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Rupture Soumi-Tiébilé: c’était prévisible
Publié le mercredi 8 mai 2019  |  Info Matin
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© aBamako.com par Momo
Lancement de la campagne du Candidat Soumaila Cisse
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Les vrais amis, dit Mg Bougaud, sont ceux qui mêlent leur confiance réciproque, leurs pensées et leurs rêves, leurs vertus comme leurs bonheurs et leurs souffrances, libres de se séparer toujours et ne se séparant jamais.” Soumi et Tiébilé en étaient-ils ? En politique, il n’y a que des alliés au service de l’ambition et des intérêts.

Au nom de leurs intérêts réciproques, le chef de file de l’Opposition et celui qui a été son Directeur de campagne ont désormais décidé d’emprunter chacun le chemin de son intérêt. Comme le dit le proverbe, « il n’est de si bonne compagnie qui ne se sépare ». Avec son entrée dans le gouvernement, Tiébilé est désormais de la majorité tandis que Soumi a préféré poursuivre dans l’Opposition. Cette éventualité était-il envisageable il y a un an ? Info-Matin avait fait la prévision dans une de ses parutions en juillet 2018 dans l’article intitulé «SOUMI-TIÉBILÉ : ÇA VA FINIRA MAL».

“Les vrais amis, dit Mg Bougaud, sont ceux qui mêlent leur confiance réciproque, leurs pensées et leurs rêves, leurs vertus comme leurs bonheurs et leurs souffrances, libres de se séparer toujours et ne se séparant jamais.” Soumi et Tiébilé en étaient-ils ? En politique, il n’y a que des alliés au service de l’ambition et des intérêts.

Au nom de leurs intérêts réciproques, le chef de file de l’Opposition et celui qui a été son Directeur de campagne ont désormais décidé d’emprunter chacun le chemin de son intérêt. Comme le dit le proverbe, « il n’est de si bonne compagnie qui ne se sépare ». Avec son entrée dans le gouvernement, Tiébilé est désormais de la majorité tandis que Soumi a préféré poursuivre dans l’Opposition. Cette éventualité était-il envisageable il y a un an ? Info-Matin avait fait la prévision dans une de ses parutions en juillet 2018 dans l’article intitulé «SOUMI-TIÉBILÉ : ÇA VA FINIRA MAL».

Pour conduire sa compagne présidentielle, le candidat SoumaÏla Cissé s’est offert les services du plus hargneux des adversaires du président IBK : Tiébilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), lequel qui a été le premier des leaders d’opposition à plaider pour une candidature unique de l’Opposition. Alliance donc de logique ou manœuvre opportuniste pour les besoins de la circonstance ?

L’opinion de l’ancien Premier ministre Moussa Mara est tranchée : Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé, qui « ne représentent pas le changement auquel » aspirent les Maliens, n’ont d’autre stratégie que celle « qui consiste uniquement à avoir le président en ligne de mire ». Ce sont « des agités qui prônent les manifestations de rue », dont le discours se résume « par « ôte-toi de là que je m’y mette », mais ce qu’ils vont y faire, ils ne le disent à personne. Ils n’ont pas d’autre projet que de remplacer IBK ». Mara a-t-il tort ?

Rien en effet, dans le parcours, l’idéologie et les positions sur les grandes questions de la nation n’unit Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé. A part, bien évidemment, leur volonté commune « de remplacer IBK ».

Parcours et idéologies politiques

La trajectoire des deux hommes ne s’est croisée que sous Alpha en 1995, lorsque l’un (Soumaïla Cissé), dans le gouvernement de la majorité en tant que ministre des Finances, devrait aider l’autre (Tiébilé Dramé) qui était dans l’opposition à créer un parti de gestion gouvernementale. Mais avant ils n’ont rien partagé ni dans le mouvement estudiantin ni dans la clandestinité. Par-dessus tout, Soumaïla Cissé et Tiébilé ne partagent rien sur le plan de l’idéologie politique.

