«Chaque génération, dans une relative opacité, doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir», dixit Frantz Fanon. Il convient de dire aujourd’hui que le Mali a été conduit par les ‘’démocrates’’ dans un engrenage profond aux conséquences imprévisibles. Deux (02) situations attirent ici notre attention: le risque d’une année «blanche» et l’imbroglio politique national.
Il n’est pas besoin de rappeler aujourd’hui que l’école malienne se trouve dans l’impasse, depuis novembre 2018. Et depuis, la vie scolaire est ponctuée de grèves des syndicats d’enseignants et de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).
Pratiquement de novembre à mai, il n’y a eu que quelques cours intermittents dans nos lycées et écoles publiques. Comme s’il y avait une fin de non recevoir, le dialogue reste rompu entre le gouvernement d’IBK et les différents syndicats d’enseignants qui continuent d’observer le mot d’ordre de grève qu’ils ont décrété depuis maintenant cinq bons mois.
Sans risque de se tromper, il faut dire que les élèves n’ont pratiquement rien appris cette année scolaire 2018-2019. Des compositions ont été colmatées ça et là sans permettre une vraie évaluation de nos scolaires. On peut dire aujourd’hui avec juste raison que notre système éducatif national est en crise véritable et cela depuis plus de deux (02) décennies.
L’on ne saurait passer sous silence le travail de sape de l’école malienne dont s’est rendu coupable le régime ‘’démocratique’’ d’Alpha Oumar Konaré. Il suffit de rappeler à cet effet l’adoption et l’application, en 1994, de la Nouvelle école fondamentale (NEF). Dès lors, le tripatouillage de l’enseignement a bien démarré.
Le deuxième fait marquant de cette année scolaire 1993-1994 a été l’année blanche orchestrée par le régime Alpha qui n’avait que faire de l’avenir de l’école malienne. Une année facultative s’en était suivie, en 1998.
Et depuis, l’école malienne est devenue le théâtre des combats politiques entre des politiciens en mal de crédibilité. Et depuis, l’école malienne a du plomb dans les ailes.
En 2008, le Bac a été saboté par bien de syndicalistes. C’est ce Bac que le ministre Amadou Touré qualifiait de bien réussi.
Pour la première fois dans l’histoire des grèves au Mali, les classes sont restées fermées durant quatre bons mois l’année scolaire 2018-2019. Une façon de dire que le spectre de l’année blanche plane de plus en plus sur l’école malienne. Ce spectre s’explique par le fait qu’en dépit de la nomination du Premier ministre Boubou Cissé en lieu et place de Soumeylou Boubèye Maïga, C’est le statu quo à l’école: les cours restent pratiquement désertes.
Pire, depuis la nomination de Cissé à la Primature, rien ne filtre sur l’école comme si elle devenait ainsi le dernier souci du régime IBK. C’est en cela qu’il convient de dire qu’il y a de plus en plus un spectre qui plane sur l’école malienne: celui de l’année blanche. Un tel scénario est lourd de conséquences néfastes pour le devenir du Mali.
Selon des économistes de notoriété internationale, une année blanche à l’école équivaut à vingt ans de retard du pays.
La deuxième situation qui nous fait dire que notre pays est plongé dans l’impasse, c’est bien l’imbroglio politique qui mine de plus en plus la vie nationale.
Tout d’abord, il faut dire que le mandat de nos députés qui était arrivé à terme en décembre 2018 a été prorogé de six mois. Cette prolongation de mandat prendra fin, le 30 juin 2019. Que va faire le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) lorsqu’on sera à cette date butoir ? Va-t-il gouverner par ordonnance et pour combien de temps ? Par son manque de courage politique, IBK est amené à se séparer de celui qui pouvait faire face aux coups fourrés en la personne de Soumeylou Boubèye Maïga.
Déjà, avec la fin du mandat prorogé des députés à l’Assemblée nationale, IBK voit son projet de révision de la Constitution prendre du plomb dans les ailes. Cela s’avère évident dans la mesure où la révision constitutionnelle est pratiquement impensable à l’absence des députés de l’Assemblée nationale.
Une porte de sortie pourrait s’offrir au Président: prolonger pour une deuxième fois le mandat des députés tant il reste établi que les hommes politiques ont coutume de manipuler les lois à dessein.
Tout compte fait, le constat est aujourd’hui patent pour tous ceux qui veulent voir: le Mali est dans l’impasse. Comment en sortir donc ?
Comme le dira Frantz Fano : «Chaque génération, dans une relative opacité, doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir.» Sony Labou disait avec conviction qu’il faut des hommes pour sauver l’avenir. Il est question de gouvernement d’ouverture.
Pour nous, c’est bien la preuve que ce n’est pas le Mali qui intéresse les politiciens maliens et donc aussi les leaders religieux car pas la moindre voix pour dire que le Mali est victime des tractations politiciennes par des hommes et des femmes qui ne sont que l’ombre d’eux-mêmes.
En tout cas, Max Weber avait déjà dit: «Celui qui veut le salut de son âme ou sauver celle des autres doit donc éviter les chemins de la politique qui, par vocation, cherche à accomplir d’autres tâches différentes, dont on ne peut venir à bout que par la violence.»
Une fois encore, les vautours sont à l’œuvre pour être des élus de cœur du président IBK, non pas pour servir le Mali mais se servir du Mali. Les Maliens ont vu ces hommes et ces femmes participer à la souillure de la lutte démocratique de notre peuple travailleur.
Il faut des concertations pas politiciennes pour sortir le Mali du gouffre créé par la mauvaise gouvernance ‘’démocratique’’. Les concertations, pour être sérieuses, crédibles et servir le Mali, doivent avoir un seul objectif: libérer le Mali de la bamboula de ces cadres véreux qui ont sucé et qui continuent de sucer le sang de notre peuple, de 1992 à 2019.
En tout cas, bien de cadres sales et au pantalon troué cherchent à se remettre en selle par le truchement du gouvernement que doit diriger le Premier ministre (PM) Boubou Cissé.
Par ces concertations, le vrai combat contre la corruption et la délinquance financière pourrait commencer. Pour que le Mali tourne cette nébuleuse page de la ‘’démocratie’’ à la malienne, c’est seulement par ces concertations que notre pays mettra la main sur les centaines de milliards qu’on lui a volés par le biais de l’administration et de la politique.
Pour ce faire, il faut des hommes radicalement nouveaux car, rien de bon ne peut être réalisé avec ceux qui sont trempés directement ou indirectement dans les malversations financières, la surfacturation, les magouilles, les détournements de deniers publics, bref, de tous les comportements malsains qui constituent le goulot d’étranglement de notre économie nationale. Il faut des hommes nouveaux pour servir le Mali.
Rappelons à cet effet, ces propos du Pr Issa N’Diaye, alors ministre de l’Education de la transition de 1991, tirés du journal « Aurore», N°119 de mars 1992. Il disait: «On ne peut pas opérer certains changements en gardant les mêmes hommes qui, depuis, ont été habitués aux mêmes méthodes de travail.»
Il est temps que les hommes crédibles gèrent les affaires de la République. Ces hommes, il y en a au Mali et les concertations responsables doivent les sortir de l’ombre.
Le président Modibo Keïta disait: «Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands.»