Le concept n’a pas été inventé par le quartier Badialan de Bamako, encore moins à Wassoulou. Et, Modibo Sidibé, président du parti Fare, n’aura pas son droit d’auteur. Mais, il est, à ne pas en douter, son promoteur. Il s’agit du concept «Forobaboro, ou Dialogue national refondateur», qui s’est invité dans sa campagne électorale en 2108. Depuis, il s’attèle à cela et est en passe de gagner son pari.
Convaincu que le Mali est en urgence et fondé sur le fait que la crise au Mali trouvera sa solution dans l’union sacrée des Maliens et que, pour cela, les Maliens doivent se parler, discuter et s’écouter, Modibo Sidibé cultive à souhait le «Forobaboro, le dialogue national refondateur».
À son actif, un forum de haut niveau en ce mois d’avril 2019 avec d’autres acteurs sur le sujet, avec comme acquis, l’accord de tous sur sa tenue. Une nécessité qui est même un préalable à toute réforme au Mali, croit savoir Mme Sy Kadiatou Sow de l’Adema Association. Il est peut-être trop tôt de le dire, mais le président IBK ferait mieux de l’intégrer dans son agenda au chapitre premier, afin de ne pas réveiller Salama. Cela ne se fait pas !
Il n’a cessé de le dire, Wassoulou Mogoba, Modibo Sidibé, c’est de lui qu’il s’agit, depuis 2012, et à qui veut l’entendre que notre pays vit la crise la plus grave, la plus profonde et la plus dangereuse de son histoire contemporaine. Une constellation de crises : situation sécuritaire, politique et économique, surchauffe du front social, conflits fratricides, dégradation continue des conditions de vie des populations, perte de confiance des citoyens à l’égard des institutions de la République et de la classe politique, trafics criminels en tout genre, risque de partition du Mali et d’effondrement de l’Etat.
On ajoute volontiers que, de nos jours, la cohésion sociale est mise à rude épreuve. Pendant que d’autres conseillent de cesser avec le décompte des morts. Pour lui, les récents évènements de Dioura, Ogossagou et Guiré, emblématiques de l’inefficacité de l’Etat, viennent de confirmer dramatiquement la détérioration continue et inadmissible de la situation au centre du pays. Déplacés par ici, grogne sur le front social par là. Oui, au Mali, de nos jours, le contexte social reste fragile.
La question sécuritaire s’est déplacée au centre pendant qu’au sud l’intolérance, la méfiance et le déficit d’écoute demeurent. En effet, le tableau est sombre, l’horizon moins dégagé ; ce qui fera dire à Modibo Sidibé ceci : «Aujourd’hui, tous les voyants du pays sont passés au rouge vif. Il y a urgence que notre peuple puisse se réunir dans la sérénité, pour parler et se parler, en toute responsabilité, de la base au sommet : gouvernants, partis politiques, organisations de la société civile, citoyens maliens de l’intérieur du pays comme de la diaspora, ayons une conscience claire de l’urgence à mettre en œuvre les décisions courageuses et patriotiques devant permettre aux Maliens de conjuguer ensemble leurs intelligences et leurs efforts pour sortir le pays de la trappe dans laquelle il est tombé».
De sa tournée dans le Mali profond en 2012, il aura forgé une conviction, celle relative à l’art social de vivre ensemble et en harmonie. À l’écoute des sentences et autres paraboles des sages du Mali profond, Modibo Sidibé a compris que, dans quel contexte que ce soit, le Mali a su puiser dans ses valeurs ancestrales pour recoudre le tissu social et retrouver l’entente et la fraternité séculaires très caractéristiques de sa culture.
Une culture qui incarne des vertus de droit, de devoir, de tolérance, de la confiance réciproque, l’acceptation de l’autre dans sa différence, la culture du sens de la responsabilité, le respect du bien collectif. Si pour lui donc, la réconciliation nationale constitue une responsabilité malienne vis-à-vis de la patrie, la cohésion sociale, un engagement de chaque Malien, autant s’asseoir entre Maliens, pour se parler et discuter pour sortir le Mali de cette crise. Si tant est que, comme on lui a dit à Ségou lors de son passage durant sa tournée que «Si ka fo gné damou : s’asseoir et discuter procurent du bien-être». Du bien-être, le Malien en a vraiment besoin de nos jours. Ce qui passe par l’union sacrée des Maliens autour du Mali.
C’est à cet effet, qu’au sortir de l’élection présidentielle de 2018, il engagea des rencontres avec les partis politiques de la majorité comme de l’opposition, les organisations de la société civile, les confessions religieuses, des hauts responsables de nos institutions et des personnalités indépendantes, pour partager avec eux la vision du processus de sortie de crise de notre pays que le parti a élaborée. Il tient alors son projet de dialogue national refondateur, mis en œuvre par le concept «Foroba baro».
Ainsi, face à l’inconnue et pour Modibo Sidibé, le Dialogue national refondateur portera sur l’ensemble des sujets d’intérêt national, la priorité étant donnée aux réformes politiques, institutionnelles et sécuritaires. Il donnera par la même occasion à l’Accord issu du processus d’Alger un souffle politique nouveau et partagé. Un projet partagé par tous ces acteurs qui ont participé à cette rencontre de haut niveau organisée par le parti Fare, en ce mois d’avril 2019.
En conclusion de ce forum, il dira ceci : «Certes le président de la République dans sa dernière adresse à la nation a déclaré le dialogue national incontournable, mais déjà les indications données, le fait de placer la question de la révision constitutionnelle au niveau d’une concertation nationale montrent bien que nous devons ensemble cerner ce que ne doit pas être le dialogue national. Nous nous sommes enrichis de nos volontés communes de redresser notre pays. Le Mali est en situation d’urgence nationale. Il est temps d’agir et de s’attaquer au Mali en crise. Notre rencontre d’aujourd’hui est une étape importante dans la construction d’un agenda de sortie de crise solide et durable. Merci pour ce que nous sommes en train d’entreprendre pour notre pays».
Et, pour Mme Sy Kadiatou Sow de l’Adema Association, ce dialogue national refondateur est une nécessité préalable à toute réforme au Mali. Toute chose que le président IBK doit fortement intégrée dans son agenda. Mme Sy Kadiatou Sow est reconnue pour son combat pour le Mali et est saluée pour ses victoires dans ce cadre.
Il est alors peut-être trop tôt de le dire, mais le président IBK ferait mieux d’être le premier à prendre sa place dans ce train de «Forobaboro», afin de ne pas réveiller Salama. Cela ne se fait pas ! Il ne se dessine alors que le Mali en urgence : Forobaboro : Diakosa, Wa abi kè, Pian !