C’est sur fond de corruption que le président de la Cour suprême et le président du Conseil national du patronat du Mali ont fumé le calumet de la paix. C’était la semaine dernière à Bamako au cours d’une cérémonie solennelle présidée par le Réseau des communicateurs traditionnels (RECOTRADE). Cette réconciliation serait l’œuvre d’IBK qui a sollicité le service des communicateurs traditionnels pour étouffer le poussin dans l’œuf afin que le nom de ses proches ne soit pas publié.
Craignant que les membres de ‘’Ma famille d’abord’’, c’est-à-dire la famille présidentielle ne soient pas au devant des projecteurs de l’actualité dans le cadre d’une éventuelle publication de la liste des fonctionnaires maliens corrompus que le patron du patronat malien s’apprêtait à faire, le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) serait monté sur ses grands chevaux pour s’offrir les services du RECOTRADE.
A la grande surprise de l’opinion publique nationale, il a organisé une cérémonie au cours de laquelle les deux protagonistes à savoir Nouhoum Tapily, le président de la Cour suprême et Mamadou Sinsi Coulibaly, le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) ont fumé le calumet de la paix en échangeant des accolades.
On se rappelle que le second avait qualifié le premier de fonctionnaire le plus corrompu du Mali, d’assassin, j’en passe. Cette déclaration fracassante contre Tapily avait poussé celui-ci à porter plainte contre le président du CNPM pour outrage à magistrat.
Les dessous d’une réconciliation
Selon des sources concordantes, le président IBK se serait personnellement investi pour que le poussin soit tué dans l’œuf en débloquant d’importantes sommes. Il se serait alors offert les services du RECOTRADE pour qu’il mène sans tambour ni trompette le rapprochement entre les deux (02) hommes en conflit dont les effets collatéraux allaient toucher la famille présidentielle dont beaucoup de membres sont trempés dans des affaires de corruption.
De l’autre côté, on nous apprend qu’un protagoniste aurait débloqué 3 millions de F CFA pour, dit-on, entreprendre des démarches afin de mettre fin à cette affaire du siècle.
Depuis la sortie médiatique de Mamadou Sinsi Coulibaly contre les délinquants financiers de la République et l’accompagnement et le soutien de son action par des organisations de la société civile, la panique s’est installée à Koulouba (palais présidentiel) et à Sébénicoro (résidence d’IBK). Le premier magistrat du pays ne dormait plus que d’un œil. Il ne souhaiterait pas que le président du CNMP publie une autre liste de fonctionnaires corrompus sur laquelle lui-même et certains membres de ‘’Ma famille d’abord’’ y figureraient, selon des sources proches du dossier.
Avec cette réconciliation sous l’égide du Réseau des communicateurs traditionnels, la corruption a de beaux jours devant elle dans notre pays et les Maliens doivent faire le deuil de la lutte contre la corruption sous l’ère IBK qui avait placé 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption. Malheureusement pour lui, 2014 a été l’année où la corruption a atteint son plus haut sommet avec des scandales politico-financiers (achat de l’avion présidentiel, d’équipements militaires et l’affaire de l’engrais frelaté) touchant son propre entourage. Jusqu’à présent, aucun Malien ne pourra dire avec exactitude le montant de l’achat de l’avion. Les voleurs de la République ont annoncé trois chiffres différents pour l’achat de l’avion présidentiel: 17 milliards de F CFA communiqués par Mme Bouaré Fily Sissoko, alors ministre de l’Economie et des Finances, 19 milliards de F CFA par Moussa Mara, Premier au moment des faits devant l’Assemblée nationale et 21 milliards par le chef lui-même (IBK).
Les commissions et la surfacturation (une paire de chaussettes à 20 000 F CFA) ont donné l’occasion aux hommes du président IBK de s’enrichir de façon malhonnête sur le dos du pauvre peuple malien. Malheureusement pour lui, aucune enquête digne de ce nom n’a été menée pour mettre au frais les coupables d’un tel crime abominable. D’ailleurs, pour narguer ses concitoyens, certains ont bénéficié des promotions: Mme Bouaré Fily Sissoko s’est retrouvée à la Commission de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA), Soumeylou Boubèye Maïga (ministre de la Défense et des Anciens combattants), après quelques mois d’errance a été nommé au poste hautement stratégique du secrétariat général de la présidence de la République et Moustapha Ben Barka (ministre du Secteur privé) devient son adjoint. Il semblerait que ceux-ci et d’autres noms de la famille présidentielle et des amis du président IBK figureraient sur la liste que le patron du patronat s’apprêtait à publier dans les jours à venir au grand bonheur des Maliens.
Décidemment, avec cette race de bandits à col blanc et de médiateurs qui rament à contre courant des intérêts de la nation, les Maliens ne verront jamais le bout du tunnel dans la croisade contre la corruption.
Yoro SOW