Dur, dur, dur aura été pour le Chef de file de l’Opposition cet épisode de la vie politique du pays. Entre l’impératif du sursaut national autour du pays plongé dans une crise profonde, les appels à la raison à contenir son moi surdimensionné, son ambition hypertrophié, sa prétention sans limite (« moi ou le chaos »), l’honorable Soumaïla CISSE n’a pas su se dépasser pour être à hauteur de son histoire et entrer dans l’Histoire.
Hélas pour un homme versatile sur lequel nous avions osé prendre le pari de mettre sur un piédestal en l’affublant de « grand Monsieur ». Chacun se souviendra de son plaidoyer pro domo le 12 janvier dernier en faveur de l’apaisement, du dialogue et de la convergence autour du Mali. Mais comme le dit l’adage : Dosso koro te an son koro bila (l’habitude est une seconde nature) !
C’est lui Soumi, avec ses alliés de l’Opposition (FSD et COFOP) qui a proposé, demandé et exigé cet accord politique le 19 avril. Mais en fait d’accord politique et quand il brandit sa « détermination à conjuguer nos efforts pour aborder et gérer cette phase décisive de la vie de notre peuple qui aspire à un Mali apaisé, uni et prospère », Soumi ne veut retenir que « partage de responsabilité », ce qui ne veut rien dire d’autre que partage de gâteau.
C’est lui Soumi, président du FSD, pour le beurre et l’argent du beurre, qui n’a pas hésité, sans tourner publiquement la page de sa contestation post-électorale, saisir officiellement le président IBK pour demander de définir conjointement « le profil et identifier ensemble un Premier ministre, Chef de Gouvernement à même de faire face aux défis du moment », d’«avoir des échanges approfondis sur la structure du gouvernement et les profils des ministres qui doivent avoir des compétences avérées et une éthique reconnue » ; de « déterminer ensemble les quotas de ministres de la majorité, de l’opposition et de la société civile » et « définir le rang protocolaire des membres du gouvernement ».
Pour le beurre et l’argent du beurre, l’URD propriété exclusive de Soumi, écrit le 2 avril à Soumi, président-propriétaire du FSD pour faire davantage pression et contraindre le président IBK à accepter son projet de partage du pouvoir. Dans ce document qui fera date dans les facultés de sciences politiques, il y est écrit : «il est important non seulement de garder l’esprit de notre document mais aussi et surtout de le rendre beaucoup plus contraignant pour éviter toute surprise désagréable. (Parce qu’estime Soumi) toute participation à un gouvernement en dehors d’un accord et d’une feuille de route solides et contraignants préservant nos acquis trahirait toutes nos convictions antérieures largement partagées ».
Face à l’hilarité de l’appétence et au tollé suscité par son virage à 90 degrés, le « Propriétaire » de l’URD et du FSD Soumi en bon politicien tente une pirouette, dans les observations qui ont suivi les contre-propositions du Premier ministre : « il ne s’agit pas là de revenir sur la nomination de l’actuel Premier ministre, mais de disposer pour l’avenir. Le problème n’est pas de disputer au Président ses « prérogatives constitutionnelles », son « rôle de gardien de Constitution » ou d’incarnation de « l’unité nationale » mais de veiller à la bonne application de l’Accord politique qui serait obtenu ».
Comme le disent les Bambaras : don nan, ma a ta, i don don koum ? Pourquoi chercher si on ne veut pas trouver ?
N’Te djegué fè, N’Tè bo koda la !!!
Malgré le long chapelet de récrimination, puisque c’est lui le FSD, en tant que président-propriétaire, Soumi « réaffirme sa disponibilité à poursuivre le dialogue pour un Accord politique assorti d’une feuille de route ».
Mais, pour Soumi, peut-il y avoir d’accord politique de gouvernance qui n’exalte pas son égo débordant, qui ne caresse pas son orgueil d’opposant qui en impose à Koulouba ? Tout l’indique, à notre avis, dans sa démarche de rendre cet outil exclusif entre lui et le Président IBK. « L’enfer, c’est les autres ». Et les autres, c’est le reste de la classe politique à laquelle Soumi réserve un commode oubli si ce n’est un mépris rédhibitoire. Puisqu’ils y sont (les autres), lui Soumi se barre.
Zan ka wara don pour ceux qui comprennent le bambara. Autrement dit, c’est moi qui ai fait le travail, tout le mérite et tout le bénéfice me reviennent.
Faute de garantie d’obtenir le beurre et l’argent du beurre, Soumi rétropédale. Dans un surprenant revirement à couper le souffle, le chef de file de l’opposition tente de justifier et de faire croire que toutes les consultations, prises de positions et échanges de documents «n’étaient nullement axées sur un partage de portefeuilles ministériels, mais plutôt sur l’avenir plus ou moins immédiat de notre pays en rapport avec les réformes institutionnelles et politiques à venir ».
