Proclamée Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la 26ème session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991, la date du 3 Maí a été célébrée au Mali à l’instar de la communauté internationale sous le thème : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». Par-delà la série d’activités, ce fut l’occasion de passer en revue la situation de la presse dans le monde entier.
Avec 95 journalistes tuées et plus de 250 emprisonnés dans l’exercice de leurs fonctions, en 2018, on peut dire que les choses ne se sont pas beaucoup améliorées pour les confrères qui évoluent dans ce secteur. Un bilan plus lourd qu’en 2017 comme l’a constaté la Fédération internationale des journalistes (FIJ). L’un des assassinats de 2018 qui a retenu l’attention du monde entier est celui du célèbre journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Il a été assassiné en octobre dernier après son passage au consulat général saoudien en Turquie. Et le mois dernier, au Royaume-Uni, la journaliste Lyra McKee est morte dans les rues de Londonderry lors d’une émeute qui a éclaté alors qu’elle était en reportage. Un groupe paramilitaire dissident d’Irlande du Nord a admis avoir commis le meurtre. Neuf journalistes afghans sont morts au cours d’une même explosion dans la capitale, Kaboul, après s’être rendus sur les lieux d’un attentat à la bombe dans le but de rendre compte de cet événement. Un second dispositif avait été déclenché par un poseur de bombe qui se serait déguisé en journaliste. Dans l’est de l’Afghanistan, le journaliste de la BBC, Ahmad Shah, a été tué dans l’une des nombreuses attaques perpétrées dans la province de Khost. Des journalistes sont également morts aux États-Unis l’année dernière. Cinq d’entre eux ont été abattus lors d’une attaque contre le bureau du journal Capital Gazette dans le Maryland, par un homme qui aurait tenté de poursuivre le journal en justice plusieurs années auparavant. Ce 3 mai 2019, alors qu’on commémorait la Journée mondiale de la liberté de la presse, au Mexique, Santiago Enriquez a été abattu alors qu’il se rendait au studio d’El Cafetal, une radio communautaire qu’il avait fondée au sud d’Oaxaca.
S’agissant de cas d’emprisonnements, selon le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), certains journalistes sont toujours emprisonnés dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Parmi les pays ayant le plus grand nombre de journalistes emprisonnés en 2018 figurent la Turquie avec 68 détenus, suivent la Chine avec 47 détenus, l’Égypte avec 25 détenus ainsi que l’Arabie saoudite et l’Érythrée avec 16 chacun.
En Afrique, l’assassinat de journaliste le plus tragique reste celui du journaliste ghanéen Ahmed Husein, un collaborateur du célèbre journaliste Anas Aremeyaw Anas. Tué en janvier passé, ce journaliste d’investigation avait significativement contribué à l’enquête sur une vaste corruption qui avait secoué le foot africain, conduisant à de lourdes sanctions des instances internationales.
Au Mali, on reste toujours sans nouvelle du journaliste Birama Touré disparu depuis janvier 2016 et dont les enquêtes piétinent toujours. Il en est de même pour les envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués en novembre 2013, à Kidal. Un motif de satisfaction tout de même avec la libération du journaliste Issiaka Tamboura en février dernier après deux mois passés en captivité. A cause de la crise sécuritaire qui continue à sévir dans certaines localités du Nord et du centre du pays, les journalistes accèdent difficilement à ces endroits. En 2018, les journalistes maliens ont été également l’objet de plusieurs interpellations en justice, comme ce fut le cas des directeurs de publication, du journal Le Pays, du Figaro Mali, de Azalaï Express, Mali Horizon entre autres.