Les consultations tous azimuts, sous l’impulsion du Président de la République ou du nouveau Premier ministre ; l’élargissement du champ ministériel aux différentes catégories socio-professionnelles, aux partis politiques, abstraction faite de tout clivage, ne concourt qu’à la formation d’un Gouvernement de mission pour ne pas dire de large ouverture pour faire face à la crise protéiforme dans laquelle est plongée notre pays. Apparemment, l’on aboutit là où l’on aurait dû commencer, puisque dès les premiers signaux de détresse, l’Opposition a rapidement appelé à l’organisation de concertations nationales, d’un dialogue national.
Bien sûr, le pouvoir a brillé par son ‘’autisme’’. Il était jaloux et même très jaloux de sa chose si chèrement acquise, en oubliant peut-être que le Mali en crise n’est la chose de personne.
Le Président IBK lui-même en accédant au pouvoir en 2013 n’a pas usé de la langue de bois pour mettre chacun dans son rôle : à la Majorité de diriger et à l’Opposition de s’opposer. Et il a œuvré pour qu’il en soit ainsi. L’une des plus parfaites illustrations est le vote d’un statut du Chef de file de l’opposition qu’il a entrepris de respecter autant que faire se peut.
De leur côté, les adversaires politiques et une partie non négligeable de la société civile n’ont eu de cesse de lui rappeler cette réalité implacable : le Mali appartient à tous les Maliens et les élus bénéficient de leur mandat. N’est-ce pas d’ailleurs cela la définition de la démocratie : le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ?
En tout état de cause, l’année 2019 a débuté sous de bons auspices. Les partis politiques qui étaient à couteaux tirés ont commencé à se parler, à multiplier les rencontrer avec comme principale préoccupation (du moins le fait-on croire), de trouver une thérapie de choc aux maux du Mali. Fait notoire : c’est le Parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali qui a été à l’origine de cette décrispation politique, quand bien même il faut avouer que tout n’a pas été un long fleuve tranquille. Il ne pouvait du reste en être autrement, puisque s’entremêlent inextricablement, dans la plus grande opacité différents intérêts.
Quoi qu’il en soit, le Président de la République ne pouvait rester en marge de la marche d’ensemble. Résultat ? On est à former un Gouvernement de mission prenant en compte différentes sensibilités de la population. C’est la recherche d’un consensus. Un consensus autour du Mali ou du gâteau national ?
Ce qui est certain, c’est que les acteurs politiques et de la société civile ne proposent pas un concept novateur par ce consensus qu’ils ont de la peine d’ailleurs à porter à l’image du difficile accouchement d’un gouvernement d’union nationale.
Avant le Président IBK, c’était la recette du Président ATT. En 10 ans à la tête du pays, il n’a connu qu’une éphémère opposition du Rassemblement Pour le Mali, à partir de la signature de l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006. La discorde entre IBK et ATT partie d’une différence d’approche sur la gestion du dossier de Kidal, a pris une autre dimension, en 2007, à l’occasion de l’élection présidentielle.
Il faut rappeler également une Opposition extraparlementaire quasi inaudible dans la foule de soutiens à l’homme fort du moment.
L’illustre prédécesseur du Président ATT, à savoir le Président AOK, avait montré la voie du consensus. Il s’agissait, dans son cas, d’un Pacte de gouvernement connu sous le label ‘’Partis Signataire du Pacte Républicain’’ (PSPR). L’objectif était de créer les conditions d’une gestion concertée du pouvoir, alors que le pays était en pleine turbulence.
Il y avait tout de même ceux qui, à l’instar du CNID, s’y étaient refusés et avaient préféré fonder le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). On notera facilement le retour du FSD sous la forme d’un regroupement dirigé par l’Honorable Soumaïla CISSE, au sortir de l’élection contestée de juillet/août 2018.
Il y a donc comme un égaiement de l’histoire avec des concepts et redénominations qui se conjuguent et se confondent bien souvent.
Où tout cela nous mène-t-il ? La procession sataniste est un fait. Chacun semble prêcher pour sa chapelle. Ceux qui prétendent détenir la poudre de perlimpinpin, sauveront-ils le grand malade Mali ? Là, le doute est permis ; d’autant plus que beaucoup ont été vus à l’ouvrage sans laisser un souvenir de foudre d’intelligence ou de patriote convaincus et sincères.
En condamnant le Mali remakes de dénominations, le risque est grand d’ouvrir un boulevard à un recul démocratique. Le Capharnaüm politique pourrait difficilement prospérer.