L’idée d’un moratoire sur les revendications des syndicats demandé par le pouvoir à la faveur de la signature de l’accord politique ne plait pas à tout le monde. Les enseignants qui se battent depuis plusieurs mois pour l’amélioration de leurs conditions de travail pourraient l’accepter à contrecœur après avoir souffert à cause des représailles infligées par le gouvernement précédent.
La tâche sera difficile au nouveau gouvernement qui hérite d’un problème difficile à résoudre à cause du fossé entre les enseignants et le précédent exécutif. Pourtant, la meilleure façon de réussir pour la nouvelle équipe est ce moratoire de 9 mois demandé par le pouvoir aux syndicats afin d’avoir le temps de préparer le terrain à de nouvelles négociations syndicales.
Ce serait une perte de temps selon certains enseignants qui craignent que leur cause ne soit oubliée ou sous-évaluée en acceptant de suspendre la grève. Trop de sacrifices ont été consentis par la corporation pour revenir à la case de départ, surtout que l’année scolaire normale tire vers sa fin. Beaucoup d’enseignants estiment que le pouvoir était sur le point de céder à la pression avant la chute de Soumeylou Boubèye Maïga, l’ancien Premier ministre.
C’est une question d’honneur pour les enseignants qui ont un compte à régler avec le nouveau Premier ministre Boubou Cissé. Dans l’opinion, ayant été ministre des Finances, Boubou passe pour un détracteur des enseignants pour avoir ordonné la suspension du salaire des grévistes pendant trois mois. Ce sera avec peine que les enseignants vont ainsi accepter le moratoire que certains d’entre eux décrivent ironiquement comme un «mouratoire» à cause de la perte de temps et d’énergie que représente une telle démarche pour eux.
Le plus dramatique est que l’année scolaire est presque fichue si bien que beaucoup d’observateurs parlent d’une année blanche inévitable. Comment sauver cette année est le principal défi que doit relever le nouveau gouvernement. Le pouvoir serait gêné de demander aux enseignants de sacrifier une partie de leurs vacances pour finir les programmes académiques. Or, ces programmes doivent être validés si le Mali tient à ce que les diplômes qu’il délivre soient reconnus sur le plan international.
En tout cas, le slogan favori d’IBK est l’excellence et la réhabilitation de l’enseignement au Mali. C’est pour cette raison que son moratoire est supposé donner à terme les moyens à l’Etat de résoudre les problèmes de l’éducation. Parmi les mesures envisagées, il y a l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Mais la tâche s’annonce difficile en raison de la complexité des défis de l’Etat malien
Dougoufana Kéita