1- Soumaïla Cissé

Fils d’un enseignant sorti de William-Ponty, Soumaïla Cissé mène une scolarité brillante et se distingue très tôt dans les sciences. Après son diplôme universitaire d’études scientifiques de l’Université de Dakar en 1972, il s’inscrit à l’Université de Montpellier où il obtient, quatre ans plus tard, sa maîtrise en Méthode informatiques appliquées à la gestion (MIAGE). En 1977, il est ingénieur en informatique et en gestion et major de sa promotion de l’Institut des Sciences Informatiques de Montpellier. Sa carrière universitaire est couronnée au troisième cycle par un certificat d’aptitude d’administration des entreprises obtenu en 1981 à l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

Les chasseurs de têtes l’ont déjà repéré et le font entrer successivement chez IBM-France, au Groupe Pechiney-France et au Groupe Thomson-France, avant de finir sa carrière française comme analyste et chef de projet informatique chez AIR INTER-France en 1984. De son expérience de gestion de sociétés françaises, Soumaïla Cissé acquiert la conviction que le développement de l’Afrique repose sur des élites décomplexées qui utilisent les méthodes universelles de gestion des organisations en les adaptant dans un contexte africain où les valeurs socioculturelles sont placées au-dessus des critères de profitabilité et d’efficacité. Conséquent avec lui-même, il fait le pari de retourner travailler au Mali, montrer, par l’exemple, que les fils du continent sont suffisamment outillés pour relever les défis du développement. Il est aussitôt embauché (1984) par la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) où il travaille jusqu’à la chute de Moussa Traoré.

Enrôlé par le Clan-CMDT, Soumaïla Cissé est signataire de la « Lettre ouverte du 7 août 1990 » demandant le pluralisme politique. Membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ), il est nommé après la victoire d’Alpha en 1992 secrétaire général de la présidence de la République, ministre des Finances en 1993, ministre des Finances et du Commerce en 1994, de nouveau ministre des Finances en 1997 et ministre de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme en 2000.

Après la victoire du Clan-CMDT, rebaptisé pour la circonstance, clan des rénovateurs sur IBK, et le départ de la Ruche de ce dernier en Octobre 2000, Soumaïla Cissé est élu, en novembre 2000, 3e vice-président de l’Adema à l’occasion d’un congrès extraordinaire.

En janvier 2002, il démissionne du gouvernement pour se consacrer à la préparation de l’élection présidentielle. Le 28 avril 2002, Soumaïla est choisi au terme des primaires pour défendre les couleurs de l’Adema à l’élection présidentielle. Il est en effet investi par l’ADEMA/PASJ comme candidat pour la succession d’Alpha Oumar Konaré. Il est battu par le Général ATT au second tour. Dénonçant la trahison de son parti, qui a œuvré à son échec, Soumaïla Cissé démissionne de l’ADEMA/PASJ pour fonder le 1er juin 2003 l’Union pour la république et la démocratie (URD)…, parti membre de l’Internationale libérale (une fédération mondiale des partis politiques libéraux et radicaux (sociaux-libéraux) du monde entier, fondée en 1947).

2-Tiébilé Dramé

Leader estudiantin de première heure, le parcours politique de Tiébilé Dramé est un best-seller d’engagement et de combat frontal qui commence dans les geôles de la dictature militaire de triste réputation de Kidal, Bougheïssa, Talataye et Ménaka où, en tant que secrétaire général de l’UNEEM, il purge trois ans de prison ferme pour « opposition à autorité légitime ». Exfiltré par Amnesty International, après l’assassinat de Cabral, il atterrit à Paris le 10 juin 1981 avec le statut de prisonnier d’opinion, un mois après la victoire de François Mitterrand.

En sureté au bord de Seine, le Sahélien se forme et milite activement dans les milieux de l’immigration malienne et dans la diaspora afro-antillaise… Un temps directeur de la radio Diaspora 2000 devenue Tropic FM, aux côtés d’autres camarades, Tiébilé Dramé mène le combat pour l’avènement de la démocratie et du multipartisme au Mali à travers le groupe politique clandestin Union de lutte Tiémoko Garan Kouyaté (ULTGK).

Recruté en 1988 comme chercheur en charge de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Niger, Mauritanie, Sénégal) pour le compte de Amnesty international, Tiébilé Dramé n’est pas aux premières loges du front lorsque les partis clandestins font jonction, devoir de réserve impose. Mais pour n’avoir pas déserté du combat, après la chute de Moussa Traoré, de Londres où il officie dans la défense des droits de l’homme, il est rappelé et nommé, en 1991, ministre des Affaires étrangères de la Transition en charge des Maliens de l’extérieur.