Comme guéri d’une amnésie décennale, Soumi fait contre mauvaise fortune bon cœur : «l’opposition politique est un élément essentiel de la démocratie pluraliste, l’URD a décidé d’y demeurer afin de continuer à servir le peuple malien sous cette posture de sentinelle, alertant chaque fois sur les dérives inacceptables que notre pays a connu ces dernières années ».
Soumi puisque c’est de lui qu’il s’agit, se sachant désormais lâché par ses troupes notamment ses principaux alliés (Tiébilé DRAME, Oumar Hamadoun DICKO, Djibril TALL…) affirme sa volonté de continuer « avec d’autres formations politiques à animer une opposition constructive en demeurant force d’alertes, de dénonciations et de propositions ».
Le président-propriétaire du FSD qu’il s’estime, tente d’administrer un coup de Jarnac aux composantes du regroupement qui ont choisi de saisir enfin la main tendue du pouvoir et de tourner la page de la crise pour s’atteler ensemble à faire sortir le pays de la crise.
Dans le dernier baroud d’honneur d’un chef de file désormais avec une file sérieusement clairsemée, Soumi le président-propriétaire du FSD se fend d’une lettre au Premier ministre pour interdire à ses anciens compagnons du FSD de signer l’accord politique de gouvernance au nom du FSD.
Se libérant du carcan contraignant d’un propriétaire exclusif et assumant leur responsabilité devant l’histoire, plusieurs partis et associations du FSD étaient hier à la Primature pour signer le document.
Et suprême insulte aux Maliens, et à leurs anciens compagnons du FSD, les partisans de Soumi tentent de faire croire que Hamadoun DICKO n’a pas signé le document au nom du FSD, mais de la Coalition de l’opposition. Or, plus de 100 personnes étaient dans la salle pour confirmer et les éléments visuels et sonores attestent bien que DICKO a bel et bien signé au nom du FSD…
Que faut-il attendre d’autre de Soumi ?
PAR BERTIN DAKOUO
Pourquoi ils n’ont pas signé:
Le document d’accord politique entre le Premier ministre, les partis politiques, groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi que les organisations de la société civile a finalement été signé, ce jeudi 2 mai 2019, à la primature sous la houlette du Dr Boubou Cissé. Si la salle de réunion de la Primature avait du mal à contenir les participants, il n’en demeure pas moins que de grandes figures de la classe politique ont refusé de signer cet accord politique, pour des raisons qui leur sont propres. Nous vous proposons les réactions de quelques-unes.
L’URD opte pour ‘’une opposition constructive’’
Le Bureau Exécutif National de l’URD, réuni ce mercredi 1er mai 2019 à son siège, en session extraordinaire, a décidé de ne pas participer au prochain Gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé.
L’URD rappelle qu’il est de notoriété publique que notre pays traverse une crise multiforme (sécuritaire, sociale, économique et politique) qui annihile toute initiative de réconciliation, de paix et de sécurisation de notre pays.
C’est pourquoi l’URD informe l’opinion nationale et internationale qu’il a toujours eu une très forte conviction selon laquelle pour sortir de cette crise multiforme, notre pays a besoin d’un dialogue politique national inclusif, sincère, global, interactif, dynamique et transparent avec l’ensemble des forces vives de la Nation.
Ce dialogue que notre parti réclame avec d’autres forces politiques et sociales depuis plus de trois ans doit aboutir à des résolutions fortes permettant d’enclencher des réformes institutionnelles et politiques nécessaires pour une sortie de crise réussie.
L’URD proclame sa disposition à ne rien ménager pour la réussite de ce dialogue et permettre à notre pays de retrouver la paix, la sécurité et la cohésion.
L’URD estime que participer à un tel dialogue ne nécessite pas d’être obligatoirement membre du Gouvernement.
Conscient du fait que l’opposition politique est un élément essentiel de la démocratie pluraliste, l’URD a décidé d’y demeurer afin de continuer à servir le peuple malien sous cette posture de sentinelle, alertant chaque fois sur les dérives inacceptables que notre pays a connues ces dernières années.
L’URD continuera ainsi avec d’autres formations politiques à animer une opposition constructive en demeurant force d’alertes, de dénonciations et de propositions.
L’URD remercie vivement Monsieur le Premier ministre pour l’initiative des consultations effectuées qui n’étaient nullement axées sur un partage de portefeuilles ministériels, mais plutôt sur l’avenir plus ou moins immédiat de notre pays en rapport avec les réformes institutionnelles et politiques à venir.
L’URD renouvelle au Premier ministre ses sincères vœux de réussite.
L’URD invite ses militants à rester vigilants et mobilisés.