Le ministère de la Défense et des Anciens Combattants bat le record de l’instabilité ministérielle avec 4 ministres en moins des trois dernières. Le dernier qui vient de quitter, le Pr. Tiémoko Sangaré, n’aura travaillé que pendant six petits mois avant de céder sa place à l’actuel détenteur du portefeuille, le général Ibrahim Dahirou Dembélé. Du coup, beaucoup s’interrogent si cet ancien camarade des putschistes de 2012 pourra sauver les meubles.
Sous la transition débutée par le fameux capitaine Amadou Aya Sanogo, qui est devenu plus tard général, Ibrahim Dahirou Dembélé était chef d’Etat-major général des armées. C’est à la même époque qu’il y a eu un chamboulement dans l’organigramme de l’armée ayant commencé par la mise en retrait d’officiers supérieurs fidèles à l’ancien président ATT.
C’est à la suite de ce désordre que la coalition de djihadistes et de combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a fait une percée fulgurante au cœur du pays. Tour à tour, ils ont rapidement pris villes et hameaux dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao et même partie de Mopti.
Les nouveaux maîtres du pays, la junte, était trop occupée à régler ses comptes avec les hommes politiques et l’argent des contribuables. Ils n’ont pas eu le temps et l’énergie nécessaire pour botter la horde d’envahisseurs djihadistes et leurs complices rebelles. C’est à savoir s’ils avaient un plan fiable pour le faire.
La junte a quitté le pouvoir et les autorités de la transition aussi après une année d’exercice difficile, mais la poussée djihadiste ne s’est pas arrêtée. Même l’intervention de l’armée française en janvier 2013 n’a pas apporté la stabilité escomptée par le Mali. La pauvre armée malienne s’est vue interdire la ville de Kidal où se sont repliés plusieurs combattants djihadistes se faisant passer pour des indépendantistes du MNLA.
L’élection d’IBK en 2013 va donner lieu à de nouveaux changements à la tête de la Défense avec l’arrivée de Soumeylou Boubèye Maïga comme ministre de la Défense et des Anciens combattants. La suite n’est pas fameuse: il y aura le scandale des équipements militaires surfacturés, il y aura également le remplacement des hommes de la bande à Amadou Aya Sanogo. D’ailleurs, le président s’était amusé à déclarer que Kati ne ferait plus peur à Bamako.
Rien ne permis de donner les résultats attendus de la Défense malienne, elle-même prise au piège des subtilités géostratégiques de l’heure. Ni les habitudes « pragmatiques » du vieux colonel Ba Daou, ni les passages de Tiéman Hubert Coulibaly, encore moins la rigueur d’Abdoulaye Idrissa Maïga ou le génie du Pr. Tiémoko Sangaré. La logique derrière la nomination de tous ces hommes comme ministres de la Défense était l’atteinte du résultat cherché. Où est-il ? En tout ce ne sont pas les familles des militaires Dioura ou d’Ogossagou qui pourront nous montrer ce résultat.