Sous Alpha, il occupera ensuite, de 1996 à 1997, les fonctions de ministre des zones arides et semi-arides)…

Membre fondateur du Comité national d’initiative démocratique (CNID-FYT), Tiébilé Dramé prend ses distances avec Me Mountaga Tall en 1995 pour créer le Parti de la renaissance nationale (Parena). Parti d’obédience socialiste qui aspire à être membre de l’Internationale Socialiste. En tout cas c’est à ce titre que les jeunes de l’ADEMA, du RPM et du Parena ont accueilli, main dans la main à Bamako du 14 au 16 août 2008 l’Union internationale de la jeunesse socialiste qui est l’organisation politique la plus forte du monde.

Marché de dupes

Quid des grandes questions de la nation ?

Comme on le voit, si tout oppose Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé dans leur parcours et leur idéologie politiques, les deux alliés de circonstances ont des positions diamétralement opposées sur des questions essentielles comme la lutte contre le terrorisme.

Contrairement à Tiébilé, qui estime que « Le Mali est devenu un pays exportateur d’instabilité, ce n’est pas tenable », Soumaïla Cissé, lui, se garde de vilipender son pays préférant accuser le président IBK : « Depuis que le Président est là, la situation s’est empirée. Quand les Français sont intervenus, la situation s’est améliorée. On pouvait aller à Tombouctou et Gao sans problème. Aujourd’hui, on ne peut pas. On ne peut faire aucune route sans être attaqué. Cela veut dire qu’au lieu que ça s’améliore, ça s’est complètement dégradé. Non seulement ça s’est dégradé au nord, mais aussi au centre qui n’était pas du tout concerné. Il y a des bagarres intercommunautaires : Peulhs contre Dogons, Peulhs contre Bambaras. On a des situations comme ça qui sont là, existent et s’empirent. Donc, la situation s’est dégradée de façon continue depuis que IBK est au pouvoir. Ça, c’est une réalité qu’on ne peut pas nier. Donc du coup, l’Administration est absente dans le nord et le centre. »

Quelle solution préconise-t-ils ?

Pour Tiébilé Dramé, la négociation avec les terroristes est « une piste légitime et envisageable » : « Disons les choses comme elles sont : l’armée malienne s’est effondrée en 2012. Elle a besoin de répit pour se reconstruire. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut y arriver, malgré les milliards de francs CFA déversés dans la formation et l’équipement de nos soldats. Face au harcèlement permanent, il faut trouver une porte de sortie, y compris en prenant langue avec l’ennemi… Il ne sert à rien de nous cacher derrière notre petit doigt, regardons plutôt la vérité en face. Nous avons aujourd’hui des Coulibaly, des Mamadou, des Tounkara, des Konaté dans les groupes djihadistes : ce sont nos frères maliens. Nous devons parler avec eux… Des chefs djihadistes comme Mokhtar Belmokhtar, Abou Zeid ou Abderrazak El Para n’avaient pas vocation à se retrouver au Mali. Ils s’y sont installés à l’époque par la faute des dirigeants de notre pays. En revanche, Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et les autres sont nos frères. C’est avec eux que nous devons discuter dans le cadre des assises nationales qui aborderont tous les problèmes du Mali. »

Soumaïla Cissé partage-t-il la thèse de son Directeur de campagne qui jusqu’ici ne s’est pas repenti sur le sujet ?

Interrogé par notre confrère Jeune Afrique, s’il était « favorable au dialogue avec les djihadistes maliens, à commencer par Iyad Ag Ghaly », la réponse du Chef de file de l’Opposition est aucune nuance : c’est non ! En effet, répond-t-il « qu’y a-t-il à discuter avec lui ? Iyad Ag Ghaly et ses hommes sont allés trop loin dans la radicalisation. Il faut leur faire face de façon déterminée ». Autrement dit, il faut les combattre.

Il ne s’agit pas là de divergence mineure. Mais un choix sans équivoque qui déterminera l’avenir d’un Mali démocratique, laïque et indivisible. Dès lors la question se pose : comment les deux hommes vont-ils gérer cette divergence frontale si Soumi devenait président ? La rupture ? À moins que l’un ne se renie, pardon fasse une dérobade pour se ranger sur l’autre pour le partage du gâteau conquis à coup de reniement. Ce qui est peu probable pour ce qui est de Soumi. Il faudrait donc envisager que Tiébilé Dramé, habitué au retournement de veste, se retourne demain contre Soumaïla Cissé après 2018, comme il l’a fait avec IBK après 2007.

