Longue et tout à fait longue. Cela est valable aussi bien pour l’attente consacrée avant la publication que la liste, elle-même de ce premier gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé. Quoi qu’on puisse dire pour justifier, le temps consommé par rapport au choix opéré, la liste de ce nouveau gouvernement n’échappera pas à la lancinante question : « tout ça pour ça ? »
En clair, la liste de ce gouvernement, dont la composition fait plus de bruit que les trois semaines qu’il aura fallu pour y constituer, reflète fortement l’esprit qui la caractérise : consensus autour de la gouvernance. Le petit bémol, constituant à l’attitude du chef du Gouvernement de garder sous son bras son ancien portefeuille (Economie et Finances) n’enlève en rien la volonté affichée du régime à ouvrir la porte des affaires publiques à tous.
Sans tomber dans le jeu des statistiques sur le nombre des rentrants, des sortants et des permutés, il convient d’ébaucher les différentes composantes de ce nouvel attelage.
D’abord sur le plan politique, faut-il saluer l’arrivée de certains vieux brisquards, dont les expériences pourront constituer des atouts considérables pour le PM Boubou Cissé de traverser sans crainte le marigot politique, tant marécageux actuellement. De ceux-ci, on peut parler du président du Parena, TiébiléDramé, qui hérite du portefeuille de la diplomatie, de l’abeille calme de la ruche, Boubacar Bah ‘’Bill’’ désormais à la tête du département de l’Administration Territoriale, du francophile de l’Adema, Dr TémoréTioulenta, ayant en charge la gestion de l’Education Nationale et du bouillant président du PSP, Oumar HamadounDicko qui aura l’exaltante tâche de tenir langue avec les partenaires sociaux au niveau du ministère du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique.
Force est de reconnaître que ces entrées couvrent bien les sorties d’autres vieux briscards à l’image de Tiena Coulibaly (un peu amorphe à la Justice) et de Tiemoko Sangaré (resté l’ombre de lui-même à la Défense). Surtout que ces deux ont été remplacés par des moins-vieux, dignitaires de la transition de 2012. Il s’agit de Malick Coulibaly (qui signe son retour à la Justice, Garde des Sceaux) et le Général Ibrahim Dahirou Dembélé (une posture taillée à la mesure des défis de la Défense nationale).
Ensuite sur le plan social, l’association religieuse ‘’Sabati 2012’’ a été enfin récompensée, à travers son président Moussa Bah, de son soutien à l’élection et à la réélection du président IBK avec un portefeuille de Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement Bilingue. De même que la communauté chrétienne, incarnée par Jean Claude Sidibé, désormais chef du département de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.
Enfin, sur le plan de la technicité, la pression politique n’a pas amené le PM Boubou Cissé à fermer les yeux sur le concours des talentueux ministres Arouna Modibo Touré (propulsé à la tête de la Jeunesse et des Sports réunis), Mme Safia Boly (nouvelle patronne de la Promotion de l’Investissement privé, des PME et de l’Entreprenariat national), LelentaHawa Baba Bah (maintenue sur les rênes des Mines et du Pétrole) et N’DiayeRamatoulaye Diallo (cheffe reconnue de l’antre de la Culture).
Cette liste sortie au premier jour du mois béni de Ramadan, ne balaie pas d’un coup les difficultés, ni les ressentiments d’une partie du peuple contre le régime, mais elle convainc au regard de la manière de son replâtrage, sur la volonté de ‘’Mandé Massa’’ à associer tout le monde dans la gestion du pays. C’est pourquoi, il répétait ces derniers temps cette citation du roi Guézo : « Si tous les fils du royaume venaient par leurs mains assemblées boucher les trous de la jarre percée, le royaume serait sauvé » . La jarre est maintenant bien potelée !