En se joignant à l’opposition parlementaire pour déposer une motion de censure afin de renverser le Premier ministre membre de la majorité présidentielle, le RPM avait créé un fâcheux précédent et démontré aux yeux de l’opinion que les prises de positions de cette opposition sont plus que pertinentes.
Sous le magistère d’IBK, c’est l’opposition qui nous avait habitués à des motions de censure sans succès. En initiant la récente motion de censure, qui a contraint le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga à jeter l’éponge avant même les discussions parlementaires, le parti présidentiel jette des fleurs à l’opposition à laquelle il a prêté main forte.
Sentant que la campagne de renversement du chef du gouvernement, qu’ils soutiennent, peut avoir un effet boomerang, les responsables du RPM ont voulu franchir le rubicond le vendredi 19 avril à l’Assemblée Nationale. Ils ont ainsi déposé la motion de censure contre leur gouvernement quarante huit heures plus tôt et se préparaient à cueillir le fruit mûr sur l’arbre pourtant solidement planté par leur mentor IBK.
Les Rpmistes ont ainsi signé quasiment un pacte avec « le diable », l’opposition FSD et COFOP, contraignant le président IBK presque à un partage de responsabilités. C’est pourquoi les deux regroupements de l’opposition exigent depuis peu la signature d’un accord politique et d’une feuille de route comme préalable à leur entrée au gouvernement. Et IBK, conscient de la fragilisation de son pouvoir et de la place importante de certains leaders religieux proches des opposants, va devoir lâcher du lest. Ce faisant, c’est le RPM qui scie la branche sur laquelle il s’est assis et n(aura dans la perspective 2023 que ses yeux pour pleurer. Le parti du tisserand renforce en conséquence la place de l’opposition qui, petit à petit, prend des galons mettent son chef de file, Soumaïla Cissé en orbite pour la présidentielle 2023.
Et le président IBK n’avait pas soupçonné un seul instant que ses protégés du parti du tisserand pourraient mettre leur menace de défiance à exécution au point de déposer une motion de censure contre « leur propre gouvernement » semble définitivement esseulé. Cette pilule fut amère à avaler pour le locataire du palais de Koulouba, qui a presque juré leur faire la peau. La suite, on la connaît : le président du RPM, Dr Bokary Tréta regardera encore, et peut-être pour le reste de ce second mandat d’IBK, le poste de Premier ministre lui filer entre les doigts. Non seulement à lui, mais il semble que le président fondateur du RPM a gardé cet épisode de « haute trahison » en travers de la gorge au point que le parti du tisserand doit faire définitivement le deuil de son retour à la primature.
Le parti vert et or s’est donc inscrit dans une dynamique oppositionnelle ou de parti de rejet du leadership naturel de son fondateur devenu président de la République.