Comme le disent les Ton-Djon : Diè ko Nyuman, fara ko Djougou.

Attendons voir.

Foin de se réjouir d’avoir prévu et d’avoir eu raison, mais simplement acté avec nos lecteurs que la politique est aussi une question de logique. Rien en effet, dans le parcours, l’idéologie et les positions sur les grandes questions de la nation n’unissait Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé. A part, bien évidemment, leur volonté commune « de remplacer IBK », d’arriver au pouvoir par le chantage verbal et l’instrumentalisation de la rue.

Divergences

frontales

Comme on le voit, si tout oppose Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé dans le parcours et l’idéologie politique, les deux alliés de circonstances ont aussi des positions diamétralement opposées sur des questions essentielles de la nation comme la lutte contre le terrorisme.

Contrairement à Tiébilé, qui estime que « Le Mali est devenu un pays exportateur d’instabilité (et que) ce n’est pas tenable », Soumaïla Cissé, lui, se garde de vilipender son pays. Soumi Comme, on l’appelle est plus subtile. Il préfère cibler et cribler son grand-frère d’adversaire, le président IBK : « depuis que le Président est là, la situation s’est empirée. Quand les Français sont intervenus, la situation s’est améliorée. On pouvait aller à Tombouctou et Gao sans problème. Aujourd’hui, on ne peut pas. On ne peut faire aucune route sans être attaqué. Cela veut dire qu’au lieu que ça s’améliore, ça s’est complètement dégradé. Non seulement, ça s’est dégradé au nord, mais aussi au centre qui n’était pas du tout concerné. Il y a des bagarres intercommunautaires : Peulhs contre Dogons, Peulhs contre Bambaras. On a des situations comme ça qui sont là, existent et s’empirent. Donc, la situation s’est dégradée de façon continue depuis que IBK est au pouvoir. Ça, c’est une réalité qu’on ne peut pas nier. Donc du coup, l’Administration est absente dans le nord et le centre. »

Quelle solution préconise-t-ils ?

Pour Tiébilé Dramé, la négociation avec les terroristes est « une piste légitime et envisageable » : « Disons les choses comme elles sont : l’armée malienne s’est effondrée en 2012. Elle a besoin de répit pour se reconstruire. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut y arriver, malgré les milliards de francs CFA déversés dans la formation et l’équipement de nos soldats. Face au harcèlement permanent, il faut trouver une porte de sortie, y compris en prenant langue avec l’ennemi… Il ne sert à rien de nous cacher derrière notre petit doigt, regardons plutôt la vérité en face. Nous avons aujourd’hui des Coulibaly, des Mamadou, des Tounkara, des Konaté dans les groupes djihadistes : ce sont nos frères maliens. Nous devons parler avec eux… Des chefs djihadistes comme Mokhtar Belmokhtar, Abou Zeid ou Abderrazak El Para n’avaient pas vocation à se retrouver au Mali. Ils s’y sont installés à l’époque par la faute des dirigeants de notre pays. En revanche, Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et les autres sont nos frères. C’est avec eux que nous devons discuter dans le cadre des assises nationales qui aborderont tous les problèmes du Mali. »

Soumaïla Cissé partage-t-il la thèse de son Directeur de campagne qui jusqu’ici ne s’est pas repenti sur le sujet ?

Quid de Soumi ?

Interrogé par notre confrère Jeune Afrique, s’il était « favorable au dialogue avec les djihadistes maliens, à commencer par Iyad Ag Ghaly », la réponse du Chef de file de l’Opposition est aucune nuance : c’est non, un non catégorique comme celui du président IBK : « qu’y a-t-il à discuter avec lui ? Iyad Ag Ghaly et ses hommes sont allés trop loin dans la radicalisation. Il faut leur faire face de façon déterminée ». Autrement dit, il faut les combattre.

Il ne s’agit pas là de divergence mineure. Mais un choix stratégique qui déterminera l’avenir d’un Mali démocratique, laïque et indivisible.

