A la primature depuis 15 jours, le Premier ministre, dans sa dynamique de formation d’un gouvernement de large ouverture, vient d’arracher la signature d’un accord politique qui fait de lui un Premier ministre de mission pour une durée de deux ans non renouvelables. Il s’agit de la volonté du président IBK afin de sortir le Mali de la crise multidimensionnelle. Si la cérémonie de signature a mobilisé dans les rangs de la majorité présidentielle comme de l’opposition, c’était avec des absences d’une taille assez conséquente pour remettre en cause son poids politiques ainsi que la légitimité des réformes qui en constituent la raison d’être.
A commencer par l’URD de Soumaïla Cissé. Deuxième à la présidentielle de 2018 avec 17,8% des suffrages, elle est aujourd’hui l’incarnation de l’opposition malienne en tant que locomotive. Ouverte au dialogue politique avec l’ensemble des forces vives de la Nation et se disant disponible pour accompagner tous les efforts tendant à stabiliser le pays, y compris la mise en œuvre de toutes les réformes, la formation de Soumaïla Cissé a, à l’issue d’une réunion extraordinaire de son comité exécutif, décidé de faire défection à l’accord. Conséquence : elle n’enverra pas de représentant au gouvernement du Dr Boubou Cissé.
Tout comme l’URD, l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba), arrivé en troisième lors de la derrière présidentielle avec 7,9% des voix, a également indiqué dans un communiqué son renoncement à l’équipe dirigée par Dr Boubou Cissé ainsi que son attachement à l’opposition sans être opposé à la recherche d’une paix durable au Mali.
Le Congrès national d’initiative démocratique (Cnid, « Faso yiriwa ton ») de Me Mountaga Tall n’est pas en reste. Lui non plus ne participera pas au gouvernement de mission de Boubou Cissé et l’a fait au moyen d’un communiqué de son Comité Directeur, réunit en session extraordinaire 1er mai 2019, avant la formation du gouvernement. Il compte plutôt s’investir dans la préparation du Dialogue national inclusif.
Le parti FARE An Ka Wili de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé n’est pas partie-prenante non plus de l’accord. Initiateur du dialogue refondateur pour une sortie de crise au Mali, les FARE pouvaient être pourtant un soutien de taille avec ses 1,4% de voix lors de la présidentielle.
Idem pour Choguel Kokala MAIGA, président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR). Arrivé en huitième position avec 2% de suffrages exprimés lors la dernière présidentielle, le MPR a également opté pour une défection à l’Accord Politique de Gouvernance.
Et ce n’est pas le parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI), d’Oumar Mariko qui allait faire exception. En conférence de presse pour rendre publique les résolutions et recommandations sur l’orientation de son parti, le sixième de la présidentielle de 2018 avec 2,3% voix a annoncé sa non-participation à « un gouvernement d’ouverture qu’il juge confus. Et d’ajouter que « Ceux qui cherchent à alimenter cette confusion en s’attendant à ce que le parti Sadi se livre à un spectacle qui n’honore pas la classe politique se trompent lourdement ».
Mohamed Ali Bathily, annoncé parmi les signataires, a précisé à la veille n’avoir «jamais été consulté ni pour la rédaction de l’accord quand bien même les APM sont membres du FSD, ni pour la discussion de ce document avec le gouvernement, encore moins pour sa signature. Aussi, je dis ici mon étonnement face à l’affirmation que je fais partie des signataires. Je n’ai jamais signé l’accord parce qu’il ne m’a pas été soumis ».
Quant à la Plateforme Pour le Changement du General Moussa Sinko Coulibaly, après avoir jugé la nomination de Dr Boubou Cissé à la primature comme une occasion ratée de changer la gouvernance, a invité ses militants à ne pas se laisser distraire par un changement de Premier ministre sachant que le problème est le régime en entier incarné par le président Ibrahim Boubacar Keita. Comme quoi, elle ne siègera pas dans le gouvernement.
Le Mouvement pour un destin commun (MODEC), par la voix de son président, à regrette pour sa part que le FSD n’ait pas réussi à adopter une position unique sur l’Accord politique avec le PM, quitte à poursuivre les négociations pour le rendre acceptable pour tous sur les points essentiels. Et d’estimer qu’en l’état l’Accord proposé ne donne pas suffisamment de garantie d’influence des parties sur la gouvernance actuelle. Pour toutes ces raisons le MODEC n’est pas partie prenante à l’instar Accord
Enfin, absent à la cérémonie de signature, le Rassemblement pour le développement du Mali (RDPM) de l’astrophysicien, Cheick Modibo Diarra, signera l’accord politique en catimini en présence du secrétaire général de la primature. Si Boubou Cissé peut se vanter d’avoir arraché la signature du quatrième de la présidentielle avec 7,4%, il n’est pas évident que cette décision fasse l’unanimité au sein du parti. Comment expliquer en définitive le fait que le RDPM n’ait pas pris part à la cérémonie officielle ?
Cependant les candidats comme Mamadou Diarra Igor, 12e avec 1,2%7, Modibo Koné, 13e avec 2,2% 13 et Kalifa Sanogo, 14e avec 1,2% n’ont pas jugé nécessaire d’exprimer leur position, à notre connaissance. L’accord politique pour la mise en place d’un gouvernement de mission serait considéré comme un non évènement dans leurs rangs.