Rien ne va plus entre Soumaila Cissé, le chef de file de l’Opposition et ses camarades du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, FSD d’une part, et entre les dirigeants de la Coalition des forces patriotiques, COFOP, d’autre part. La pomme de discorde n’est rien d’autre que la participation ou non au gouvernement de Boubou Cissé. Si les ailes dures des deux grands groupements politiques souhaitent la signature par le Président de la République d’un accord politique contraignant, les modérés pensent qu’il faut y aller après les questions essentielles seront abordées. Entre les deux positions, le fossé se creuse jour après jour et le risque d’une fissure est plus que patent.
IBK est en passe de battre tous les records négatifs d’un président de la République dans la gestion du pays. Six Premiers ministres en six ans, insécurité grandissante, crise sociale à nulle autre pareille, crise politique gravissime, la liste noire est loin d’être exhaustive. Le Mali est plus que jamais menacé, et ce jusque dans ses fondements. C’est dans cette gravissime situation et sous la pression de la rue que le cinquième Premier ministre de l’ère IBK a rendu le tablier. Soumeylou Boubèye Maiga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été contraint à la démission parce que le pays était sur le point de s’effondrer. Remplacé par Dr Boubou Cissé le 22 avril, plus de dix jours après sa nomination, ce dernier n’arrive toujours pas à mettre en place un gouvernement de mission à la hauteur de la crise qui sévit au Mali. Nous assistons aujourd’hui à un jeu de ping-pong entre le Président de la République et l’Opposition. Le premier ne veut pas céder d’un iota ses prérogatives présidentielles alors que l’Opposition veut des garanties, à travers un accord politique contenant les grandes missions. Une sorte de feuille de route permettant au gouvernement d’avoir une boussole et d’éviter un colmatage. Quoi de plus normal pour des responsables de l’Opposition d’avoir des garanties et de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, à travers un document signé par tous les acteurs, avant de s’engager dans une aventure à l’issue incertaine.
La philosophie qui a sous-tendu la création de différents blocs politiques au sein de l’Opposition, qui était d’empêcher le pouvoir de tourner en rond et de jouer le rôle de sentinelle, est en passe d’être mise entre parenthèses à cause de l’appétit vorace de certains leaders politiques. Prêts à piétiner la Bible, le Coran et la Tora, ces leaders politiques qui, pour la plupart d’entre eux, ont participé à la gestion antérieure du pays, veulent aller à la soupe sans compromis.
En définitive, si tant est que le Président de la République a appris de ses erreurs dans la nomination de ses anciens Premiers ministres et dans la composition des différents gouvernements, il doit faire preuve d’humilité et de compromis pour sauver le Mali de l’effondrement. Quant à l’Opposition, après avoir tenu pendant six ans, elle ne doit pas mettre à vau l’eau ces sacrifices pour des strapontins. En acceptant d’aller au gouvernement sans un minimum de garantie, elle creuserait sa propre tombe politique et dira adieu au pouvoir en 2023.
Youssouf Sissoko