Dès lors, la question se posait, avions-nous écrit en juin 2018 : comment les deux hommes vont-ils gérer cette divergence frontale si Soumi devenait président ? Par un compromis alimentaire aux allures de compromission ou par une rupture qui ne manquera pas d’être saignante ?

À moins que l’un ne se renie, pardon fasse une dérobade pour se ranger sur la position de l’autre pour le partage du gâteau conquis à coup de reniement, il est difficile de prévoir une stabilité dans l’idylle pardon le deal entre Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé. Ce qui est peu probable pour ce qui est de Soumi, un homme connu pour ses positions très tranchées et son orgueil qui frise parfois l’intolérance. Il faudrait donc envisager, avions-nous prévu, que Tiébilé Dramé, habitué au retournement de veste, se retourne demain contre Soumaïla Cissé après 2018, comme il l’a fait avec IBK après 2007.

Comment avec autant de divergences, Tiébilé et Soumi ont-ils pu pactiser ? Comme le dirait Ace Goodam, « la politique fait d’étranges compagnons de lit ». Maliannisé, disons comme les Ton-Djon : « Diè ko Nyuman, fara ko Djougou ».

Alliance

de circonstance

La trajectoire des deux hommes ne s’est croisée que sous Alpha en 1995, lorsque l’un (Soumaïla Cissé), dans le gouvernement de la majorité en tant que ministre des Finances devrait aider l’autre (Tiébilé Dramé) qui était dans l’opposition à créer un « parti de gestion gouvernementale ».

En totales divergences quant à l’ancrage de leur parti dans l’opposition, le Groupe des dix, pardon les dirigeants dissidents du Congrès national d’initiative démocratique (CNID, opposition), après avoir intenté et perdu un procès contre le principal dirigeant du CNID, Me Mountaga Tall, estimant que ce dernier était un « féodal » et qu’ils étaient les responsables “légitimes” du Parti du soleil levant, se sont résolu à créer leur parti : “Parti pour la renaissance nationale”. Le congrès constitutif du parti s’est déroulé les samedi et dimanche 16-17 septembre 1995.

-Sous Alpha

Le PARENA (N° 593/MATS-DNAT du 13 octobre 1995), qui est devenu le 57ème parti politique au Mali, est présidé par le Pr Yoro Diakité, 51 ans, ancien ministre dans le gouvernement de Me Abdoulaye Sékou Sow. Il compte dans ses rangs d’anciens ministres de la période de transition de 1991 à 1992 : Konimba Sidibé, et Tiéblé Dramé, ancien ministre des Affaires étrangères de la transition.

Selon les légendes urbaines, « le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) a vu le jour en septembre 1995 sous la bénédiction financière de certains barons de l’ADEMA (IBK) pour déstabiliser maitre Mountaga Tall et son CNID. Pour cela la somme de 60 millions de FCFA a été débloquée et remise au Pr Aly Nouhoum Diallo pour le Pr Yoro Diakité pour toute fin utile. Nous étions en début septembre 1995 » (L’Inter de Bamako du 11 août 2014).

En tout cas, 4 mois après sa création, le parti qui s’était proclamé opposition lors de son congrès signe le 13 février 1996 une plate-forme d’alliance politique avec l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj, parti au pouvoir). Un parti au pouvoir présidé par Ibrahim Boubacar Keïta, Président et Premier ministre avec un certain Soumaïla Cissé comme ministre de l’Économie et des finances.

C’est donc sans grande surprise qu’en juillet 1996, le Parena fait son entrée au gouvernement avec la nomination de son président Yoro Diakité nommé ministre d’État à l’Intégration africaine et de Tiébilé Dramé, ministre des zones arides et semi-arides.

Allié stratégique du parti de l’Abeille solitaire, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) prend part à la création de la Convergence nationale pour la démocratie et le progrès (CNDP), créée le 26 octobre 1996 autour du parti présidentiel l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj). Sont membres outre le Parti pour la renaissance nationale (PARENA), l’Alliance pour la démocratie économique et sociale (ADES), la Convention sociale-démocrate (CDS), le Mouvement des citoyens- Cercle des démocrates républicains (MC-CDR), le Rassemblement malien pour le travail (RAMAT) et le Parti démocratique pour la justice (PDJ).

Suite à la crise politico-électorale 1997, l’Opposition (COPPO) boycotte les élections présidentielles et législatives.

