L’insécurité grandissante au centre du Mali a fait perdre à beaucoup d’enfants leurs études. Dans cet article fictif, nous décrivons cette situation sous l’image d’Hassimi.
Hassimi est un jeune élève de la classe de 9e année. Très intelligent, courageux respectueux, il fréquente l’école fondamentale de Kotougo. Étant le meilleur de sa classe, il s’est fait des amis parmi ses professeurs ainsi que ses camarades. Le petit Hassimi rêve d’un avenir meilleur. Il aspire à devenir douanier afin d’appuyer son père Bina Poudiougou, cultivateur ; et sa mère Aissata Diallo, ménagère. Les rêves d’Hassimi vont vite se briser pour devenir des utopies. Comme d’habitude, Hassimi arrive très joyeux de l’école à la descente. Tout le monde l’a connu avec cette attitude. Ce vendredi, l’école se situant à quelque cinq kilomètres de son village, à cœur joie, il arrive au village. Depuis à moins de deux kilomètres, il aperçoit des fumées de loin, des fumées provenant de son village. À vélo, il pédale le plus vite possible. Plus il se rapprochait, plus ses espoirs devenaient moindres puisqu’ils constataient des gens pris de panique courir de sens dessus dessous. Hassimi vient trouver que tout le village est en fumé, les cadavres gisaient au sol, l’odeur du village est nauséabonde, les puits sont infestés de cadavres. Le petit Hassimi se met à sangloter de toutes ses forces tout en demandant : « Où sont mes parents ? » Il ne cesse de les appeler, mais une atmosphère de mort règne dans ce village devenu quasiment un Hameau. À l’entendement d’Hassimi, tous ses parents viennent de le quitter pour toujours. Mais heureusement que non. Quand les bandits attaquaient le village, Aissata s’était rendue dans la brousse à la recherche du bois de chauffe. Celle-ci ayant entendu l’écho de ce qui s’est passé est rentré au village en courant. Elle trouve son enfant en larme au milieu des cadavres. Rien ne pouvait tarir les larmes de ces deux êtres. Dès lors, des équipes humanitaires qui se sont rendues sur les lieux quelques heures après ont conduit Aissata et son enfant dans le camp des déplacés situé dans un marché à bétail à plus de 500 kilomètres de Kotougo.
Les inconnus qui se sont attaqués au village se sont emparés de toutes ses richesses. Hassimi qui aurait pu hériter d’une grande richesse se trouve maintenant avec sa mère dans une situation de véritable pauvreté. Après quelques mois de vie dans le camp pour déplacés, Hassimi rêve toujours d’une bonne éducation. Il ne cesse d’interroger sa mère sur le moment où ils retourneront au village pour qu’il reprenne ses études. « Je rêve de retourner chez moi pour rependre mes études », récidivait-il. Hassimi n’arrive pas à accepter son nouveau statut de déplacé. Il n’est pas prêt à surseoir à ses études comme tout bon élève. Pourtant il n’a pas d’autre choix, il est obligé d’accepter l’évidence, car les aides qu’on leur apporte sont insuffisantes. Alors, au lieu de songer à retourner à l’école, Hassimi est devenu finalement un conducteur de pousse-pousse afin de prendre soin de sa mère et de lui-même. Le rêve d’Hassimi a été ainsi mis entre les fers comme beaucoup d’autres enfants de cette localité.
Nos États doivent songer énormément au statut de ces enfants victimes de conflits. Leur éducation ne doit pas être compromise parce qu’ils se trouvent dans des camps de déplacés.