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Yeli Mady Konaté, d’un micro à l’autre : Allo Klédu, une émission de propositions
Publié le mercredi 13 juin 2012   |  Autre presse




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Inspiré des «Talk Show» qu’il écoutait souvent quant il faisait ses études aux Etats-Unis, Yéli Mady Konaté était passionné et très surpris de la liberté des animateurs qui avaient le droit d’exprimer leurs opinions sur les antennes et les confrontaient à celles des auditeurs. C’est pourquoi, quant il est revenu au Mali, il a ressenti ce vide. Il a remarqué que l’animateur donnait un thème et l’auditeur se contentait juste de donné son avis, fondé ou pas, puisqu’il n’avait pas à défendre son opinion.

Les gens ne comprennent pas trop le sens du débat dans notre pays. Quand il y a un désaccord, on confond débat et querelle personnelle. J’adore les débats, j’adore les confrontations d’idées, car c’est toujours autours des débats sincères que jaillit la vérité. C’est pour cette raison que l’émission Allo Klédu a été lancée, avec la crise que connaît notre pays, depuis le 22 mars 2012, avec Yeli Mady Konaté qui a eu audience auprès des auditeurs, qui sont selon l’artiste différent des fans de sa musique.

Cette émission, selon bon nombre d’auditeurs de Radio Klédu, représente réellement le pouls de la capitale. «Le fait que je n’impose aucun thème et que je laisse les auditeurs choisir leurs propres sujets, était mal compris au départ. Et le fait que j’exprimais mon opinion, n’arrangeait pas les choses. J’ai reçu beaucoup de critiques au début. Mais, au fur et à mesure, grâce à des auditeurs qui ont accepté de jouer le jeu, les gens ont commencé à comprendre», explique Yeli Mady Konaté. A noter que rôle de cette émission est de montrer, sans tabou, l’état d’esprit des auditeurs et donc, d’au moins une partie de la population. Elle a apporté une meilleure compréhension de ce qui se passe dans notre pays. «Quand on cause chaque jour avec différentes personnes, on en sort toujours avec plus de connaissances», poursuit Yéli Mady Konaté. Dans cette émission, il s’efforce toujours de pousser les auditeurs à défendre leurs idées. «Parfois, ils s’aperçoivent de leurs erreurs, parfois c’est moi qui suis dans l’erreur. Dans tous les cas, nous apprenons tous à débattre dans le respect. Je m’efforce de faire comprendre chaque jour que nous sommes tous frères et que nous ne sommes pas obligés d’être toujours d’accord sur tous les sujets. Il suffit de confronter les idées et de parvenir à une entente. C’est ce qu’on appelle un débat contradictoire», rappelle-t-il.

Avec la crise que connaît notre pays, Yeli s’est rendu compte qu’il était dangereux de diriger l’émission comme avant. Certains ont commencé à profiter de la popularité de « Allo Kledu » pour essayer d’influencer l’opinion. «La situation étant très tendue, alors j’ai essayé d’être le plus objectif possible sans donner mon avis sur la situation. Je ne voulais vraiment pas faire partie de ceux qui se servent de la radio pour des intérêts personnels. Le seul message que j’encourageais, c’était : la paix au nord, et l’apaisement au sud. Comme bon nombre d’animateurs et d’hommes de médias, je ne peux pas dire que j’ai eu des problèmes, comparativement à certains confrères qui ont même été interpellés. Néanmoins, j’avoue que j’avais une pression constante et pas mal de menaces. Mais, je remercie infiniment la Radio Kledu à travers mon chef de programmes qui m’a toujours soutenu dans mon émission. Ses proches sont toujours surpris du nombre d’activités qu’il mène. Il a encore beaucoup de projets en cours. J’ai toujours pensé que quand on a un minimum d’éducation dans un pays où la majorité de la population n’y a pas accès, on n’a pas le droit de se contenter de ce qu’on a. Il faut entreprendre, expérimenter et apprendre. Ce n’est pas un luxe, mais un devoir. Éduquons-nous dans la famille. Que nos aînés nous excusent, mais ils ont échoué dans ce sens. Education, éducation, éducation. Comprenons que nous ne savons rien. Nous avons besoin de tout revoir à la base et de nous remettre en question. Les derniers évènements prouvent à quel point l’ignorance peut devenir un danger dans un pays». a-t-il conclu.

Alima Touré

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