Seuls, cinq partis de l’opposition « modérée » (en vérité créée par le pouvoir) et les alliés alimentaires prennent part à la compétition, pardon font le lièvre pour l’ADEMA qui s’en sort avec 128 élus. Le Parena, le meilleur de la meute obtient 8 députés.

Parti de gestion gouvernementale, le Parena reste y jusqu’à la formation le 21 février 2000 du gouvernement Mandé Sidibé. Mais les béliers blancs choisissent de rester dans la majorité. Donc, jusqu’ici Tiébilé souffle dans la même trompette politique avec Soumaïla devenu le super-ministre de l’Équipement, des transports, des infrastructures… un peu comme Karim Wade au Sénégal.

Sous ATT

En 2002, le président Konaré doit passer le relai. Tiébilé Dramé, président du Parena après le départ du Pr Yéro Diakité est candidat tout comme Soumaïla Cissé investi par l’Adéma après une primaire houleuse. Tandis que Soumi est qualifié pour le second tour, Tiébilé Dramé n’obtient 4,02 % des voix en classant quatrième position juste après IBK.

A sa décharge comme les autres, il soutient ATT au second tour contre Soumaïla Cissé. Mais rallie très vite IBK lors des législatives avant de refuser d’intégrer l’Inter-groupe parlementaire Espoir 2002 et disparaître avec ses députés. Aux élections communales du 30 mai 2004, le Parena arrive en quatrième position avec environ 700 conseillers.

Alors que le Parti pour la renaissance nationale (Parena) soutient le président ATT tout comme le parti Soumi, l’URD, au cours de son premier mandat (2002-2007), le Bélier blanc décide brusquement de se positionner dans l’opposition à partir de 2007. Président de la Commission de l’UEMOA, Soumi, lui ne peut se présenter, disons renonce à se présenter face au rouleau compresseur du Général dans sa quête pour un second mandat.

Investi candidat à l’élection présidentielle le 18 février 2007 par Parena Tiébilé Dramé revient encore vers IBK et créent ensemble avec Soumeylou Boubèye Maïga, à couteaux tirés avec les abeilles, le Front pour la démocratie et la République (FDR) le 25 février 2007 dans à “Blomba” sis en commune VI du District de Bamako.

Pour cette présidence à une seule mi-temps, tandis que Tiébilé Dramé est en lice, Soumaïla Cissé s’aligne fièrement derrière le Général ATT, et arbore gaillardement les T-shirts à son effigie et avec les slogans du Takokelen. Le FDR ne survivra pas au Takokelen : IBK perd la majorité à l’Assemblée, Boubèye tente un retour infructueux dans la Ruche… Quid de Tiébilé ?

Retour à la source idéologique. Tiébilé rejoint ses camarades clandestins de l’ULTGK qui ont créé le parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance). Ensemble, ils forment un groupe parlementaire qui jouera plus tard l’opposition parlementaire sein de l’Hémicycle, contrairement au groupe parlementaire de l’URD. Par exemple, lors d’une conférence de presse organisée le 28 février 2009, les deux partis expriment leur opposition aux projets de loi relatifs à la privatisation de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), les biotechnologies (et notamment l’autorisation des organismes génétiquement modifiés -OGM) et au budget d’État 2009.

Animant cette opposition, contrairement à Soumaïla Cissé, le Parena s’oppose avec force aux réformes initiées par ATT en 2010-2011. Il donne de la voix lorsque la crise éclate tandis que Soumaïla Cissé se prépare pour les élections.

Front anti-IBK

Négociateur de l’Accord de Ouaga, Tiébilé s’oppose à le tenue de la présidentielle, dénonce le forcing et le dikctat de la France, la planification d’une intronisation d’un candidat soutenu par la France, les putschistes et les religieux. En désespoir de cause, il choisira finalement de s’aligner derrière Soumaïla Cissé.

Explication de vote

Pour Tiébilé Dramé, les enjeux de cette présidentielle 2013, c’est : faire la paix au Nord, réconcilier les communautés et la Nation, renforcer la cohésion nationale, refaire une armée nationale, républicaine réhabilitée et dont les membres et leurs familles vivent dans des conditions indécentes, reconstruire le pays et redémarrer l’économie pour créer la richesse et des emplois, doter le pays d’un système d’éducation et de formation sans lequel il n’y a tout simplement pas d’avenir, poser les jalons du renouveau démocratique en engageant les indispensables réformes institutionnelles, doter le Mali d’un État fort, d’institutions fortes et crédibles.

