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Guillaume Ngefa : « La situation des droits de l’homme au Mali reste préoccupante »
Publié le lundi 6 mai 2019  |  Le Point
ONU-FEMMES:
© aBamako.com par Momo
ONU-FEMMES: Forum des Femmes pour la Paix et la Sécurité
Bamako, le 3 Avril l`ONU-Femmes en partenariat avec la MINUSMA et le NDI a organisé le forum des femmes sur la paix et la securite à l`hôtel Salam.
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Après le massacre de 160 Peuls le 23 mars à Ogossagou près de la frontière avec le Burkina Faso, la Minusma a diligenté une enquête pour appuyer l'État. À sa tête, Guillaume Ngefa s'est confié au Point Afrique.

Le massacre, fin mars, de près de 160 habitants d'un village peul, Ogossagou, dans le centre du Mali, a été une « attaque planifiée, organisée, et coordonnée » et pourrait être qualifiée de « crime contre l'humanité », a estimé jeudi 2 mai la mission de l'ONU dans le pays. Ce constat fait suite à une enquête de la mission des Nations unies au Mali qui s'est rendue sur place du 25 au 29 mars, juste après les faits. Guillaume Ngefa, directeur de la division droit de l'homme de la Minusma a répondu aux questions du Point Afrique sur les tenants et les aboutissants d'un tel rapport.

Le Point Afrique : Sur quels critères la division des droits de l'homme des Nations unies peut-elle diligenter une enquête  ?

Guillaume Ngefa : Nous avons reçu le mandat du Conseil de sécurité de mener les enquêtes sur les allégations de violation des droits de l'homme qui se commettent sur l'ensemble du territoire national malien, avec l'objectif d'aider les autorités maliennes à rendre justice par rapport à ces violations. Nos enquêtes ne se substituent pas aux enquêtes criminelles, encore moins aux enquêtes de l'État, elles viennent plutôt en soutien. C'est dans ce cadre, le mandat du Conseil de sécurité, que nous devons faire ce travail d'enquête. Il faut savoir que ce travail se fait de façon systématique et régulière, ce n'est pas seulement parce qu'il y a eu les événements d'Ogossagou que nous avons fait ça, il y a une surveillance permanente. Maintenant, dépendant de la gravité des événements, nous pouvons déclencher une enquête spéciale ou une mission d'établissement des faits et c'est ce que nous avons fait dans le cadre d'Ogossagou. Nous avons reçu des informations et nous avons vu qu'il était nécessaire que nous puissions établir les faits.

Comment les enquêteurs de la division des droits de l'homme ont-ils travaillé pour établir les faits  ?

Nous avons déployé une bonne dizaine de chargés des droits de l'homme, accompagnés de deux experts en balistique et forensic de la police des Nations unies, compte tenu de la complexité et de l'ampleur de cette attaque. L'enquête s'est déroulée en 3 étapes : 1re étape, l'équipe mobile d'enquête basée à Bamako et le bureau des droits de l'homme basé à Mopti ont commencé à collecter toutes les informations, toutes les allégations, toutes les publications, y compris sur les réseaux sociaux, pour les analyser et ensuite décider de la conduite à prendre. On a continué à enquêter et c'est dans ce sens-là que la mission a produit un premier communiqué de presse, disant que non seulement qu'il y a eu un massacre et qu'une équipe de chargés des droits de l'homme allait être déployée pour mesurer l'ampleur, identifier les auteurs, voir la gravité, avec l'objectif d'aider les autorités maliennes à faire la justice. Lors de la deuxième étape, nous avons eu des réunions avec tous les acteurs locaux : autorités locales, autorités militaires, autorités civiles, le commandement militaire qui a mené les opérations sur le terrain. La 3e étape a été le déploiement de l'équipe pour aller sur le terrain à Ogossagou pour mesurer l'ampleur, récolter et analyser les indices sur la scène de crime, interviewer les victimes des deux côtés, les blessés et les déplacés, confronter les allégations et les discours politiques, tout ça pour reconstituer ce qui s'était passé. Ensuite, on a continué d'autres investigations à Bamako, parce qu'il y a eu des personnes qui ont été mises en état d'arrestation. Nous avons aussi analysé les photos, les images. C'est au terme de tout cela que nous sommes arrivés à la phase finale qui est la phase de la rédaction du rapport, afin de donner les conclusions préliminaires que nous avons partagées avec la presse. Ça n'a pas été un exercice facile, mais il fallait que tout ce que nous allions dire soit des informations corroborées.
... suite de l'article sur Le Point

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