carburant en cas de trop plein du réservoir que le chauffeur ne signale pas . Il empoche les sous ces quelques fois, bien entendu, en complicité avec un ou deux membres du comité de gestion de la mosquée. Ça, beaucoup le savent, chose qui a poussé un imam à être chauffeur lui-même.
Dans une mosquée au quartier Banconi , c’est l’imam voulant aussi bénéficier du chauffeur qui a décidé d’apprendre à conduire par forcing convaincu que peu de policiers siffleraient un conducteur de corbillard pour demander son permis. Dans un après-midi calme en décembre dernier, a-t-on appris, l’imam fut irruption dans le véhicule et mis le moteur en marche. Malheur, il perd du coup le contrôle en démarrant et cogne un tronc d’arbre. Pas de blessés, mais le véhicule légèrement endommagé.
Par la suite, il a été gentiment demandé à l’imam de ne plus toucher au corbillard. Pour en être plus sûr, on a changé tout simplement dans un coin tenu secret le lieu où la clé du véhicule est déposée au sein de la mosquée.
Vive l’Islam, Vives les musulmans au Mali
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