« Tout en ayant un égal respect pour les 27 patriotes qui ont concouru le 28 juillet et dont nul ne saurait mettre en doute l’attachement au pays, au Parena, nous pensons très sincèrement qu’au vu des données du 2e tour, Soumaïla Cissé est celui qui est à même de relever les défis auxquels le pays sera confronté au lendemain de l’élection présidentielle. Par conséquent, nous lançons un vibrant appel aux Maliens de l’intérieur, aux Maliens de l’extérieur, aux Maliens réfugiés dans les pays voisins. Afin qu’ils votent massivement pour Soumaïla Cissé, le 11 août. Très honnêtement, du fond du cœur, nous estimons que le pays a besoin d’un leadership moderne éclairé, compétent, travailleur pour relever les défis du moment, pour faire la paix et pour la reconstruction. C’est Soumaïla Cissé qui incarne, à nos yeux, ce leadership », a conclu Tiébilé Dramé.

Depuis, il y a eu comme une sorte d’entente secrète entre les deux hommes contre le président IBK et son régime. Comme s’ils se répartissaient les rôles, de manière rotative durant tout le premier mandat du président IBK, ils ont tiré à boulets rouges sur lui, sa famille et son régime.

L’épisode de la révision constitutionnelle ajournée de juillet-aout 2017 rapproche davantage les deux hommes dans le cadre du Mouvement An Tè A Bana. Avec sa cagnotte à 500 briques du Chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé a pris une option sérieuse, sinon l’ascendance pour le leadership du groupe. Sachant bien ses limites, tirant les leçons de 2007, ou en mission commandée, Tiébilé Dramé plaide pour une candidature unique face à IBK pour la présidentielle de 2018. Il prêche dans le désert. 2e conseil national extraordinaire, tenu au Palais de la culture les 25 au 26 mai 2018. Lors du 2ème conseil national extraordinaire du Parena tenu au Palais de la culture les 25 au 26 mai 2018, Tiébilé jette l’éponge. Il ne sera pas dans la course. Il est immédiatement enrôlé par Soumaïla Cissé qui l’adoube comme Directeur de sa campagne pour la présidentielle du 29 juillet.

Pour conduire sa compagne présidentielle, le candidat SoumaÏla Cissé s’est offert les services du plus teigneux, du hargneux et du haineux des adversaires du président IBK : Tiébilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), lequel qui a été le premier des leaders d’opposition à plaider pour une candidature unique de l’Opposition. Alliance électorale de logique ou manœuvre opportuniste pour tirer les marrons du feu ?

L’opinion de l’ancien Premier ministre Moussa Mara est tranchée : Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé, qui « ne représentent pas le changement auquel » auquel aspirent les Maliens, n’ont d’autre stratégie que celle « qui consiste uniquement à avoir le président en ligne de mire ».

Ce sont « des agités qui prônent les manifestations de rue » dont le discours se résume « par « ôte-toi de là que je m’y mette », mais ce qu’ils vont y faire, ils ne le disent à personne. Ils n’ont pas d’autre projet que de remplacer IBK ». Mara a-t-il tort ?

Et maintenant ?

Soumaïla n’a pas eu ce qu’il voulait, idem pour Tiébilé Dramé. La rupture ne rentre que dans l’ordre logique de la chose politique.

L’idylle ne pouvait être rien d’autre qu’un pacte alimentaire secret, à travers lequel Tiébilé Dramé s’engageait à « s’occuper d’IBK » en l’insultant quotidiennement et en le trainant dans la boue pour le faire honnir des Maliens et pour baliser la voie de Koulouba à Soumi. Ce dernier, prenant ses aises sur leurs hauteurs de Bamako, pourvoira à tous les appétits, alimentaires et pouvoiristes, du Bélier en Chef.

Pour la mise en œuvre du pacte, de mai 2018 à mai 2019, tout y est passé : mensonges, menaces, chantage, agitation verbale (pour ne pas dire l’injure) et l’activisme anti-républicain, la subversion, l’apologie de l’émeute et du putsch…

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